Jean-Claude Sagne, Notre vie sous la conduite de Marie
Peut-être y a-t-il (encore) trois épreuves typiques de la vie mariale. Cest dabord lexpérience dune extrême fragilité, comme dun enfant démuni. Chemin de patience et dhumiliation, le service de Marie passe souvent par le sentiment de lanéantissement, qui est une école dabandon. La deuxième épreuve typique est la vie cachée " à lintérieur ", la vie cachée à nos propres yeux, de sorte quil ny ait de connaissance distincte ni de grâces ni des lumières ni non plus des épreuves ou des purifications. Lépreuve consiste ici précisément dans lenfouissement de tout le vécu spirituel sous le vécu humain le plus ordinaire, quil soit psychique ou somatique ou relationnel. Ce quil y a de difficile ici, cest de consentir à une sorte dinexistence personnelle au point de vue spirituel. Puis la troisième épreuve de la vie mariale serait une sorte daffrontement aux puissances des ténèbres de façon inexplicable et insolite, sans doute parce quil y a recrudescence du combat pour le Royaume partout où lon veut faire connaître et aimer Marie.
La découverte de Marie dans notre vie de prière répond au dynamisme dun approfondissement dans la relation à la mère. Elle nous attire du ressentie de la joie vers ladhésion maintenue de la pure fidélité et nous fait passer de la fréquentation familière de lenfant ou de lhomme jeune vers la présence quasi-imperceptible de lembryon dans son milieu de vie nourricier. Ce qui provoque la décantation des notes sensibles du début, ce nest pas la lassitude ni la désillusion, mais bien plutôt lentrée dans la profondeur de la nuée lumineuse où Dieu habite. Quand parfois il ny a même plus de parole à entendre, cest que nous sommes davantage unis à ce qui est la condition première et indispensable de la parole humaine, telle que le Verbe a voulu la connaître au début de son Incarnation en se cachant dans le sein de Marie. Pour quun parole se donne à entendre, il faut dabord quil y ait laccueil du don de la vie
En ce qui concerne la vie mariale, lévolution habituelle est significative. Dans un premier moment, Marie semble vouloir sinscrire dans les attentes de notre imaginaire en les accomplissant. La suite de la route fait éprouver la perte de cette présence proche et ressentie. Le pivot est lunion à Jésus lui-même caché en Marie. LEsprit nous introduit plus avant dans le mystère de la vie filiale de Jésus. Lhorizon de lumière est la gloire de la vie filiale dans le cur du Ressuscité devant le Père. Laujourdhui est notre vie cachée avec le Christ en Dieu. Cest lintimité croissante avec Marie qui aboutit à une union plus profonde avec Jésus, caché dans le sein de Marie pour être de nouveau caché dans le sien du Père.
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