À l'occasion de la Journée Mondiale du Malade, le 11 février, jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes, certains parmi vous ont pu recevoir l'Onction des Malades.
Il est nous est bon, en ce jour, non seulement de prier avec et pour les malades et de leur apporter une attention toute spéciale, mais aussi de réfléchir sur la maladie. La maladie, comme la mort, fait partie de notre condition humaine. Qui d'entre nous, tôt ou tard, n'est pas confronté à la maladie chez l'un de ses proches, mais aussi dans son propre corps, dans son propre psychisme. La maladie est une conséquence du péché de nos premier parents. Mais c'est aussi, par la grâce de Dieu, un remède, un bonheur, une béatitude!
Nous venons d'entendre l'Évangile des Béatitudes selon S. Luc. Jésus n'a pas dit textuellement: "Heureux les malades". Mais il aurait pu. D'ailleurs, il y a, dans l'Écriture bien d'autres béatitudes que celles énumérées ici (cf. la 1e lect.). S. Matthieu lui-même en mentionne neuf, tandis que S. Luc n'en rapporte que quatre.
En quoi donc consiste la béatitude des malades? D'abord, il faut dire pour cette béatitude ce qu'il faut dire pour chacune des béatitudes de l'évangile: ce n'est pas la maladie en elle-même qui est un bonheur; c'est "l'usage" qu'on en fait. S. Vincent de Paul disait:
Blaise Pascal a composé une Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, dans laquelle il écrit:
S'il y a donc un bon usage des maladies, il y a aussi un mauvais usage de la santé. Il y a des gens en bonne santé qui sont "malheureux" et il y a des personnes malades qui sont "heureuses". Cela se vérifie dans l'expérience que nous pouvons faire tous les jours.
Selon une récente recherche, les gens qui souffrent de maladies graves s'adaptent émotionnellement et sont d'aussi bonne humeur en général que les gens en bonne santé. Ces résultats publiés dans le Journal of Experimental Psychology s'ajoutent à un ensemble croissant de recherches en psychologie qui démontrent que les personnes ayant une maladie ou des handicaps sérieux s'adaptent à leurs conditions et font preuve d'une résilience que plusieurs personnes en bonne santé ne s'imaginent pas. Dans cette recherche on demandait à des gens en dialyse (49) et à des gens en bonne santé (49, de même âge, sexe, race et éducation que les malades) de faire part, à l'aide d'un "assistant digital personnel" (un PDA comme un Palm), de leur humeur pendant une semaine. Les malades étaient tous en dialyse depuis au moins trois mois, visitant un centre d'hémodialyse trois fois ou plus par semaine durant plusieurs heures. Les PDA étaient programmés pour sonner au hasard à l'intérieur de chaque période de deux heures pendant une semaine. Ils demandaient alors aux participants de rapporter leur humeur à ce moment précis en complétant une rapide série d'évaluations.
Ces instantanés révèlent que les patients sont de bonne humeur la vaste majorité du temps et que leur humeur n'est pas substantiellement pire que celle des gens en bonne santé. Il n'y avait pas de différence dans l'évaluation heure par heure de l'humeur globale et d'humeurs spécifiques momentanées (déprimée, joyeuse, préoccupée ou anxieuse). Même des questions concernant la douleur, la fatigue et la satisfaction globale dans la vie n'amenaient pas de différences significatives.
Les gens qui n'en ont pas vécu imaginent que les adversités comme une maladie sérieuse détruiraient leur bonheur alors qu'en réalité cela ne serait sans doute pas le cas. Les chercheurs ont aussi demandé aux gens en bonne santé de s'imaginer eux-mêmes en dialyse et d'estimer le pourcentage de temps où ils éprouveraient différents niveaux d'humeurs positives et négatives. Ils estimaient que les gens malades vivaient des humeurs négatives la majorité du temps. Les malades eux-mêmes semblaient sous-estimer leur adaptation. Quand on leur demandait d'estimer quelle serait leur humeur s'ils étaient en bonne santé, ils supposaient une humeur de loin meilleure que celle rapportée par les gens réellement en bonne santé.
Cela ne veut pas dire qu'une perte majeure au niveau de la santé ne change pas la vie et la perception de la vie. Cela ne veut pas dire non plus qu'un tel changement ne s'accompagne pas de périodes de frustration et de difficulté, d'un risque de dépression et de conséquences sur la situation sociale et économique. Mais les résultats de cette recherche, comme d'autres, suggèrent que les gens qui ont traversé ces changements ont la capacité d'adapter leurs réponses émotionnelles à leur nouvelle vie.
Le bonheur ne dépend donc pas de la santé ni de la maladie. Le bonheur dépend de la personne, qu'elle soit malade ou en bonne santé. L'important, c'est de s'abandonner entre les mains du Seigneur. La Bienheureuse Sœur Élisabeth de la Trinité écrivait :
Le Catéchisme de l'Église catholique (n. 1501) enseigne que :
Et c'est là qu'intervient la grâce propre du Sacrement de l'Onction des malades, dont les effets sont:
- l'union du malade à la Passion du Christ, pour son bien et pour celui de toute l''Eglise;
- le réconfort, la paix et le courage pour supporter chrétiennement les souffrances de la maladie ou de la vieillesse;
- le pardon des péchés si le malade n'a pas pu l'obtenir par le sacrement de la Pénitence;
- le rétablissement de la santé, si cela convient au salut spirituel;
- la préparation au passage à la vie éternelle. (voir: CEC 15020-1523.1532)
Si vous recevez l'Onction des Malades je ne peux pas vous dire si vous allez guérir ou pas. Mais je peux vous garantir que si vous ouvrez votre coeur avec foi, le Seigneur vous donnera la paix. L'essentiel est de s'abandonner à ce que le Seigneur voudra pour vous comme étant le meilleur. Je vous livre ici ce que disait le Bienheureux Frère André de Mont Royal aux malades qui venaient au sanctuaire dédié à S. Joseph pour se faire guérir:
Frère André assurait que "l'oratoire de Montréal était témoin de beaucoup plus de conversions des cœurs que de celles des corps".
C'est le cas également à Lourdes. Ste Bernadette elle-même eut, les dernières années de sa vie, tout le corps comme une grande plaie, au point qu'elle ne pouvait garder le lit et restait assise dans un fauteuil. Elle supportait tout sans se plaindre. Un jour alors qu'on lui faisait une visite, quelqu'un lui demande: - "Que faites-vous là petite paresseuse?". Elle répond: - "Je fais mon emploi." - "Et lequel?" - "C'est d'être malade. Il faut que je sois victime pour la rédemption du monde."
Dans sa prière elle disait:
Pour terminer, à l'attention de ceux et celles qui sont en bonne santé, mais qui, en m'écoutant, appréhendent de tomber malades, je leur rappelle ce que disait Van, le jeune Vietnamien qui s'est mis à l'école de Thérèse de Lisieux:
C'est plus facile, parce que ce n'est que quand on souffre qu'on a la grâce d'état pour souffrir. Et la meilleure manière d'apprendre à faire un bon usage de la maladie, c'est de faire un bon usage de la santé tant qu'on l'a, en la mettant au service de Dieu et du prochain, notamment de celui qui est le malade. Ainsi le bonheur est pour tous! Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.