Padre Pio avait demandé à Raffaelina Cerase de quels livres elle se ervait pour nourrir son âme. Ingénument, elle lui répond qu'elle est abonnée à plusieurs journaux catholiques, des périodiques, des bulletins... Elle cite l'Aurora nel secolo del Sacramento qui paraissait chaque mois, de même que Il Carmelo et que l'Emmanuele qui était un péiodique consacré à l'Eucharistie et qui étit imprimé à Turin. "Que voulez-vous, explique Raffaelina à Padre Pio, je préfère toujours le style moderne et la forme alerte des livres au style vieillot. J'en ai lu des quantités il y a plusieurs années, mais maintenant, je les mets toujours de côté, comme je le fais tant de fois (quelle honte énorme pour moi!) pour le Livre des livres, le maître-livre, le saint Évangile, seulement parce que les commentaires, le les lis et les relis depuis vingt ans et peut-être davantage - c'est très vieux - et cela me paraît du siècle dernier."
Elle dit aussi avoir lu la vie de Gemma Galgani, celle de Catherine Volpicelli et celle de Suor Teresa del Volto Santo, autrement dit, Thérèse de la Sainte Face. Elle a lu L'Histoire d'une âme publiée à Florence en 1910. "Voici le type de livre que je voudrais toujours avoir entre les mains, forme alerte et plaisante. Pesanteur et discours abstrus, même dans les simpes articles, ne sont pas pour moi!" (2/1 7)
C'est qu'elle était une Dame de la noblesse, Raffaelina, et elle était parfois quelque peu précieuse! Elle aura besoin d'une bonne leçon! Que va donc lui répondre Padre Pio?
À propos de ce que vous lisez, il y a peu de choses à admirer, et presque rien pour édifier. Il est absolument nécessaire que vous ajoutiez à ces lectures-là, celle des Livres saints, tellement recommandée par tous les saint Pères de l'Église. Et moi, je ne peux pas vous dispenser de ces lectures spirituelles, votre perfection me tient trop à coeur. Si vous voulez récolter le fruit tant espéré de semblables lectures, il convient de laisser de côté le préjugé que vous avez à propos du style et de la forme dans lesquels les Livres saints sont rédigés... Moi aussi, continue Padre Pio, j'ai été conduit dans une telle tromperie et si le bon Jésus, pas sa bonté, ne m'avait pas dévoilé à temps la tromperie, qui sait où je serais allé me précipiter?
Padre Pio explique alors qu'il n'a jamais été attiré par les lectures "qui pourraient tâcher l'innocence et la pureté des moeurs", car il a eu, "par nature, une suprême horreur pour toute laideur, même très légère..."
Et il conclut:
Ma soeur, le dommage que produit dans les âmes la privation de la lecture des Livres saints me fait frémir d'horreur...
Voilà qui est clair! Citant saint Bernard, Padre Pio dit encore que:
avec la lecture de la sainte Écriture et des autres Livres saints et dévots, on cherche Dieu; avec la méditation, on le trouve; avec l'oraison, on frappe à la porte de son Coeur et avec la contemplation, on entre dans le théâtre des divines beautés, ouvert par la lecture, la méditation et l'oraison, aux regards de notre âme.
Car la lecture est comme la nourriture spirituelle appliquée au palais de l'âme, la méditation la mastique avec ses discours, l'oraison en éprouve le goût, et la contemplation, c'est la douceur même de cette nourriture de l'esprit qui restaure l'âme tout entière et qui lui donne des forces. La lecture s'arrête à l'écorce de ce qu'on lit, la méditation en pénètre la moëlle, l'oraison avec ses questions, le recherche, la contemplation s'en délecte comme d'une chose qu'elle possède déjà.
Et pour terminer:
En attendant, je vous fais observer quelle force a la lecture sacrée pour conduire à changer de route et à faire entrer dans le chemin de perfection même les personnes mondaines...
On devine alors aisément que dans son ermitage de Petrelcina, Padre Pio ne se nourrissait que de l'Écriture sainte...
Padre Pio, transparent de Dieu, Éd. Hovine 1987, p. 176-178