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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Jean XXIII, Appel de tous les chrétiens à l'unité de l'Église

Publié par Walter Covens sur 21 Mai 2007, 10:57am

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

APPEL DE TOUS LES CHRÉTIENS À L'UNITÉ DE L'ÉGLISE


Il Nous a plu, vénérables frères, de mettre dans toutes les mémoires, afin que cela soit bien clair, que dans ces temps anciens ce grand concert de louanges célébrant la sainteté de saint Léon le Grand était commun à l'Orient et à l'Occident. Puissent tous ceux qui aujourd'hui s'adonnent à l'étude des sciences sacrées, et sont séparés de l'Église de Rome, renouveler à saint Léon ces témoignages de l'estime ancienne et commune l'entourait! En effet, lorsque seront apaisés les dissentiments déplorables, sur la doctrine et la remarquable action de cet immortel Pontife, alors la foi qu'ils professent eux-même brillera d'une lumière plus éclatante: « Un seul Dieu, un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus homme ». (I Tim., II, 5).

En ce qui Nous concerne, Nous qui avons succédé à saint Léon dans la Chaire romaine de Pierre, de même que Nous professons avec lui la foi dans l'origine divine de la mission d'évangélisation et de salut universel confiée par Jésus-Christ aux apôtres et à leurs successeurs, ainsi nourrissons-Nous avec lui le vif désir de voir toutes les nations entrer dans la voie de la vérité, de la charité et de la paix. Et c'est précisément dans le but de rendre l'Église plus à même de remplir de nos jours une mission si élevée que Nous Nous sommes proposé de convoquer le second Concile oecuménique du Vatican, dans la confiance que l'imposante réunion de la hiérarchie catholique non seulement renforcera l'unité de foi, de culte, de gouvernement, qui est la note propre et particulière de la véritable Église du Christ (Cf. Conc. Vat. I, Sess. III, can. 3 de fide), mais attirera aussi le regard d'innombrables croyants dans le Christ et les invitera à se réunir autour du « grand Pasteur des brebis » (Hebr., XIII, 20), qui a confié à Pierre et à ses Successeurs la garde perpétuelle de son troupeau. (Cf. Jo., XXI, 15-17).

Nous voulons donc que l'ardente exhortation, par laquelle nous appelons tous les chrétiens à l'unité de l'Église, soit l'écho de la voix de Léon qui, au Ve siècle, inculqua inlassablement au peuple chrétien la notion de cette unité. De même, il Nous plaît de répéter ces paroles qu'adressait déjà aux chrétiens de toutes les Églises saint Irénée, qui, appelé de l'Asie, non sans le concours de la divine Providence, pour gouverner le siège de Lyon, l'illustra par son martyre.

Après avoir vérifié que la liste des Pontifes de Rome, auxquels est transmis par héritage le pouvoir des deux Princes des apôtres, est complète et n'a jamais été interrompue (Cf. Advers. hareres, 1, III, c. 2, n. 2, P. G., VII, 848), il s'adresse ainsi à tous les fidèles du Christ: « Vers cette Église, à cause de l'éminence de son principat, doit converger nécessairement toute Église, c'est-à-dire les fidèles répandus de tous côtés. En elle toujours a été préservée par ceux qui sont partout (ou par ceux qui président les Églises) cette tradition qui nous vient des apôtres. » (Ibid.).

Mais Nous désirons ardemment que Notre appel à l'unité soit surtout l'écho de la prière adressée par le Libérateur du genre humain à son Père au cours de la dernière Cène: « Que tous soient un, comme toi, Père, es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un ». (Jo., XVII, 21). Qui douterait que cette prière n'ait été entendue par le Père céleste, comme fut exaucé le sacrifice sanglant du Golgotha? Le Christ n'a-t-il pas affirmé que le Père l'écoute toujours? (Cf. Jo., XI, 42) Nous croyons donc d'une foi certaine que l'Église, pour laquelle il a prié et s'est immolé sur la croix, et à laquelle il a promis que son assistance ne manquerait jamais, a toujours été et demeure une, sainte, catholique et apostolique, telle qu'elle fut instituée par son Fondateur.

Hélas! Nous devons constater avec douleur qu'à l'heure actuelle, non moins que dans le passé, l'Église ne manifeste pas cette unité en vertu de laquelle tous ceux qui croient au Christ professent la même foi, pratiquent le même culte et obéissent à la même autorité suprême. Cependant, c'est avec un joyeux réconfort et une douce espérance que Nous voyons, en divers lieux de la terre, s'intensifier les efforts de beaucoup qui, d'un coeur généreux, cherchent à obtenir l'instauration de l'unité, même visible, de tous les chrétiens, qui satisfera dignement aux conseils, aux commandements et aux prières du Divin Sauveur.

Convaincu de ce que cette unité que désirent tant d'hommes d'excellent vouloir, non sans une inspiration du Saint-Esprit, ne pourra se réaliser que selon cette prédiction de Jésus-Christ: « Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Ibid., X, 16), Nous supplions le Christ, notre médiateur et avocat auprès du Père (Cf. I Tim., II, 5; I Jo., II, 1), que tous les chrétiens reconnaissent les notes par lesquelles sa véritable Église se distingue des autres et qu'ils se donnent à elle comme des fils très dévoués. Que le Dieu très bon daigne faire bientôt briller l'aurore de ce jour tant attendu de réconciliation universelle! Alors, tous ceux qui ont été rachetés par le Christ, réunis en une seule famille et chantant ensemble, la miséricorde divine, rediront en choeur d'une même voix joyeuse avec l'antique psalmiste: « Quelle joie, qu'il est bon pour des frères d'habiterensemble! » (Ps. CXXXII, 1).

