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Publié par dominicanus

Au moment où saint Jean écrit son évangile, les premières persécutions faisaient déjà rage. Les Empereurs romains avait entrepris d’exécuter les chrétiens pour trahison, car ils refusaient d’adorer les dieux des Romains. Un des principaux thèmes dans les écrits de saint Jean, c’est la capacité de l’Eglise de grandir et de tenir bon dans les épreuves, même en temps de persécution.

 

 

 

 

Ceci ressort du passage de l’évangile que nous venons d’entendre, dans l’image du filet plein de poissons – une analogie de l’Eglise qui apparaît plus d’une fois dans les Evangiles. Les Apôtres se sentent totalement paumés en ces jours qui suivent la Résurrection avant de recevoir le Saint Esprit. Alors ils décident de partir à la pêche. Puis le Seigneur se manifeste à eux et leur fait cadeau d’une pêche miraculeuse, comme il l’avait déjà fait trois années auparavant. Au moment où Pierre tire le filet sur le rivage, saint Jean mentionne un détail curieux : le filet contient cent cinquante-trois gros poissons. Et malgré ce nombre, le filet qui est "plein à craquer" ne craque pas. C’est un miracle dans le miracle ! Normalement, autant de gros poissons auraient dû déchirer le filet, mais le filet a tenu.

 

Le filet, c’est l’Eglise. Il est rempli de croyants que le Christ rassemble dans l’océan du temps et de l’histoire par le ministère de Pierre et de ses successeurs, les papes. Et c’est Pierre qui tire cette communauté surnaturelle sur les rivages de l’éternité à la fin du temps, quand tous feront la fête avec le Seigneur.

 

Malgré les souffrances, les scandales et les péchés, en dépit des obstacles, des défis et des persécutions, l’Eglise de Jésus Christ continuera sa croissance, son expansion par le ministère de Pierre, et elle demeurera intacte jusqu’à l’heure où elle parviendra aux rivages du ciel. Le filet de Pierre ne se déchirera pas.

 

 

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Notre culture est tellement obnibulée par l’actualité et les manchettes des journaux, que nous perdons facilement de vue cette perspective. Quelques brefs rappels historiques pourront suffire pour rétablir la bonne perspective.

 

Le simple fait que l’Eglise a tenu bon depuis vingt siècles, en restant fidèle à la même doctrine, les mêmes formes de culte (les sept sacrements) et la même structure (les évêques, unis sous la direction du pape, au service des croyants) tient, hors conteste, de l’ordre du miracle. Et ce miracle apparaît d’autant plus merveilleux si l’on jette un rapide coup d’œil sur les obstacles et les adversaires qu’elle a surmontés.

 

L’Empire romain a essayé d’éradiquer la chrétienté pendant trois siècles. L’Empire s’est écroulé, l’Eglise a tenu bon.

 

Au Moyen Âge, l’Empire de l’Islam s’est étendu sur un territoire plus grand que celui de Rome et a conquis de nombreux territoires chrétiens. Il a envahi l’Europe et essayé d’exterminer l’Eglise. Cet Empire a périclité, mais l’Eglise a tenu bon.

 

Au 16e siècle, la plus grand partie de l’Europe du Nord s’est rebellée contre l’Eglise catholique. C’est ce qu’on a appelé la Réforme protestante. Dans certains pays, être catholique était passible de peine de mort. Pourtant, aujourd’hui, l’Eglise catholique demeure la plus importante communauté chrétienne, et même en Europe du Nord, l’Eglise catholique tient bon.

 

Au 17e siècle, un nouvel Empire islamique, celui des Turcs, essaie de nouveau d’écraser la civilisation chrétienne. Cet Empire a disparu, l’Eglise demeure.

 

Au 18e siècle, la Révolution française a essayé à son tour de faire disparaître l’Eglise en France, faisant des centaines, voire des milliers de martyrs. La tempête de la Révolution a passé, l’Eglise a tenu bon.

 

Au 19e siècle, voilà Napoléon qui part à la conquête du continent européen. Il usurpe la hiérarchie de l’Eglise, et emprisonne deux papes dans ses efforts de mettre la main sur l’Eglise catholique. Napoléon et son Empire ont passé, l’Eglise demeure.

 

Au 20e siècle, le communisme soviétique a essayé de faire table rase de l’Eglise catholique sur l’ensemble de son territoire, tout comme Hitler et le nazisme. Ces régimes se sont écroulés, l’Eglise demeure.

