L'argent peut être tout d'abord pour nous, une grâce de libératon et un chemin vers la paix. 'L'ouvrier mérite son salaire', dit Jésus (Lc 10, 7 ; 1 Tm 5, 18). Et même dans l'équipe des Douze, il y avait une 'caisse commune' (Jn 12, 6 ; 13, 29). La juste rétribution est donc 'un dû' (Rm 4, 4). Le prix du travail devient dès lors une joie méritée, bénie de Dieu ; et l'argent ainsi perçu, bien utilisé, libère des mauvais soucis, épanouit, conduit à la paix. Sagement géré et décemment dépensé, il fait l'homme digne et le rend libre.
L'argent peut être plus encore une grâce de partage. Il peut nous aider à traduire notre amour, à oeuvrer pour la justice, à faire grandir le respect. Si nous savons, par là, éviter de dresser des barrières, comme il peut nous aider à tisser des liens et à réconcilier des coeurs. Et même s'il est 'trompeur', comme nous dit Jésus, il peut nous aider à nous faire des amis et à rendre des gens heureux. Oui, si nous savons bien l'utiliser, le partager, sans nous laisser jamais dominer ou asservir par lui, l'argent peut nous aider à aimer. Chacune de nos familles ou de nos communautés en fait l'expérience quotidienne.
On pourrait dire enfin, dans la ligne de cette étonnante parabole, que l'argent comporte comme ue grâce de pardon. Il peut être dur et culpabilisant d'être riche. Trop riche. Toute fortune est si fragile ! L'avoir parfois si attristant ! Le don de son argent peut être alors comme une occasion de réconciliation ; l'expérience d'une authentique générosité, d'une véritable charité (cf. 1 Tm 6, 17-19). Au bout du compte, l'aumône, le partage, et, peut-être un jour, le détachement, le dépouillement, peuvent nous conduire à la découverte d'un "vrai trésor dans le ciel" (Lc 18, 22). L'argent ainsi 'perdu', comme une vie 'donnée' (Lc 9, 24), peut dès lors devenir une vraie route vers le salut.