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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Jean Paul II, L'évangile: message messianique et tentation (2)

Publié par dominicanus sur 2 Mars 2009, 18:01pm

Catégories : #La vache qui rumine B 2009

En tant que pasteurs de l’Église envoyés à l’homme de notre temps, nous devons être bien conscients de cette tentation, sous ses multiples aspects, non pas pour “juger l’homme”, mais pour aimer davantage encore cet homme: “aimer” veut toujours dire d’abord “comprendre”.


En même temps que cette attitude que nous pourrions appeler passive, il nous faut avoir, d’une manière d’autant plus profonde, une attitude positive, je veux dire être conscient de ce que l’homme historique est très profondément inscrit dans le mystère du Christ, être conscient de la capacité anthropologique de ce mystère, de “la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur”, selon l’expression de saint Paul [Eph. 3, 18.].


Nous devons ensuite être particulièrement disposés au dialogue. Mais il faut avant tout définir sa signification principale et ses conditions fondamentales.


Selon la pensée de Paul VI, et on peut dire aussi du Concile, le “dialogue” signifie certainement l’ouverture, la capacité de comprendre un autre jusqu’aux racines mêmes: son histoire, le chemin qu’il a parcouru, les inspirations qui l’animent. Il ne signifie ni l’indifférentisme, ni en aucune façon “l’art de confondre les concepts essentiels”; or malheureusement, cet art est très souvent reconnu comme équivalant à l’attitude du “dialogue”. Et il ne signifie pas non plus “voiler” la vérité de ses convictions, de son “credo”.


Certes, le Concile requiert de l’Église à notre époque qu’elle ait une foi ouverte au dialogue, dans les diverses cercles d’interlocuteurs dont parlait Paul VI; il requiert également que sa foi soit capable de reconnaître toutes les semences de vérité où qu’elles se trouvent. Mais, pour cette raison même, il requiert de l’Église une foi très mûre, une foi très consciente de sa propre vérité, et en même temps très profondément animés par l’amour.


Tout cela est important en raison de notre mission de pasteurs de l’Église et de prédicateurs de l’Évangile.


Il faut tenir compte du fait que ces formes modernes de la tentation de l’homme prenant l’homme comme absolu atteignent aussi la communauté de l’Église, deviennent aussi des formes de sa tentation, et cherchent ainsi à la détourner de l’auto-réalisation à laquelle elle a été appelée par l’Esprit de Vérité précisément par le Concile de notre siècle.


D’une part, nous nous trouvons face à la menace de l’athéisation “systématique”, et en un certain sens “forcée” au nom du progrès de l’homme; mais d’autre part il y a ici une autre menace, intérieure à l’Église: elle consiste à vouloir, de multiples façons, “se conformer au monde” dans son aspect actuel “évolué”.


On sait combien ce désir se distingue radicalement de ce qu’a enseigné le Christ; il suffit de rappeler la comparaison évangélique du levain et celle du sel de la terre, pour mettre en garde les Apôtres contre la ressemblance avec le monde.


Il ne manque pas toutefois de pionniers ni de “prophètes” de cette orientation du “progrès” dans l’Église.


C’est dire l’ampleur de la tâche des pasteurs en matière de “discernement”, entre ce qui constitue un vrai “renouveau” et ce qui, sous le manteau, abrite les tendances de la “sécularisation” contemporaine et de la “laïcisation”, ou encore la tendance au “compromis” avec un système dont on ne connaît peut-être pas toutes les prémisses.


C’est dire aussi combien grande est la tâche des pasteurs pour “conserver le dépôt”, pour rester fidèle au mystère du Christ inscrit dans l’ensemble de l’histoire de l’homme et aussi pour rester fidèle à ce merveilleux “sens surnaturel de la foi” du peuple de Dieu tout entier, qui en général n’est pas l’objet de publicité dans les mass-media, et qui s’exprime cependant dans la profondeur des cœurs et des consciences avec la langue authentique de l’Esprit. Notre ministère doctrinal et pastoral doit rester surtout au service de ce sensus fidelium, comme l’a rappelé la Constitution “Lumen Gentium” [Cfr. Lumen Gentium, 12.].


A une époque où l’on parle tant du “charisme prophétique” - en n’utilisant pas toujours ce concept conformément à son sens exact - il nous faut profondément rénover et reconstruire la conscience du charisme prophétique lié au ministère épiscopal des maîtres de la foi et des “guides du troupeau”, lesquels incarnent dans la vie, selon une analogie adéquate, les paroles du Christ sur le “Bon Pasteur”.


Le Bon Pasteur se soucie du pâturage, de la nourriture des brebis. Ici, je pense tout particulièrement aux publications théologiques, répandues très vite et au loin, et dans beaucoup de milieux, et dont l’essentiel est vulgarisé dans les revues: ce sont elles qui, selon leurs qualités, leur profondeur, leur sens de l’Église, éduquent et approfondissent la foi, ou au contraire l’ébranlent ou la dissolvent par leur partialité ou leurs méthodes. Les publications françaises ont souvent eu, elles ont toujours, une portée internationale, même auprès des jeunes Églises. Votre charisme prophétique vous fait un devoir de veiller particulièrement à leur fidélité doctrinale, à leur qualité ecclésiale.



DISCOURS DE JEAN-PAUL II AUX ÉVÊQUES DE FRANCE

Paris
Dimanche, 1er juin 1980



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