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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Père Daniel-Ange, Jean-Baptiste. Pour le nouveau millénaire le prophète de la lumière (4)

Publié par Walter Covens sur 22 Décembre 2006, 20:00pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

5. Celui qui vient, Qui donc est-il? Que fera-t-il?

Jean parle sans cesse du Seigneur, car ce Royaume tout proche, c'est d'abord Quelqu'un. C'est la personne du Roi. Qui donc est ce Roi?

D'abord son être. Ensuite son acivité.

1. Qui donc est-il? (Son être)

"Avant moi il était" (Jn 1, 15), "Il m'a précédé". Le chronologique débouche sur l'éternel. Il annonce un Dieu éternel et transcendant. Déjà à la Visitation, il avait lancé le cri: "mon Seigneur", c'est-à-dire: mon Dieu. Donc: Celui qui vient est Dieu en personne.

Ensuite Celui qui vient est le Maître: "Celui qui vient derrière moi". Dans certaines processions liturgiques, le plus honorifique vient en dernier. Certains ont pu croire que cela impliquait que Jésus ait été le disciple de Jean pendant un certain temps. Car l'expression "celui qui vient derrière moi" peut désigner celui qui suit le maître. Mais rien n'est moins probable. Jean n'est pas digne d'être son esclave. En Matthieu: on parle des sandales. En Luc: des courroies. en Marc: "en me courbant". Bref, il n'est pas digne de l'adorer, même pas de le servir.

Car effectivement il est Dieu en personne, mais aussi vainqueur: "Celui qui est plus fort que moi". Jésus parlera de Satan comme le plus fort (cf. Lc 11, 21; Mt 12, 28), mais le Christ est plus fort que le plus fort. Il est Le Fort par excellence. Il est le vainqueur de Satan. Il est le Dieu fort qu'acclamaient les Flamboyants dans le Temple, entrevu par Isaïe (cf. ch. 6).

Il est typique qu'après ce triple mot: "après moi", "devant moi", "avant moi", le Prologue dise:

Nous avons vu sa gloire. Gloire qu'il tient du Père comme un Fils unique plein de grâce et de vérité". (Jn 1, 14)

C'est bien la gloire de Dieu dont Jean est le proclamateur. Celui qui est, n'était-ce pas le nom même que Moïse, au fond du désert, avait entendu jaillissant du Buisson tout en feu? Et un jour, Moïse sera face à face avec ce mystère du feu. Ce sera sur le Thabor. (Après le Baptême de Jésus, nous entendrons ses autres titres cernant son être.)

2. Que fera-t-il? (Son activité)

Après avoir d'un seul trait donné la carte d'identité de Celui qui vient, Jean va préciser son activité en trois petites paraboles, comme le Seigneur les aimera: celle du moissonneur, celle du vanneur et celle du bûcheron. Et chaque image apporte un éclairage nouveau sur cette mystérieuse Personne qu'il prépare et qui vient.

Il est frappant de voir comment Jésus reprendra chacune de ces images, mais pour les projeter à la fin des temps: tandis que pour Jean, elles s'appliquent sans doute à la venue immédiate du Seigneur. Cela veut dire que ces mêmes images restent pour nous actuelles, nous qui sommes en attente de la venue en gloire du Sauveur.

1. L'ouvrier forestier
Première image précisant l'activité de Celui qui vient: l'ouvrier forestier. Ayant travaillé personnellement comme ouvrier dans une grande forêt pendant plusieurs années, je comprends bien cette parabole. Là aussi, Jésus reprendra l'image lorqu'il parlera de l'arbre qui doit être coupé, si finalement il ne porte aucun fruit.

2. Le moissonneur
Jean se réfère au grand texte d'Isaïe 9, chanté la nuit même de Noël. La connexion y est faite entre: la moisson d'un côté, de l'autre la joie et la lumière. Chaque soir quand tombe la nuit, il doit fredonner ce paisible psaume 4:

Tu as mis en mon coeur plus de joie qu'aux jours où leur froment, leur vin nouveau débordent.