 

Aujourd’hui, la saga continue en Afrique, au Moyen Orient, en Chine, au Vietnam, à Cuba… En Occident ce sont les médias qui font tout ce qu’ils peuvent pour discréditer l’Eglise catholique. L’Eglise a tenu bon, et elle tiendra toujours bon, comme le Christ l’a promis. Pierre tirera le filet sur le rivage, plein de gros poissons, et le filet ne se déchirera pas.

 

***

 

Comment faire pour rester à l’intérieur de l’Eglise qui demeurera jusqu’à la fin ? Comment être sûr de ne jamais se perdre ? Le Christ a fait en sorte que le suivre, c’est suivre Pierre. C’est à Pierre et à ses successeurs, les papes, que le Christ a confié la tâche de paître le troupeau. Et pourtant, aujourd’hui encore, il y a dans le monde beaucoup de chrétiens qui veulent sincèrement suivre le Christ sans suivre Pierre. Il ne nous appartient pas de les juger, ces chrétiens qui ne sont pas catholiques. Mais nous savons une chose : c’est que la volonté du Christ était, et est toujours, que ceux qui croient en lui le suivent en suivant Pierre. Alors, pourquoi y a-t-il tant de chrétiens qui ne suivent pas Pierre ?

 

Une des raisons est qu’ils voient que beaucoup de chrétiens qui disent suivre Pierre ne vivent pas en vrais chrétiens. Et, malheureusement, c’est vrai : souvent nous faisons comme s’il suffisait d’avoir l’étiquette, d’avoir sa carte de membre. Mais si nous suivons Pierre, si nous nous appelons chrétiens catholiques, c’est parce que le Christ nous le demande ; c’est parce que le Christ a confié la responsabilité du troupeau à Pierre ; c’est parce que le Christ a rempli le filet de Pierre de poissons et que ce filet le s’est pas déchiré, et que c’est encore Pierre qui a tiré le filet sur le rivage.

 

Mais voilà qu'aujourd'hui Pierre semble se taire. Benoît XVI, lors de sa renonciation, s'est imposé le silence. Il ne parle plus, du moins en principe. Car contrairement à ce qu'il avait dit en renonçant au ministère - mais non à l'office - pétrinien, il a repris la parole à l'occasion de la crise des abus sexuels, en livrant son analyse, autrement plus profonde que celle qui est sorti de la réunion des évêques, mais dont ceux-ci n'ont tenu aucun compte. En ont-ils seulement eu connaissance? Sans entrer dans des considérations qui nous mèneraient trop loin, voici la lettre qu'écrit un prêtre italien à Benoît XVI pour lui manifester à la fois sa perplexité et sa gratitude. Je précise qu'il s'agit d'un prêtre suspendu a divinis !

 

 

MOI, PRÊTRE SUSPENDU A DIVINIS, JE DIS À MES SUPÉRIEURS: RÉVEILLEZ VOUS!


www.aldomariavalli.it 
18 avril 2019
http://benoit-et-moi.fr/2019/benot-xvi/lettre-ouverte-dun-pretre-a-benoit-xvi.html pour la traduction française

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J'ai reçu d'un religieux, le Père Gabriele Rossi des Fils de l'Amour Miséricordieux, la lettre que vous trouverez plus bas. Il s'agit d'une lettre ouverte à Benoît XVI, écrite avec le cœur, le Jeudi Saint, par un prêtre suspendu a divinis parce qu'il a ouvertement exprimé ses idées sur la situation actuelle de l'Église catholique. En remerciant l'auteur, je vous propose la lettre avec une pensée pour tous les prêtres qui, en ce jour saint, renouvellent les promesses faites au moment de l'ordination.


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Très Saint-Père, 
j'espère que vous me pardonnerez pour mon audace.

Je suis un prêtre de 62 ans, suspendu a divinis pour les raisons que je vous dirai plus tard. Je vous écris sous cette forme publique parce que je n'ai aucune possibilité de vous parler de vive voix; et parce que je voudrais donner la parole à beaucoup d'autres prêtres et religieux qui, pour les mêmes raisons, ont été réduits au silence et écartés, plus ou moins comme moi.



LES NOTES
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Je vous écris pour vous remercier d'avoir écrit et, surtout, d'avoir publié vos "Notes" sur la question des abus sexuels dans l'Église. 

J'avoue que, au-delà du contenu dramatique que ces pages tentent d'affronter, leur lecture méditée a produit en moi un sentiment de soulagement profond, comme une sorte de libération intérieure. Et cela pour deux raisons: parce qu'elles nous démontrent - au cas où il le faudrait - que vous continuez à suivre avec la plus grande attention tous les événements de l'Église; et parce qu'elles nous offrent divers enseignements vraiment magistraux : certains directs et explicites, d'autres voilés mais quand même déchiffrables.

