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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


L'Osservatore Romano, L'attente qui habite déjà le coeur de l'homme (1)

Publié par dominicanus sur 13 Décembre 2007, 18:01pm

Catégories : #La vache qui rumine (Année A)

    Comment peut-on vivre ? Comment est-il possible d'"affronter notre présent, souvent marqué par l'égarement et la douleur ? Comment supporter chaque jour la difficulté de vivre ? C'est à ces questions - qui agitent le coeur de toute femme et de tout homme de notre temps - que veut répondre la deuxième Encyclique de Benoît XVI. Tout comme Deus caritas est, ce document pontifical, de manière limpide et exigeante, réfléchit lui aussi sur une affirmation néotestamentaire, de saint Paul cette fois. La réponse de l'Évêque de Rome est à la fois convaincante d'un point de vue rationnel et pleine de confiance  dans son ouverture  à une nouveauté radicale. Et l'être chrétien - qui selon le Pape n'est pas une idéologie ou une morale, mais la rencontre avec quelqu'un qui change véritablement la vie - fait chaque jour l'expérience de cette nouveauté radicale que Paul annonçait il y a près de vingt siècles :  "Dans l'espérance nous avons tous été sauvés". C'est-à-dire dans l'attente d'un avenir qui habite déjà le coeur de l'homme.

    Benoît XVI se préoccupe de repenser et d'expliquer les fondements du choix chrétien et sa racine est l'Écriture ; dans ce cas les lettres pauliniennes en particulier, dictées dans un monde capable d'exprimer son angoisse dans les paroles d'une épitaphe qui semble écrite par le désespoir d'aujourd'hui:  in nihil ab nihilo quam cito recidimus ("Du rien dans le rien, combien souvent nous retombons"). C'est sur certains termes du Nouveau Testament, enraciné dans la foi d'Israël, que le Pape fonde sa confrontation avec la tradition chrétienne, même celle exprimée par les images, gravées par exemple sur les sarcophages pour signifier l'attente du réveil définitif. Benoît XVI demande à son lecteur de l'attention et un effort, comme pour tout ce qui en vaut la peine. Et réfléchir sur ce vers quoi tend le coeur des êtres humains - même obscurément - vaut véritablement la peine.

    L'explication que le Pape Benoît XVI donne des fondements de l'être chrétien part de l'Écriture, lue à la lumière de la tradition chrétienne, et donc éclairée également par l'expérience de certaines figures exemplaires :  celles des saints. Ainsi la pensée sur l'espérance de Benoît XVI - tant imprégnée de textes chrétiens, notamment patristiques et médiévaux, qu'attentive à la modernité - trouve une confirmation dans l'histoire chrétienne du XIXe et du XXe siècle. Comme l'expérience d'une petite esclave africaine, sainte Bakhita, qui reconnut finalement en Dieu un "maître" non plus terrible, mais "totalement différent" et qui lui changea la vie. Ou encore le témoignage bouleversant, conservé dans une véritable "lettre de l'enfer", du martyr vietnamien Paul Le-Bao-Thin :  même dans l'abîme de la prison et de la haine déchaînée chez les victimes elles-mêmes, ce "prisonnier au nom du Christ" fit lui aussi l'expérience du salut dans l'espérance. Et comme lui un autre martyr de notre temps qui fut ensuite créé cardinal, Nguyen Van Thuan.

© L'Osservatore Romano - 4 décembre 2007
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