P. Marie-Eugène de lE.J., Au souffle de lEsprit, Prière et Action, Éd. du Carmel, pp. 216-219 (1e partie)
Je vous ai parlé darêtes lumineuses, de rayons lumineux qui fendent la nuit du moins un instant, et nous permettent daller très loin dans la prière du Christ, de voir suffisamment ce quelle a été et son utilité. De cela, tirons quelques conclusions pratiques.
La première, cest que nous devons beaucoup prier. Il ne faudrait pas que nous soyons de ces chrétiens qui croient quaprès avoir récité quelques prières vocales le matin et le soir, après avoir assisté vaguement ou même de façon fervente à la messe du dimanche, ils ont rempli un peu plus même que leur devoir, parce quils voient à côté deux des gens qui ne font même pas cela
Notre vie véritable, celle qui ne finira pas, sera une vie dunion avec Dieu et nous sommes ici-bas pour nous exercer à cette vie du Ciel. Si nous arrivons dans le Ciel et que nous ne sachions pas prier, nous aurons probablement à lapprendre, et nous risquons de manquer la porte parce que nous ne saurons pas faire. Cest un métier quon napprend pas dans le paradis ! Le bon Dieu dira : depuis cinquante ans, soixante ans, peut-être davantage, tu avais la grâce, tu avais les moyens de prier et de tunir, et tu ne las pas fait ? tu as laissé ce talent, ce talent précieux, tu ne las pas exercé ? (cf. Mt 25, 14 s.)
La vie chrétienne nest pas seulement une vie morale, elle ne consiste pas seulement à éviter ceci ou cela ; elle consiste surtout à faire du positif. On ne développe pas sa vie en évitant les microbes, on développe sa vie par lexercice des fonctions vitales, et en nourrissant ses énergies vitales par laliment approprié. Nos énergies vitales chrétiennes, cest la grâce, cest dêtre enfant de Dieu. Cette fonction consiste à nous unir à Dieu et, avec Dieu le Père à spirer lAmour, par conséquent, comme dit saint Jean de la Croix, à spirer déjà lEsprit Saint. Cest là notre fonction principale.
Permettez-moi dinsister : à notre époque, même les bons chrétiens sont parfois un peu trop orientés vers des fonctions qui sont importantes mais secondaires. On croit parfois que lexercice de la charité, cest surtout lexercice de la charité sociale : ce nest pas vrai. La charité sociale entre dans nos devoirs, mais cest une fausse interprétation de lÉvangile de penser quêtre chrétien, cest surtout faire cette charité sociale.
La charité, cest celle qui nous unit à Dieu. Quand Notre Seigneur nous demande de lexercer à légard du prochain, cest en la surnaturalisant, en voyant dans ce prochain le prolongement de Dieu, ou en exerçant cette charité pour conduire cette âme à ses opérations essentielles denfant de Dieu et lintroduire dans la Trinité sainte. Cette charité doit avoir un but dapostolat : ramener cette âme dans la voie, non pas seulement à la messe du dimanche, mais lui montrer le chemin qui va dans la Trinité sainte.
Nous devons donc donner à cette prière la place quelle doit avoir dans notre vie. Nous devrions retrouver latmosphère et les lumières dans lesquelles vivaient les premiers siècles du christianisme : la grande lumière qui devrait éclairer nos vies chrétiennes personnelles, notre vie familiale, notre vie sociale, cest le dogme et la vie de la Trinité sainte.
Ce nest pas réservé à quelques spécialistes qui ont le temps, ou à quelques moines ou religieuses qui en ont le goût. Cest une vérité chrétienne. Il faut, par conséquent, donner à nos enfants le moyen, cest-à-dire linstruction qui les oriente vers cette vie trinitaire, à laquelle nous devons participer et qui est notre terme. Nous devons nous exercer à lunion, orienter notre vie familiale et notre vie sociale, notre vie personnelle vers ce terme quest notre participation à la vie trinitaire.
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