L'Osservatore Romano, L'attente qui habite déjà le coeur de l'homme (2)
Soutenu par la tradition chrétienne - vivante dans les textes et vivante chez des multitudes de femmes et d'hommes qui ont su témoigner du nom du Seigneur
jusqu'à l'extrême, mais aussi dans la peine et dans la joie de chaque jour, dans les "petites difficultés quotidiennes" - Benoît XVI ne craint pas la confrontation avec la pensée moderne, il la
recherche au contraire, pour une relation paisible et confiante. Ainsi, l'explication de l'espérance méditée et vécue s'accompagne dans l'Encyclique du dialogue avec ceux qui sont à l'origine de
la sensibilité de notre temps, souvent très éloignée de l'espérance chrétienne : des prémisses de Bacon à la réaction de Kant à la Révolution française, la critique du Pape - qui évoque
celle d'autres penseurs du XXe siècle comme Horkheimer et Adorno - s'étend jusqu'à Engels, Marx, Lénine, dont les enseignements sur la dictature du prolétariat ont laissé "derrière eux
une destruction désolante", car ils ont "oublié l'homme" et "oublié sa liberté". Mais la critique de Benoît XVI s'adresse également au christianisme moderne, lorsque celui-ci n'est "en grande
partie concentré que sur l'individu et sur son salut", sans même reconnaître "la grandeur de sa tâche"; même si ce qu'il a fait pour l'éducation de l'homme et le soin apporté aux faibles et aux
personnes qui souffrent reste grand.
Face à ce que le Pape appelle "l'ambiguïté du progrès", il est alors nécessaire que la raison - "grand don de Dieu à l'homme", au point que "la victoire de la raison sur l'irrationalité est aussi un but de la foi chrétienne" - s'ouvre à la foi, selon une préoccupation caractéristique de la pensée de Joseph Ratzinger et à présent de sa prédication comme Évêque de Rome. Face au risque individualiste, Benoît XVI répète avec les Pères de l'Église, son maître saint Augustin et Henri de Lubac que le salut "a toujours été considéré comme une réalité communautaire".
Sauvés dans l'espérance, chaque jour de la vie de ce monde les chrétiens ont attendu et continuent d'attendre les réalités ultimes, dites jadis novissimi - la mort, le jugement, l'enfer, le paradis - et sur leur signification, toujours radicalement actuelle, le Pape réfléchit également de manière laïque, citant Dostoïevski et Platon. Mais les images de l'espérance les plus chères à la tradition chrétienne sont les images évangéliques, surtout selon le récit de saint Luc. De l'attente humble et silencieuse d'Israël avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne à celle de Marie, en voyage pour se rendre auprès d'Élisabeth et qui se presse sur les monts de la Judée : "A l'image de l'Église à venir qui, dans son sein, porte l'espérance du monde à travers les monts de l'histoire". C'est à elle que Benoît XVI se confie lui-même et confie toute l'Église, en se souvenant assurément de ce qu'il disait dans sa dernière homélie avant d'être élu au Conclave. Que toute chose passe, l'argent, les édifices, jusqu'aux livres, et que seul demeure l'homme créé pour l'éternité :
Face à ce que le Pape appelle "l'ambiguïté du progrès", il est alors nécessaire que la raison - "grand don de Dieu à l'homme", au point que "la victoire de la raison sur l'irrationalité est aussi un but de la foi chrétienne" - s'ouvre à la foi, selon une préoccupation caractéristique de la pensée de Joseph Ratzinger et à présent de sa prédication comme Évêque de Rome. Face au risque individualiste, Benoît XVI répète avec les Pères de l'Église, son maître saint Augustin et Henri de Lubac que le salut "a toujours été considéré comme une réalité communautaire".
Sauvés dans l'espérance, chaque jour de la vie de ce monde les chrétiens ont attendu et continuent d'attendre les réalités ultimes, dites jadis novissimi - la mort, le jugement, l'enfer, le paradis - et sur leur signification, toujours radicalement actuelle, le Pape réfléchit également de manière laïque, citant Dostoïevski et Platon. Mais les images de l'espérance les plus chères à la tradition chrétienne sont les images évangéliques, surtout selon le récit de saint Luc. De l'attente humble et silencieuse d'Israël avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne à celle de Marie, en voyage pour se rendre auprès d'Élisabeth et qui se presse sur les monts de la Judée : "A l'image de l'Église à venir qui, dans son sein, porte l'espérance du monde à travers les monts de l'histoire". C'est à elle que Benoît XVI se confie lui-même et confie toute l'Église, en se souvenant assurément de ce qu'il disait dans sa dernière homélie avant d'être élu au Conclave. Que toute chose passe, l'argent, les édifices, jusqu'aux livres, et que seul demeure l'homme créé pour l'éternité :
"Le fruit qui demeure est donc ce que nous avons semé dans les âmes humaines - l'amour, la connaissance; le geste capable de toucher le coeur; la parole qui ouvre l'âme à la joie du Seigneur. Alors allons et prions le Seigneur, pour qu'il nous aide à porter du fruit, un fruit qui demeure".Comme demeureront les fruits de l'Encyclique chez qui voudra la lire et méditer sur l'espérance.
© L'Osservatore Romano - 4 décembre 2007