En vérité, cette paix, par laquelle les fils du même Père céleste, cohéritiers du même bonheur éternel, rétabliront entre eux la concorde, signera le triomphe éclatant du Corps mystique du Christ.



EXHORTATION FINALE


Vénérables Frères, quinze cents ans après la mort de saint Léon le Grand, Nous voyons l'Église catholique en butte à des épreuves et des soucis qui ont quelque ressemblance avec ceux qu'elle connaissait vers la fin du Ve siècle. Que de tempêtes, en ce moment même, accablent l'Église et angoissent notre coeur de Père. Il est vrai que le divin Rédempteur l'avait clairement annoncé!

Nous voyons qu'en maintes contrées la « foi de l'Évangile » (Cf. Phil., I, 27) est en grand péril; Nous voyons qu'ailleurs on s'efforce, en vain la plupart du temps, de séparer les évêques, les prêtres, les fidèles de cette sorte de citadelle de l'unité catholique que constitue le Siège de Rome.

C'est pourquoi, afin de chasser du sein de l'Église les périls de cette sorte, nous invoquons avec confiance la fidèle protection de ce Pontife vigilant qui, par ses travaux, par ses écrits, comme par les épreuves qu'il endura, joua un tel rôle pour la cause de l'unité catholique. Quant à tous ceux qui souffrent aussi bien pour la vérité que pour la justice, Nous leur adressons les mêmes paroles de réconfort par lesquelles saint Léon exhorta le clergé, les autorités et le peuple de Constantinople: « Soyez donc fermes dans l'esprit de la vérité catholique et veuillez accepter l'exhortation apostolique par le ministère de notre bouche: car il vous a été donné par le Christ non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » (Phil., I, 29; Ep. I, ad Constantinopolitanos, P. L., LIV, 843).

Pour tous ceux, enfin, qui sont fermement établis dans l'unité catholique, Nous qui, bien qu'indignement, portons sur la terre la succession du divin Rédempteur, Nous faisons Nôtre sa prière pour ses disciples bien-aimés, et pour tous ceux qui croiraient en lui: « Père saint... je te prie... pour qu'ils soient consommés dans l'unité. » (Cf. Jo., XVII, 11-20-23). Pour tous les fidèles de l'Église, Nous prions Dieu avec instance, afin que leur unité parvienne à cette perfection consommée que seule peut donner la charité « qui est le lien de la perfection ». (Col., III, 14).

C'est en effet par une seule et même charité qui, tout à la fois, nous porte à aimer Dieu par-dessus tout et nous pousse à aider notre prochain de toute manière avec promptitude, allégresse et générosité, que la sainte Église, « temple du Dieu vivant » (Cf. II Cor., VI, 16), et ses fils brillent partout d'une beauté surnaturelle. C'est pourquoi Nous exhortons ces fils de l'Église en empruntant ces paroles de saint Léon:

« Étant donné donc que, tous ensemble et chacun en particulier, les fidèles sont un même et unique temple de Dieu, il se doit, comme il est parfait en tous, d'être également parfait en chacun; car, bien que la beauté des membres ne soit pas la même pour tous et que, dans une telle diversité des parties, il ne puisse y avoir égalité de mérites, la connexion de la charité réalise cependant une communion de gloire. Comme ils sont, en effet, associés dans la charité, même s'ils n'obtiennent pas les bienfaits identiques en grâce, ils jouissent cependant des avantages respectifs les uns des autres; et ce qu'ils aiment ne peut leur rester étranger, parce qu'ils s'enrichissent d'un progrès personnel, ceux qui se réjouissent de l'avancement d'autrui. » (Serm. XLVIII, 1, de Quadrag., P. L., LIV, 298-299).

En concluant cette lettre encyclique, Nous ne pouvons moins faire que de renouveler le voeu très ardent qui jaillissait dans l'âme de saint Léon: voir tous ceux qui sont rachetés par le précieux sang de Jésus-Christ, réunis sous l'unique étendard de l'Église militante comme une armée en marche, résister avec intrépidité aux attaques des ennemis qui, en diverses régions du globe, s'efforcent d'acculer la foi chrétienne à une situation intenable. Car, pour reprendre encore une fois les paroles de Notre Prédécesseur: « C'est alors que le peuple de Dieu est le plus puissant, quand l'unité de la sainte obéissance rassemble tous les coeurs fidèles et que, dans les camps de la milice chrétienne les mêmes dispositions sont prises de tous côtés et la même défense est adoptée partout. » (Ep. XXII, 2, P. L., LIV, 441-442).

Si l'amour règne dans l'Église du Christ, alors le prince des ténèbres ne pourra l'emporter en aucune façon: « Le moyen le plus puissant de détruire les oeuvres du diable, c'est de ramener le coeur des hommes à l'amour de Dieu et du prochain. » (Ep. XCV, 2; ad Pulcheriam august., P. L., LIV, 943).

Souhaitant l'heureuse réalisation de tout ceci, Nous vous impartissons, d'un coeur paternel, Vénérables Frères, à vous tous et à chacun, de même qu'aux troupeaux confiés à votre garde attentive, la Bénédiction apostolique. Qu'elle vous porte le réconfort de Notre espérance et soit le gage des grâces divines.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 11 novembre de l'an 1961, de Notre Pontificat le quatrième.


JEAN XXIII, PAPE

Jean XXIII, Aeterna Dei Sapientia
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