Du grec skandalon = embûche. Dans le Nouveau Testament, il s'agit d'abord du scandale qu'est le Christ lui-même comme " signe de contradiction " : Lc 2, 34 ; v. Mt 11, 6 ; 1 Co 1, 18-2, 16). Il l'est face à l'attente messianique terrestre des Juifs, et il l'est par sa doctrine et son comportement face à l'auto-justification des Pharisiens. Le scandale gît, au fond, dans l'incompréhensibilité (le paradoxe) de l'Incarnation de Dieu (ainsi surtout saint Jean), qui dépasse radicalement toute représentation et compréhension de ce monde (Jn 1, 5, 10), et à plus forte raison quand on regarde la croix de Jésus (ainsi surtout saint Paul).
Il y a aussi le scandale que donnent les chrétiens, et qui, selon le Nouveau Testament, est avant tout une manifestation nécessaire du mauvais éon (Lc 17, 1), que Jésus a spécialement maudite. Selon la théologie morale, le scandale peut dépendre de celui qui le reçoit : une action en elle-même bonne peut devenir occasion de péché (scandale), soit pour un homme spirituellement et religieusement orgueilleux qui ne cherche pas à comprendre (scandale des pharisiens), soit pour un homme manquant de maturité mentale et de caractère (scandale des faibles).
Le scandale des pharisiens na pas à être évité. Le scandale des faibles doit l'être dans la mesure du possible. Être cause de scandale par malice (pour entraîner un autre à pécher) ou par insouciance (quand on prévoit le péché d'un autre et qu'on ne l'empêche pas alors qu'on pourrait le faire) c'est commettre un péché contre la charité et dans la matière en cause, et on a l'obligation de réparer les dommages ainsi occasionnés.
En certaines occasions, un scandale peut être permis : il ne s'agit pas alors de coopération au péché, mais d'un acte à double effet. Dans le monde et la culture pluraliste d'aujourdhui, au lieu de mettre unilatéralement en garde contre le scandale moral, il faut encourager à un témoignage positif, même si cela doit être pour le monde ambiant un scandale au sens biblique du mot.