Benoît XVI se préoccupe de repenser et d'expliquer les fondements du choix chrétien et sa racine est l'Écriture ; dans ce cas les lettres pauliniennes en particulier, dictées dans un monde capable d'exprimer son angoisse dans les paroles d'une épitaphe qui semble écrite par le désespoir d'aujourd'hui: in nihil ab nihilo quam cito recidimus ("Du rien dans le rien, combien souvent nous retombons"). C'est sur certains termes du Nouveau Testament, enraciné dans la foi d'Israël, que le Pape fonde sa confrontation avec la tradition chrétienne, même celle exprimée par les images, gravées par exemple sur les sarcophages pour signifier l'attente du réveil définitif. Benoît XVI demande à son lecteur de l'attention et un effort, comme pour tout ce qui en vaut la peine. Et réfléchir sur ce vers quoi tend le coeur des êtres humains - même obscurément - vaut véritablement la peine.
L'explication que le Pape Benoît XVI donne des fondements de l'être chrétien part de l'Écriture, lue à la lumière de la tradition chrétienne, et donc éclairée également par l'expérience de certaines figures exemplaires : celles des saints. Ainsi la pensée sur l'espérance de Benoît XVI - tant imprégnée de textes chrétiens, notamment patristiques et médiévaux, qu'attentive à la modernité - trouve une confirmation dans l'histoire chrétienne du XIXe et du XXe siècle. Comme l'expérience d'une petite esclave africaine, sainte Bakhita, qui reconnut finalement en Dieu un "maître" non plus terrible, mais "totalement différent" et qui lui changea la vie. Ou encore le témoignage bouleversant, conservé dans une véritable "lettre de l'enfer", du martyr vietnamien Paul Le-Bao-Thin : même dans l'abîme de la prison et de la haine déchaînée chez les victimes elles-mêmes, ce "prisonnier au nom du Christ" fit lui aussi l'expérience du salut dans l'espérance. Et comme lui un autre martyr de notre temps qui fut ensuite créé cardinal, Nguyen Van Thuan.