Joie du moissonneur et du vendangeur, auprès de laquelle celle de Jean est tellement plus grande!

Il ne parlera pas de la vendange, mais se limitera à la moisson. Dans la foulée, Jésus reprendra plusieurs fois l'image de la moisson. Il parlera de la joie du semeur et du moissonneur (cf. Jn 4). Il évoquera surtout la venue en gloire, l'heure de la moisson finale, après le temps de l'Histoire, où bon grain et ivraie n'auront cessé de croître ensemble. Les moissonneurs, ce seront les Anges.

Mais déjà, la première venue du Seigneur n'est-elle pas de l'ordre d'une moisson? Car Jésus vient récolter tout ce qui a été semé par les saints et les prophètes au long de la Première Alliance. Jésus et déjà Jean peuvent chanter dans une folle allégresse le psaume 125:

Ramène, Seigneur, les captifs comme torrents au désert! Les semeurs qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant. On s'en va, on s'en va en pleurant, on porte la semence! On s'en vient, on s'en vient en chantant, on rapporte les gerbes!

Puisque Jean est prophète de la joie, il est le chantre de cette joie: et des semailles, et de la moisson.

L'image de la moisson et bientôt des grains, renvoie à l'Eucharistie. Après s'être fait homme, Jésus se fera Pain. Il se fera lui-même le petit grain de blé tombé, enfoui en terre, afin de devenir le blé nouveau qui peut nourrir la foule des êtres humains jusqu'à la fin du monde et dans tous les peuples. Joie de cette multiplication des pains, sur la colline au bord du lac! Oui, sans le savoir, Jean pressent ce prodigieux mystère de l'Eucharistie.

3. Le vanneur
Troisième image, liée à celle de la moisson: celle du vanneur. Celui qui vanne est celui qui fait le tri. D'un côté, le grain qui tombe de l'épi, de l'autre la paille emportée par le vent.

Aux antipodes de ces moissonneuses batteuses électroniques, espèces d'usines ambulantes qui font tout d'un seul coup, j'ai encore connu en Afrique, ce beau geste du vanneur. Je l'ai retrouvé en Asie et en Amérique latine.

Jean annonce ce tri qui se fera en réalité à la fin des temps. Et quel est ce vent qui va opérer le discernement, sinon le souffle de l'Esprit? Quels sont ces coups de bâton frappant les épis, sinon les épreuves de cette vie? Le vent emporte ce qui est vide, supeficiel, léger. Ne reste que ce qui a un poids de gloire: le poids de l'amour, le poids de la vérité. Et le précieux grain de blé contribuera à faire le pain. Jean précise que la balle (l'écorce, le vide, le superficiel, l'inutile) sera brûlée dans le feu qui ne s'éteint pas.

Jésus lui-même le confirmera:

Le Fils de l'homme enverra ses anges, ils enlèveront de son Royaume tous les scandales et tous ceux qui font l'iniquité, et les jetteront dans la fournaise de feu. (Mt 13, 41)

C'était déjà annoncé dans le tout-dernier des prophètes, ce livre de Malachie si connecté au mystère de Jean:

Voici le jour qui vient, brûlant comme une fournaise. Tous les pécheurs qui font l'iniquité seront comme une paille et ce jour qui vient les consumera. (Ma 3, 19)

Et au livre de la Sagesse:

L'esprit de l'impie est comme le duvet qu'emporte le vent. Contre eux se déchaînera le souffle de sa puissance. Il les balaiera comme un ouragan. (Sg 5, 14 et 23)

Ce sera la purification, le discernement dans le Souffle et dans le Feu:

L'oeuvre de chacun deviendra manifeste. Le Jour la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu, et c'est le feu qui éprouvera la qualité de l'oeuvre de chacun... Quant à lui, il sera sauvé, mais comme à travers le feu. (1 Co 3, 13)

Éd. des Béatitudes, 2000, p. 275-278

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