C'est donc avec une foi mûre, en adultes, mais en tenant noblement et fièrement nos enfants par la main, que nous voulons reconnaître dans l'enfant de la crèche la lumière de ce monde, la vie qui apporte l'espérance à la civilisation lézardée et malade de notre temps.
Nous nous en remettons à lui, nous nous confions à lui, nous nous laissons rejoindre par lui et c'est en son nom que nous échangeons des voeux de joie, de paix, de sérénité, voeux qui rendent tangibles non pas nos paroles plus ou moins insistantes, mais la force de sa présence qui nous enveloppe.
La naissance de cet Enfant, en fait, a tout changé. "À partir du Verbe fait chair, foyer de tout ce qui existe, disait Karl Rahner, tout désormais se met en route, sous l'implulsion inexorable de l'amour, vers le Visage de Dieu."
Toutefois, la splendeur de l'histoire qui chemine vers le visage lumineux de Dieu est encore une splendeur discrète, elle exige toute notre attention, notre recueillement, et requiert la vénération et l'adoration de Marie. Parce que, comme le disait le cardinal John Henry Newman, Jésus "en venant dans le monde, ne s'est pas agité, n'a pas fait de bruit, n'a pas fait retentir sa voix (...). Il en va de même encore aujourd'hui: il parle à voix basse, ses signes sont discrets, et pourtant la personne qui a la foi ne peut pas ne pas l'entendre, ne peut pas ne pas sentir que c'est lui qui la guide (...). Face à l'étendue et au mystère du monde qui pèse sur nous, il nous est permis de penser qu'il n'y a rien ici-bas qui soit détaché des autres choses, que les événements qui parraissent indépendants les uns des autres peuvent avoir un rapport, faire partie d'un dessein précis. Et Dieu nous enseigne ses voies dans les événements ordinaires du quotidien (...). Il suffit seulement que nous acceptions d'ouvrir les yeux", de faire attention à cet Enfant qui, dans le silence, sans faire de bruit, sans s'imposer, avec la simplicité désarmante des tout-petits, vient au milieu de nous nous apporter la splendeur du visage de Dieu.