D'une part, en effet, les Notes traitent de ces abus, décrivent leurs causes et leurs effets mortifères, indiquent la seule solution possible (le retour à Dieu), et donnent des suggestions au niveau de la procédure canonique.

D'autre part, les Notes - malgré leur forme humble - nous apportent des réponses aux principaux doutes et aux principales questions qui ont troublé la vie de l'Église ces dernières années, et auxquels personne n'a voulu répondre officiellement.

«Un authentique acte de gouvernement», selon certains. «Le seul document catholique, depuis maintenant six ans», selon d'autres. De là le soulagement profond dont je vous parlais.

LES DEUX VOIES
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En comparant les considérations des Notes avec les indications pontificales qui dictent actuellement la loi, on en tire deux approches de fond profondément différentes et opposées. On a l'impression d'être arrivé à un carrefour d'où partent deux routes: l'une qui, en descendant vers le bas, devient de plus en plus large et marécageuse; l'autre qui, en gravissant la montagne (au sommet de laquelle - si je ne m'abuse - devrait se dresser «une grande croix») [cf. "Le message de Fatima": troisième partie du secret] devient de plus en plus étroite et rocailleuse. En attendant, on croit entendre les paroles de l'Évangile : «Entrez par la porte étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et beaucoup sont ceux qui y entrent. Comme étroite est la porte et exigu le chemin qui mène à la vie, et peu sont ceux qui les trouvent! (Mt 7, 13-14). Je vais essayer d'expliquer le concept.

Ici - dans les Notes - il est dit que les abus, en particulier ceux sur les mineurs, sont le fruit final de la révolution sexuelle de 1968, de la diffusion criminelle de la pornographie et de la légitimation théorique et pratique de l'homosexualité, même dans les milieux ecclésiastiques. , au contraire - dans le Magistère actuel - la faute est imputée à un cléricalisme non spécifié ; et la formation de groupes de LGBT catholiques est encouragé par tous les moyens.

Ici, on défend vent debout Veritatis splendor de Jean-Paul II et on enseigne que, la morale ayant un caractère objectif, il y a de mauvaises actions qui ne peuvent jamais devenir bonnes, même si la conscience personnelle le prétend;  au contraire, on boycotte par tous les moyens le document précité ; et l'on adopte sans vergogne l'éthique de situation, qui ne considère pas l'action en elle-même, mais juge au cas par cas, en fonction des buts de l'action individuelle et de possibles causes de dispense.

Ici, on réaffirme que l'Eucharistie est la présence vivante et réelle parmi nous de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur; et l'on s'inquiète l'abaissement irrespectueux qu'elle subit en de nombreuses occasions. Là, au contraire, on tend à éliminer jusqu'aux signes extérieurs d'adoration (sauf à s'agenouiller ensuite gauchement et avec peine devant n'importe qui; et on affirme que la Sainte Communion accueille même des personnes divorcées remariées qui vivent more uxorio, ainsi que des époux protestants de fidèles catholiques.

Ici, on répond avec clarté et autorité à chacun des cinq dubia de 2016, formulés par les quatre cardinaux pour contrer la confusion doctrinale et pastorale produite par Amoris laetitia, au contraire, on est incapable de le faire; jouant sur l'ambiguïté de certaines "notes" [de pied de page] du document, afin de lancer des processus de bouleversement "en taches de léopard" et mettre tout le monde devant le fait accompli.

Ici, on déclare que le martyre, en tant que sommet du témoignage dû au Seigneur, «est une catégorie fondamentale de l'existence chrétienne»; et on rend honneur aux martyrs de tous les temps, témoins du Dieu vivant; là, au contraire, on cherche passivement le consensus du monde; on dénonce par intérêt le danger du prosélytisme missionnaire et le Catholicisme romain est dilué dans une fraternité humaine utopique, comprise comme une nouvelle religion universelle amorphe et incolore.

Voilà les deux voies qui s'ouvrent actuellement devant nous.

CONTINUITÉ OU RUPTURE?
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Très Saint-Père, je n'ai nulle prétention d'enseigner quoi que ce soit à quiconque, encore moins à ceux qui sont plus hauts que moi. J'ai pourtant le vague sentiment que les deux approches mentionnées ci-dessus sont radicalement inconciliables, car elles sont opposées l'une à l'autre. Et cela pouvait être compris dès 2016, si seulement quelqu'un avait soigneusement analysé le fameux chapitre VIII d'Amoris laetitia. Et c'est précisément à partir de cette date que, comme beaucoup d'autres, j'ai commencé à exprimer ma perplexité face au nouveau cours théorique et pratique qui devait être imposé à l'Église ; jusqu'à ce qu'en décembre dernier, précisément pour ces raisons, mes supérieurs m'infligent la suspension a divinis.

