
L'image du Bon Pasteur, déjà si chère à l'iconographie chrétienne primitive, était clairement présente à l'esprit des Évêques qui, venus du monde entier, se sont réunis, du 30 septembre au 27 octobre 2001, pour la Xe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques. Près de la tombe de l'Apôtre Pierre, ils ont réfléchi avec moi sur la figure de l'Évêque, serviteur de l'Évangile de Jésus Christ pour l'espérance du monde . Tous ont été d'accord pour reconnaître que la figure de Jésus Bon Pasteur est l'image privilégiée à laquelle on doit sans cesse se référer. Personne, en effet, ne peut être considéré comme un pasteur digne de ce nom "nisi per caritatem efficiatur unum cum Christo". Telle est la raison fondamentale pour laquelle "la figure idéale de l'évêque, sur qui l'Église continue de compter, est celle du Pasteur qui, configuré au Christ dans la sainteté de la vie, se dépense généreusement pour l'Église qui lui est confiée, en portant en même temps dans son coeur la sollicitude pour toutes les Églises disséminées sur toute la terre (cf. 2 Co 11,28)".
15. L'Assemblée du Synode des Évêques a indiqué quelques moyens nécessaires pour nourrir la vie spirituelle et la faire progresser. Parmi ces moyens, on trouve à la première place la lecture et la méditation de la Parole de Dieu. Tout Évêque devra toujours se confier et se sentir confié "à Dieu et à son message de grâce, qui a le pouvoir de construire l'édifice et de faire participer les hommes à l'héritage de ceux qui ont été sanctifiés" (Ac 20, 32). C'est pourquoi, avant d'être un transmetteur de la Parole, l'Évêque, avec ses prêtres et comme tout fidèle, bien plus comme l'Église elle-même, doit être un auditeur de la Parole. Il doit être comme "à l'intérieur" de la Parole, pour se laisser garder et nourrir par elle, comme dans le sein maternel. Avec saint Ignace d'Antioche, l'Évêque redit : "Je me réfugie dans l'Évangile comme dans la chair de Jésus Christ". Tout Évêque se souviendra donc sans cesse pour lui-même de cet avertissement de saint Jérôme, repris par le Concile Vatican II: "L'ignorance des Écritures est, en effet, l'ignorance du Christ". En effet, il n'y a pas de primat de la sainteté sans écoute de la Parole de Dieu, qui est un guide et une nourriture de la sainteté.
S'en remettre à la Parole de Dieu et la garder, comme la Vierge Marie qui fut Virgo audiens, implique d'utiliser concrètement certains moyens que la tradition et l'expérience spirituelle de l'Église n'ont jamais manqué de suggérer. Il s'agit avant tout de la lecture personnelle fréquente ainsi que de l'étude attentive et assidue de la sainte Écriture. Un Évêque serait en vain prédicateur de la Parole à l'extérieur, s'il ne l'écoutait pas d'abord de l'intérieur. Sans le contact fréquent avec la sainte Écriture, un Évêque serait un ministre peu crédible de l'espérance, s'il est vrai, comme le rappelle saint Paul, que nous possédons "l'espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l'Écriture" (Rm 15,4). Ce qu'écrivait Origène est donc toujours valable : "Telles sont les deux activités du Pontife: apprendre de Dieu en lisant les Écritures et en les méditant très souvent, ou enseigner le peuple. Mais qu'il enseigne ce qu'il a appris de Dieu".
Le Synode a rappelé l'importance de la lectio et de la meditatio de la Parole de Dieu dans la vie des Pasteurs et dans leur ministère même au service de la communauté. Comme je l'ai écrit dans la lettre apostolique Novo millennio ineunte, "il est nécessaire que l'écoute de la Parole devienne une rencontre vitale, selon l'antique et toujours actuelle tradition de la lectio divina permettant de puiser dans le texte biblique la parole vivante qui interpelle, qui oriente, qui façonne l'existence". Dans les moments de méditation et de lectio , le coeur qui a déjà accueilli la Parole s'ouvre à la contemplation de l'action de Dieu et, par conséquent, à la conversion au Seigneur de ses pensées et de sa vie, accompagnée de la requête suppliante du pardon et de la grâce de Dieu.