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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Raniero Cantalamessa, Marie – Un miroir pour l’Église, Éd. Desclée de Brouwer, 1992, p. 75-82 (3e partie)

Publié par Walter Covens sur 14 Juillet 2006, 19:31pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

Enfin, le titre de " Mère de Dieu " nous parle aussi de Marie. Dans l’univers elle est la seule à pouvoir dire en s’adressant à Jésus ce que le Père céleste lui dit : " Tu es mon fils ; moi je t’ai engendré ! " (cf. Ps 2, 7 ; He A, 5). Saint Ignace d’Antioche reconnaît en toute simplicité, sans presque mesurer la dimension qu’il donne à une créature, que Jésus est " de Dieu et de Marie ". Comme lorsque nous disons d’un homme qu’il est le fils d’un tel et d’une telle. Dante Alighieri a résumé le double paradoxe de Marie, qui est à la fois " vierge et mère " et " mère et fille ", en un seul vers : " vierge Mère, fille de ton Fils ! " Le titre " Mère de Dieu " suffit à lui seul à fonder la grandeur de Marie et à justifier l’honneur qui lui est attribué. On reproche parfois aux catholiques d’exagérer l’honneur et l’importance attribués à Marie. Il faut le reconnaître : ce reproche a pu être justifié, du moins dans la présentation des choses. Mais on ne pense jamais à ce que Dieu a fait. Dieu s’est tellement engagé pour honorer Marie, que personne ne peut en faire ou dire davantage même s’il avait – et c’est Luther lui-même qui l’écrit, autant de langues qu’il y a de brins d’herbe : " L’appelant Mère de Dieu, tout l’honneur qui lui revient y est compris ; personne ne peut dire d’elle ou lui dire quelque chose de plus grand, même s’il avait autant de langues qu’il y a de brins d’herbe, d’étoiles dans le ciel et de sable dans la mer. Aussi notre cœur doit réfléchir sur ce que signifie être Mère de Dieu. " Le titre de Mère de Dieu situe Marie dans une relation unique avec chacune des personnes de la Trinité. Saint François d’Assise, dans une prière, l’exprimait ainsi : " Sainte Vierge Marie, aucune n’est semblable à toi parmi les femmes de ce monde : fille servante du Roi très haut, le Père céleste, mère de notre très saint Seigneur Jésus Christ, épouse du Saint Esprit… prie pour nous ton Fils très saint et bien-aimé, notre Seigneur et Maître. " Mère de Dieu est un titre éternel, irréversible, parce qu’est irréversible l’incarnation du Verbe. Puisque dans la Jérusalem céleste existe l’humanité glorifiée du Christ, de celui qui était mort et qui maintenant est vivant (cf. Ap 1, 18), existe aussi celle qui est reconnue et honorée comme sa mère. Si Jésus ne rougit pas de nous appeler " ses frères " (cf. He 2, 11 s.), pensez-vous qu’il va rougir d’appeler Marie sa mère ! Lui n’a pas besoin, pour montrer qui il est et pour manifester son indépendance divine, de renier le fait d’avoir eu une mère, comme certains grands paladins contemporains de la liberté humaine. Le titre de " Mère de Dieu " est aussi aujourd’hui le point de rencontre et la base commune à tous les chrétiens, d’où nous pouvons repartir pour retrouver un accord sur la place de Marie dans la foi. C’est l’unique titre œcuménique, non seulement de droit, parce que défini par un concile œcuménique, mais aussi de fait car il est reconnu par toutes les Églises. Nous venons de voir ce que pensait Luther. En une autre occasion, il écrit : " L’article qui affirme que Marie est Mère de Dieu est en vigueur dans l’Église depuis les origines et le concile d’Éphèse ne l’a pas défini comme nouveau, car c’est une vérité déjà établie dans l’Évangile et dans l’Écriture Sainte… Ces paroles (Lc A, 32 ; Ga 4, 4) déclarent avec grande fermeté que Marie est vraiment Mère de Dieu. " " Nous croyons, enseignons et confessons, lit-on dans une formule de foi composée après sa mort, que Marie est appelée à juste titre Mère de Dieu et qu’elle l’est vraiment. " Un autre promoteur de la Réforme écrit : " À juste titre, selon mon jugement, Marie est appelée Mère de Dieu, Théotókos. " Ailleurs, le même auteur reconnaît en Marie " la divine Théotókos , élue avant d’avoir la foi " (H. Zwingli). Calvin, à son tour, écrit : " L’Écriture nous déclare explicitement que celui qui devra naître de la Vierge Marie sera appelé Fils de Dieu (Lc 1, 32) et que la Vierge elle-même est la Mère de notre Seigneur. " Mère de Dieu, Théotókos, est donc le titre auquel il faut toujours revenir, en le distinguant, comme le font justement les orthodoxes, de cette série infinie d’autres noms et de titres marials. S’il était pris au sérieux par toutes les Églises et mis effectivement en valeur au-delà d’une reconnaissance en droit comme vérité dogmatique, il suffirait à créer une unité fondamentale autour de Marie. Au lieu d’être une source de divisions entre chrétiens, Marie, Mère de Dieu, deviendrait, après l’Esprit Saint, le plus important facteur d’unité œcuménique, elle qui maternellement aide à " rassembler tous les enfants de Dieu dispersés " (cf. Jn 11, 52). Aux Églises protestantes, encore très en réserve par rapport à Marie (et comme je le disais, en partie de notre faute), je voudrais répéter, malgré l’infinie différence que je reconnais entre Marie et l’Esprit Saint, ce qu’un Père de l’Église cria, à un certain moment, pour stimuler ses contemporains à surmonter doutes et hésitations à proclamer la pleine divinité de l’Esprit Saint : " Jusqu’à quand tiendrons-nous cachée la lampe sous le boisseau ? C’est l’heure de placer la lampe sur le candélabre pour qu’elle brille dans toutes les Églises, dans toutes les âmes, dans le monde entier. " (S. Jean Chrysostome) Au cours du concile d’Éphèse, dans une homélie, un évêque adressa ces paroles aux Pères conciliaires : " Ne privons pas la Vierge Mère de Dieu de l’honneur que lui conféra le mystère de l’Incarnation. N’est-il pas absurde, mes bien-aimés, de glorifier en même temps que les autels du Christ, la croix ignominieuse qui le porta et de la faire resplendir à la face de l’Église, et ensuite de ne pas vouloir reconnaître l’honneur de la Mère de Dieu à celle qui en vue d’un si grand bienfait accueillit la divinité. " (Acace de Mélitène)
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