Pour beaucoup, ces préoccupations interprétatives sont totalement exagérées, car on pourrait - et même on devrait - ménager la chèvre et le chou. Pour d'autres, y compris moi-même, nous ne sommes pas ici en présence d'une continuité de fond entre le magistère d'hier et celui d'aujourd'hui, mais devant une rupture dramatique dans sa transmission et son développement. Et que ce dernier soupçon soit bien fondé, je le déduis aussi du fait que les Notes, par quatre fois, font allusion à l'affirmation que certains voudraient «créer ou inventer une autre Église». Et qui seront ces mystérieux personnages ?

Mes chers supérieurs, réveillez-vous! Comment ne pas répondre à un tel appel d'un Souverain Pontife qui reste tel devant Dieu et devant les hommes et qui, poussé par sa conscience, se voit contraint de parler à nouveau à ces enfants que la Divine Providence a confiés à son soin pastoral? Comment fait-on?!

Et puis, que dire du Manifeste de la Foi, publié par le Cardinal Müller en février dernier, pour défendre une transmission correcte de la foi catholique, menacée sur tous les fronts par une prétendue primauté de la pastorale sur la doctrine?

Réveillez-vous! Et cessez d'être des aveugles qui guident d'autres aveugles (cf. Mt 15, 14), soucieux seulement de plaire aux puissants du jour, pour avoir à le maximum de fragments de pouvoir Vous n'auriez aucun pouvoir s'il ne vous avait pas été donné d'en haut (cf. Jn 19, 11)!

AUJOURD'HUI, JEUDI SAINT
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Très Saint-Père, cette année - étant donné ma suspension canonique - je ne me suis pas senti le coeur de participer à la messe chrismale, avec l'évêque et tous les autres prêtres diocésains et religieux, célébrée hier soir dans la cathédrale de cette ville, la veille du Jeudi Saint; et donc je n'ai pas pu renouveler les promesses prévues par le rite.

Avec votre permission, j'aimerais le faire idéalement en ce moment. C'est pourquoi je viens avec mes pensées et mon cœur en votre présence, je baise votre main et votre pied, et je confirme entre vos mains mes promesses sacerdotales. Et tant que j'y suis, je renouvelle aussi mes vœux religieux et mon adhésion au Magistère officiel de l'Église, tel qu'il a été cristallisé dans le Catéchisme de l'Église catholique, promulgué par Jean-Paul II.

J'espère que le Seigneur l'agréera, et vous aussi.

Très Saint-Père, en demandant votre bénédiction paternelle, je voudrais vous assurer de ma pauvre prière, surtout à la Sainte Messe, où, d'habitude, je prononce aussi votre nom: que le Seigneur et la Sainte Vierge vous donnent la force physique et spirituelle pour affronter le dernier tronçon de cette montée abrupte, jusqu'à «la grande croix». Avec l'aide du Ciel, nous aussi, nous essaierons de monter avec vous, sans faire demi-tour.

Sainteté, mes vœux les plus chaleureux pour votre anniversaire et pour l'anniversaire de votre élection pontificale! Et Bonne Pâque de Résurrection, à vous... et à toute l'Église !

 

Père Gabriele Rossi, FAM
Fermo, 18 avril 2019, Jeudi Saint

 

Nous devrions désirer attirer tous les hommes dans le filet de Pierre, car c’est ce filet seul qui est garanti sans déchirures. Cela n’est possible que si nous-mêmes nous suivons Pierre pour la bonne raison : pour que, dans nos cœurs, nos paroles et nos actions, nous ne égarions jamais de la voie du Christ.

 

Aujourd’hui, en accueillant Jésus dans nos cœurs une nouvelle fois grâce au ministère de l’Eglise, cette Eglise qui a enduré vingt siècles de tempêtes sous la conduite sûre de Pierre, promettons de ne jamais sauter par-dessus bord, et d’être les témoins fidèles de cette vérité que la voie de Pierre est la voie assurée vers le Christ. "Que Dieu nous garde fidèles à l'Esprit que nous avons reçu" (rite de l'aspersion baptismale).

 

"Que Dieu nous garde fidèles à l'Esprit que nous avons reçu" - Homélie 3e dimanche de Pâques C
"Que Dieu nous garde fidèles à l'Esprit que nous avons reçu" - Homélie 3e dimanche de Pâques C
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