« Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ». Il est vrai que le péché implique la conscience de ce qu’on accomplit. Étant aveugle, on ne peut pas voir ce que l’on devrait faire et l’ignorance ne peut pas être condamnée : Il n’y a pas péché, à proprement parler.
Mais lorsque l’on voit et que l’on ne veut pas reconnaître la réalité dans sa vérité, alors le péché persiste et demeure.
C’est pourquoi Jésus conclut : « du moment que vous dites : "nous voyons ! votre péché demeure" ».
Telle est la rhétorique de ce 4ème dimanche de carême qui voit Jésus guérir l’aveugle de naissance. Et tout au
long du récit, Jésus va pourfendre les idées fausses, reçues et déformées. Il nous montre, en cette mi-carême, que bien souvent, là où l’homme pose et condamne le péché, il n’y a pas offense ou
du moins il y a toujours de la miséricorde à exercer et là où tout semble être entendu par le respect d’une loi mal appliquée, là est le péché.
L’aveugle de naissance est dès le départ, bien condamné par ses contemporains car puisqu’il est aveugle, c’est que lui ou
ses parents ont péché.
Répondant à ses disciples, Jésus dissocie la maladie du péché : il n’y a pas de conséquence directe. Bien souvent nous
faisons, malgré nous, une association désastreuse entre péché et malheur, entre péché et pécheur : ils seraient indubitablement liés et donc méritent condamnation. Mais comment permettre à une
personne de se relever si aucune issue de pardon n’est possible ? Si mon péché colle tellement à ma peau que l’on ne distingue plus ce que je suis mais seulement ce que j’ai fait, comment puis-je
redevenir moi-même et être libéré de mon péché ?
(à suivre)