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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Père André Manaranche, Des idées courtes sur la conversion chrétienne (4)

Publié par Walter Covens sur 15 Mars 2007, 20:38pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

LA CONVERSION SERAIT DE CHANGER DE RELIGION


    On dit aussi que la conversion fait changer de religion. En certains cas, oui: la découverte du Dieu de Jésus Christ oblige un homme à abandonner ses idées fausses, même s'il n'avait pas que des idées fausses. Elle lui demande surtout de se libérer d'une appartenance qui l'entretenait dans ces opinions erronées surtout si elle le conduisait à combattre l'Eglise, ce que les sectes font d'une manière très agressive. Mais, même si son ancienne religion se montrait courtoise envers le catholicisme, soit par œcuménisme, soit par pure ignorance, le converti doit opérer une rupture afin d'entrer dans sa nouvelle communauté, ce qui ne l'oblige pas, en partant, à se montrer désagréable. Pourtant, même s'il éprouve une réelle gratitude pour les frères qui l'ont mis sur le chemin de la vérité sans aller jusqu'au bout de la route, il doit s'éloigner franchement, non de chacun d'eux en particulier, mais de leur assemblée religieuse. Il ne peut pas manger à deux râteliers. Ne me parle pas ici de deux «systèmes» ; l'Eglise n'est pas un système, une organisation juridique et idéologique intolérante: elle est le Peuple que Dieu lui-même rassemble d'après les critères qui sont les siens et qui donnent lieu à ce qu'on appelle une «confession». Même les protestants appartiennent à l'une ou l'autre des confessions de la Réforme, et l’on prend bien soin à Taizé de ne pas les en faire sortir : hors de là, ils perdraient la foi au Christ, même s'ils gardaient encore un sentiment d'admiration envers l'homme Jésus. Comme on l'a dit avec humour, «pas de Bon Dieu sans confession», sans confession de foi. Le christianisme ne peut, sans se pervertir, devenir une opinion individuelle: la foi biblique est essentiellement communautaire. Que cela soit bien clair.

    Pourtant, quand, dans l'Évangile, Jésus prêche la conversion aux juifs, il ne leur demande pas de changer de religion. En effet, il ne vient pas créer une nouvelle religion mais accomplir la Promesse. Il ne vient pas apporter un autre Dieu que Yahweh, mais nous révéler qui il est dans sa plénitude: et il en sait quelque chose! On aurait pu penser que la préparation aurait été suffisante et qu’après des siècles de cheminement, aprés la prédication des prophètes notamment, Israël aurait débouché sur le Dieu de Jésus-Christ: il n'en a rien été, à quelques exceptions près. Paul, qui a bénéficié, lui, d'un retournement subit, déplore amèrement que les meilleurs des Juifs eux-mêmes n'aient pas consenti à croire dans le Seigneur (Rom 9, 1-5). Dès lors, les choses se sont durcies: l'Eglise et Israël se sont affrontés comme deux religions résolument différentes, alors qu'ils avaient en commun la première étape de l'Alliance. Aussi, désormais, quand il devient chrétien, le Juif lui-même doit quitter quelque chose: non pas son amour de la Bible, encore moins la fierté de sa race, mais un certain «judaïsme» qui s'oppose à Jésus-Christ. Et cela lui est très dur, un peu comme une trahison, surtout quand les siens sont persécutés: aussi certains, comme les deux philosophes Henri Bergson et Simone Weil, ont-ils différé de recevoir le baptême durant la dernière guerre, et on les comprend. En revanche, lorsqu'on lit son livre merveilleux, qui s'appelle Au choix de Dieu, on voit que le jeune Aron Lustiger, le futur cardinal, est arrivé à la foi chrétienne, jeune il est vrai, sans passer par un véritable déchirement, comme s'il avait toujours été chrétien de cœur. Tant mieux! Par contre, à la fin de l'année 1987, l'Eglise a dû faire comprendre à la Sœur Myriam, une religieuse de race juive, qu'elle ne pouvait mélanger les deux appartenances, la judaïque et la chrétienne, et le rabbin de Lyon a très honnêtement dit la même chose. Il n'empêche qu'en devenant chrétien, un Juif s'accomplit plus qu'il ne se convertit, en ce sens qu'il ne change pas vraiment de religion comme pourrait le faire un païen. Encore faudrait-il que les chrétiens soient capables de comprendre cela pour l'accueillir!

    Je tenais à te dire cela, ami. On met trop le mot religion à toutes les sauces, et c'est fort dommage.

Premiers pas dans l'amour, Éd. Le Sarment Fayard, Coll. Lumière Vérité 1988, p. 35-37
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