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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Père Jean-Louis Bruguès, Le Pardon

Publié par Walter Covens sur 18 Février 2007, 15:23pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

    Qu'il s'agisse de l'accorder ou de le recevoir, le pardon humain est toujours difficile. Contrairement à une conception largement répandue, il n'efface pas l'acte ou le comportement jugé offensants. Jamais nous ne pouvons dire à celui qui nous a fait mal : « Je vais oublier ta faute. Je ferai comme si elle n'avait jamais eu lieu ! » Dieu même ne peut faire qu'un acte posé cesse d'exister. En ce sens, H. de Montherlant avait raison d'écrire: « Que le pardon est vain! Ce qui est fait est fait, et ce qui n'est pas fait n'est pas fait, irrémédiablement ». Le pardon renvoie à la faute, il suppose que le péché soit reconnu par son auteur : comment pourrait-on pardonner celui qui ne se juge coupable de rien? Or, toute forme de culpabilité est devenue suspecte aujourd'hui. On préfère l'excuse au pardon.

    Le pardon exclut tout non-lieu. Il est un don, par lequel la personne offensée propose au fautif de nouer une relation nouvelle. Celle-ci ne saurait se situer dans le simple prolongement de la précédente : la rupture a eu lieu; celui qui pardonne s'engage à la convertir en une chance nouvelle, il inaugure une histoire inédite.

    Le Christ est venu sauver les pécheurs. Ce salut prend la forme d'un pardon (Lc 7, 36-50; ln 8, 1 s.). Le Christ n'efface pas les fautes : il porte le péché (ln 1, 29). Il abolit la culpabilité des hommes, en s'offrant en sacrifice pour elle : ainsi la justice est-elle sauve. Cette dernière exige que les pécheurs réconciliés avec Dieu s'engagent à réparer directement ou indirectement les torts qui leur sont imputables (Lc 19, 8). Le Christ est cette parole qui ouvre une histoire nouvelle avec les hommes qui reconnaissent leur besoin de Dieu. Dans la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11 s.), le pardon du Père, acquis une fois pour toutes, ne touche le fils qu'après sa décision de retourner à la maison. Sans ce mouvement, même dicté par des considérations fort courtes (ici, la faim), le fils aurait bien été pardonné par le Père, mais il n'aurait pu en jouir : il serait mort en rupture de communion. Pour être authentique, toute forme de pardon doit respecter la liberté de l'autre. Elle propose une nouvelle aventure et ne l'impose pas. Le pardon laisse intacte la responsabilité du fautif, donc son devoir de réparation...

    Le pardon du Christ est confié à son Église (Mt 18, 18 et 21-22), dans le sacrement dit de pénitence et de réconciliation. Il y revêt une triple dimension : le pécheur y sollicite, en effet, le pardon de Dieu, mais aussi celui de l'Église, puisque tout péché la blesse dans sa vocation à la sainteté (d'où la médiation du prêtre) ; il s'engage, enfin, à se pardonner à lui-même, afin de restaurer l'intégrité de l'amour de soi. Dans tous les cas, le pardon passe par l'aveu des péchés.

    Si la charité forme un tout, nous trouverons logique d'appliquer au pardon du prochain les mêmes critères que ceux choisis par Dieu (Mc 11, 25 ; Mt 6, 14-15). Infini est l'amour de Dieu et infini le pardon qu'il nous offre; illimité sera donc le pardon des fautes qui nous blessent (Mt 18,22).

Dictionnaire de Morale Catholique, Éd. C.L.D. 1991, p. 308-309
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