« Dieu tout-puissant, accorde-nous, en ces jours de fête, de célébrer avec ferveur le Christ ressuscité : Que le mystère de Pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. »
Que le mystère de Pâques reste présent dans notre vie et la transforme ... Comment ?
Dans la 2e lecture, saint Pierre nous dit :
- « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous ... »
Sommes-nous devenus, durant ce temps pascal, un peu plus expert de la foi et de l'espérance qui est en nous depuis notre baptême pour pouvoir en rendre compte ? La foi n'est pas une fleur sauvage qui pousse n'importe où n'importe comment. La foi est une fleur qu'il faut cultiver dans le jardin de l'Eglise. Pour la cultiver, il faut veiller à ce que les mauvaises herbes, qui, elles, poussent n'importe où, n'importe comment, ne l'étouffent pas. Il faut les arroser, leur donner de l'engrais, guider leur croissance.
Qu'avons-nous fait pour cela devant tous ceux qui attendent la lumière que nous avons reçue au baptême ? C'est pour cela que le Seigneur nous a donné une langue ! C'est pour communiquer notre foi et notre espérance aux autres, en commençant par nos enfants.
Si nous devons toujours être prêts à nous expliquer, nous avons aussi à témoigner par toute notre vie. Lors du baptême de vos petits enfants, le célébrant, en remettant aux familles le cierge du baptême, allumé au cierge pascal, dit aux familles :
- « C'est à vous, leurs parents, leurs parrains et marraines, que cette lumière est confiée : Veillez à l'entretenir pour que vos enfants, illuminés pas le Christ, avancent dans la vie en enfants de lumière et persévèrent dans la foi ... »
Or, Mgr Méranville, notre archevêque émérite, rendant compte d'une visite ad limina de la Conférence épiscopale des Antilles, mentionne la famille comme la première question abordée :
- « La Famille, fragilisée et menacée dans notre région, avec pour corollaire des problèmes d'éducation et de vocations religieuses et sacerdotales. Car sans familles chrétiennes qui catéchisent les enfants par la parole mais surtout par l'exemple, il est difficile aux jeunes de connaître Jésus-Christ, de le rencontrer et de vouloir se mettre à sa suite. »
Même constat pour le Service Diocésain de la Catéchèse, qui avait fait un sondage auprès des prêtres et des catéchistes du cheminement. Il en ressort que la plupart des familles n'assument pas leur place dans l'éducation chrétienne de leurs enfants. Tout le monde promet, mais les promesses ne sont pas tenues ! On se laisse prendre par des tas de soucis qu'on estime prioritaires, mais qu'y a-t-il de plus prioritaire que l'éducation chrétienne des enfants dans leur famille, par la parole et par l'exemple, par l'amour surtout ?
Entendons-nous bien : l'amour dont Jésus parle dans l'évangile, ce n'est pas une affaire de sentiments. Rien à voir avec les chansons d'amour qui pullulent à la radio, la télévision, l'Internet ! Les chants de la Bible, on les appelle les psaumes. Celui qui est le plus long de tous, c'est un chant d'amour ... de la Loi.
- « Vois combien j'aime tes préceptes, Seigneur, fais-moi vivre selon ton amour ! » (v. 59)
- « Ton amour, Seigneur, emplit la terre ; apprends-moi tes commandements. » (v. 64)
- « Fais-moi vivre selon ton amour : j'observerai les décrets de ta bouche. » (v. 88)
- « De quel amour j'aime ta loi : tout le jour je la médite ! » (v. 97)
Dans l'évangile Jésus dit :
« Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Jésus ne parle pas ici d'apparitions ou d'autres phénomènes extraordinaires. Il parle de ce qui se passe habituellement chez quelqu'un qui reste fidèle à ses commandements. Si nous ne sommes pas fidèles, nous pourrons avoir des idées au sujet de Jésus, mais Jésus ne se manifestera pas à nous. Il restera un étranger. Pouvons-nous dire que Jésus est vraiment quelqu'un qui s'est manifesté à nous ? Comment ? (cf. Deus caritas n. 17)
De l'Esprit Saint, Jésus dit que « le monde ne peut pas le recevoir ». Et si nous, chrétiens, nous vivons « comme tout le monde », nous aurons beau être chrétiens, baptisés, confirmés, mariés à l'église, nous ne pourrons pas connaître l'Esprit Saint. Si nous ne connaissons pas l'Esprit Saint, comment alors témoigner de Jésus ? Cela n'est pas possible.
C'est pour cela que l'Eglise demande la confirmation pour être parrain ou marraine (cf. 1e lect.) et aussi pour se marier : pour que les époux puissent être témoins de la foi l'un pour l'autre, pour que les parrains et les marraines le soient pour leur filleul(e).
La confirmation n'est pas une simple formalité, après laquelle on peut envoyer tout promener ! La confirmation est le sacrement qui donne l'Esprit Saint pour pouvoir témoigner. Quelqu'un qui reçoit la confirmation sans vouloir témoigner, cela n'a pas de sens, pas davantage que celui qui veut témoigner mais qui néglige de recevoir la confirmation. Cela ne veut pas dire que l'Esprit Saint n'est pas donné au baptême (il est donné dans tous les sacrements), mais la première lecture montre que le baptême et la confirmation sont bien deux sacrements distincts, et que, tant qu'on n'a pas reçu la confirmation, la vie chrétienne reste inachevée. Pourquoi ? Parce que le témoignage fait partie inhérente des commandements de Jésus.
Remarquez ici une chose importante : ce n'est pas la même chose de ne pas être confirmé si l'on n'est pas chrétien et de ne pas être confirmé si on l'est. Il y a eu dans l'histoire, et aujourd'hui encore, des hommes et des femmes qui n'ont jamais connu le Christ et qui ont donné un témoignage d'amour admirable. Mais on ne va pas dire qu'ils ont été des témoins de Jésus Christ ... Pensez ici au chapitre 25 de saint Matthieu : « J'avais faim, et vous m'avez donné à manger... » Cette parabole est racontée par Jésus pour nous faire comprendre ce qui va se passer lors du Jugement dernier. Ce ne sont pas seulement les chrétiens qui seront jugés par Jésus, mais tous les hommes. Eh bien, ceux qui, sans connaître Jésus, ont vécu en faisant du bien à leur prochain, ils seront sauvés par Jésus sans l'avoir connu sur la terre. Mais qu'on n'aille pas dire alors qu'ils étaient de bons chrétiens, « des chrétiens qui s'ignorent » !
A ses disciples Jésus racontera une autre parabole. Saint Pierre demande alors si elle s'adresse « à nous ou à tout le monde ». Aux chrétiens, à ceux qui ont eu le privilège inouï d'avoir connu Jésus, d'avoir reçu la foi et le baptême, d'avoir connu la volonté du Père, il leur sera demandé davantage, et s'ils n'ont pas fait ce qui leur a été demandé, ils recevront « un grand nombre de coups » (cf. Lc 12, 35-48).