Diaconies ex-fide et diaconies fidei
Nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée. Si c'est la prophétie, prenons pour règle la foi ; si c'est le service, servons ; si c'est l'enseignement, enseignons ; si c'est le don d'exhorter, exhortons. Que celui qui donne le fasse avec simplicité ; celui qui préside, avec zèle ; celui qui pratique la miséricorde, avec un visage aimable.
Ou bien : 1 Corinthiens 12, 8-10 :
À l'un, une parole de sagesse est donnée par l'Esprit ; à l'autre, c'est une parole de science de par ce même Esprit ; à un autre, c'est la foi dans ce même Esprit ; à un autre, le pouvoir de faire des miracles ; à un autre la prophétie.
On trouve la même chose à la fin du chapitre (1 Corinthiens 12, 28) dans un passage similaire à celui d'Éphésiens 4, 11 :
Ceux que Dieu a établis dans l'Église sont : premièrement les apôtres, deuxièmement les prophètes, troisièmement les docteurs. Puis c'est le don des miracles, celui de guérir, celui d'assister, de gouverner, de parler diverses langues.
Parmi les éléments de ces indications variées, je propose de faire une dictinction utile pour nous orienter dans la formation de l'évangélisateur.
1 - Il existe dans l'Église certains services que l'on peut appeler des "diaconies ex-fide".
Ce sont tous ces services que nous rendons à nos frères, et qui découlent de notre foi, donc de notre baptême, mais qui peuvent être rendus par beaucoup d'autres et en collaboration avec d'autres : le service des malades, des handicapés, le dévouement aux drogués, le souci de la justice, les services sociaux, l'enseignement, l'aide aux prisonniers et aux marginaux de toute nature. Ce sont, de toute façon, des diaconies, des oeuvres de miséricorde et d'assistance en tous genres qui, chez les chrétiens, sont inspirées par la foi et qui, en elles-mêmes, peuvent naître simplement d'un souci d'humanité, de solidarité avec nos frères. Cependant pour le chrétien elles prennent un sens particulier parce qu'elles sont le fruit de la foi raisonnée ; quant à l'objet de ces oeuvres, il ne se distingue pas, au contraire, des autres services.
2 - Il existe d'autres services (surtout les cinq qui sont rappelés dans la lettre aux Éphésiens - apôtres, prophètes, évangélisateurs, pasteurs, docteurs -) qui sont spécifiquement des "diaconies fidei", c'est-à-dire dans lesquelles l'objet du service est la foi elle-même.
Appartiennent aux diaconies de la foi les différentes formes d'évangélisation, du service pastoral, du soutien de la communauté, de l'exposition des raisons d'espérance. Ces deux groupes de diaconies sont liés les uns aux autres ; les diaconies "ex-fide" se réfèrent plutôt au désir d'améliorer la condition humaine, tandis que les diaconies "fidei" concernent l'évangélisation, le service dans lequel la foi elle-même est l'objet du don communiqué.
Certainement, pour un chrétien la diaconie "fidei" constitue le meilleur service qu'il soit possible de rendre : s'il est vrai que les besoins des hommes sont multiples, l'essentiel est pourtant son besoin irrépressible de foi, d'espérance, d'amour sans limites.
Tous les autres services sont utiles, mais, selon l'optique chrétienne, ils trouvent leur point d'impact dans le service des services, dans le ministère des ministères, celui qui donne à un homme la force d'espérer et de vivre. Il est important de procurer le pain, la justice, la possiblité d'une vie décente : mais si ensuite on ne fournit pas à cet homme un motif profond de vivre, à quoi bon lui avoir donné tout le reste ?
Le chrétien se met au service de l'humanité en sachant bien que c'est un service indispensable pour que tous les autres servent à faire pleinement le bonheur de l'homme.
Cette distinction va nous aider à mieux comprendre l'enseignement de Jésus présenté dans l'Évangile de Luc aux chapitres allant de 5 à 18.