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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Conférence épiscopale allemande, La vie du monde à venir (2)

Publié par dominicanus sur 12 Novembre 2007, 13:11pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

2. La mort et la résurrection

2.1. La mort dans la perspective chrétienne


    "Au milieu de la vie, nous sommes entourés par la mort" ; ce sont les premiers mots d'un cantique qui date du XIe siècle. Ce cantique nous dit que la mort dont nous parlons n'est pas seulement la mort clinique et biologique, c'est-à-dire l'arrêt définitif des fonctions cardiaque et cérébrale. La mort n'est pas seulement notre dernière heure, dont personne ne sait quand elle sonnera. La mort est déjà présente au coeur de notre vie, elle marque la vie de son empreinte et la menace chaque jour de multiples manières. La maladie, l'échec, la souffrance sont des signes avant-coureurs de la mort ; ils nous indiquent que nous ne sommes pas totalement maîtres de notre vie, qu'elle nous échappe constamment, avant de nous être définitivement retirée par la mort. La mort marque donc toute notre vie de son empreinte. Elle la caractérise comme finie et limitée ; la vie n'occupe qu'un laps de temps déternminé entre la naissance et la mort.
Soixante-dix ans, c'est la durée de notre vie, quatre-vignts, si elle est vigoureuse (Ps 90,10).

    Pourtant, ce n'est là qu'un aspect des choses. Car la perspective de la mort ne rend pas seulement la vie précaire ; elle lui donne aussi son importance et son prix. La durée de notre vie étant limitée, notre temps est précieux. Il convient donc de mettre à profit le temps présent (cf. Ép. 5,16 ; Col 4,5). Chaque heure qui passe pourrait être la dernière, aucune minute écoulée ne reviendra ; chacune doit être bien utilisée. La mort est donc également présente dans notre vie en un sens positif ; c'est elle qui lui donne son caractère d'urgence, son caractère définitif. Sans la mort, la vie serait profondément ennuyeuse ; dans la pespective de la mort, ele devient un défi, une invitation à nos décider tout de suite. Prendre au sérieux la mort donne donc à la vie tout son sens. C'est pourquoi la tradition chrétienne appelle la mort la fin du pèlerinage de l'homme. Elle veut dire par là que la mort nous ôte définitivement la possiblité de façonner notre vie terrestre et, avec la grâce de Dieu, de faire notre salut. Il faut agir tant qu'il est temps.

    La vie et la mort s'interpénètrent donc. Là où la mort est niée, passée sous silence, dissimulée, déclarée tabou, - comme il arrive souvent dans notre société moderne, - les hommes ne vivent plus de façon vraiment humaine. Ne peut vivre de façon vraiment humaine que celui qui regarde la mort en face et qui l'accepte. Mais sommes-nous capables de cela ? Quel est le sens de la vie face à la mort ? Quel est le sens de la mort pour la vie ?

    La question du sens de la vie et de la mort occupe déjà les premières pages de la Sainte Écriture. La réponse qu'on y trouve est la suivante : Dieu ne veut pas la mort. La mort est une conséquence du péché. Dans le péché, l'homme veut s'emparer du fruit de l'arbre de vie et se rendre maître de la vie. Ce faisant, il s'égare et présume de ses forces. Au lieu de la vie, il choisit la mort (cf. Gn 2,17 ; 3,19). ainsi Paul peut-il dire :
Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort (Rm 5,12).
    Bien entendu, cela ne veut pas dire que l'homme, au pardis terrestre, aurait continué indéfiniment de vivre sur terre, s'il n'avait pas péché. Dans notre monde fini, la vie sans la mort est biologiquement impensable. Mais pour la Bible, il ne s'agit pas de la mort biologique ou clinique, il s'agit de l'expérience concrète et personnelle de la mort de l'homme : la mort comme issue fatale et absurde, la mort dans la souffrance et dans l'angoisse, contre laquelle la volonté de vivre de l'homme se défend, et même se révolte. Cette mort-là, Dieu ne l'a pas voulue ; cette mort-là est le fruit du péché, le signe que celui-ci nous éloigne de Dieu, source et plénitude de la vie. Étant donné que la Sainte Écriture voit la mort comme la conséquence du péché, elle se garde bien de lui conférer une sorte de grandeur tragique. Elle voit bien toute l'horreur de la mort. La mort est le "dernier ennemi" (cf. 1 Co 15,26 ; Ap 20,14).

    Ce qui caractérise la conception chrétienne de la mort, ce n'est pas seulement l'idée que tous les hommes sont voués à la mort par suite de la désobéissance du premier Adam. Plus importante encore est la mort salutaire de Jésus-Christ, le nouvel Adam, par lequel la mort a été vaincue. Dans une ancinne hymne au Christ, il est dit :
Il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix (Ph 2,8).
    Par son obéisance, Jésus a vaincu la puissance de la mort (cf. 2 Tm 1,10 ; He 2,14). La mort, après que Jésus est passé par elle, n'est plus simplement une fatalité inéluctable. À la suite de Jésus, la mort peut, au contraire, être comprise et acceptée comme l'expression de la volonté du Père. De ce fait, la mort a "perdu son aiguillon" (cf. 1 Co 15,55). C'est pourquoi le croyant est déjà passé de la mort à la vie (cf. Jn 5,24). La préface des défunts exprime cela très clairement :
Si la loi de la mort nous afflige, la promesse de l'immortalité nous apporte la consolation. Car pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n'est pas détruite, elle est transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux.
    Là où la mort est acceptée dans la foi et comprise comme un passage à la vie éternelle, on peut avec François d'Assise parler de notre "soeur la mort" et se réconcilier avec elle. On peut même, pour témoigner de sa foi et par amour pour ses frères, accepter consciemment, dans le martyre, de faire le sacrifice de sa vie.

    Dans la conception chrétienne de la mort, la vie et la mort sont étroitement liées. La piété chrétienne en a tiré cet avertissement : "Memento mori", "Souviens-toi de la mort".  Ce n'est pas une exhortation à fuir le monde, mais une invitation à mettre de l'ordre dans sa vie et à la vivre convenablement. Cette parole ne traduit aucune angoisse devant la mort, mais seulement le souci de réussir sa mort. Dans le même esprit, les litanies des saints contiennent cette demande : "De la mort subite, délivre-nous, Seigneur". L'idée est que l'homme doit se préparer à la mort et aller avec pleine conscience au-devant d'elle. Il y avait autrefois une façon chrétienne de mourir, entouré des siens, muni des sacrements de l'Église. À la fin du Moyen Âge circulaient des petits livres intitulés "L'art de mourir". Cet art, si l'on peut ainsi parler, se perd dans notre monde moderne. La plupart des occidentaux meurent aujourd'hui dans l'anonymat d'un hôpital techniquement parfait, sans doute, mais sans être entourés de leurs proches, sans être préparés ni accompagnés spirituellement. Le fait que la mort soit de plus en plus considérée comme tabou contribue à isoler davantage encore le mourant. Par contrecoup, la vie elle-même s'en trouve banalisée. Il est grand temps que les chrétiens fassent en sorte que la mort soit à nouveau vécue de façon digne, du point de vue humain et chrétien, et surtout que personne ne meure dans la solitude. À l'homme qui va mourir, nous devons, plus qu'à tout autre, le témoignage de notre espérance chrétienne et le soutien de notre présence et de notre prière (cf. Synode commun des diocèses d'Allemagne "Notre Espérance", 1975, 4,4).

Catéchisme pour adultes publié par la Conférence épiscopale allemande. La foi de l'Église,
Brepols/Centurion/Cerf 1987, p. 396 s.

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