« Dieu, nous dit le prophète Isaïe, attend le pécheur, et cela, par un pur effet de sa bonté, car le pécheur, aussitôt qu'il est tombé en faute, mérite d'être puni. » Rien n'est plus dû au péché que le châtiment. Dès que ce misérable pécheur s'est révolté contre son Dieu, toutes les créatures demandent vengeance de sa révolte. Seigneur, lui disent-elles, comme les serviteurs du père de famille, permettez que nous allions arracher du champ de votre Eglise cette ivraie qui gâte et déshonore le bon grain. Voulez-vous, lui dit la mer, que je l'engloutisse dans mes abîmes ? La terre : que je m'entr'ouvre pour le faire descendre tout vivant dans les enfers ? L'air : que je le suffoque ? Le feu : que je le brûle. L'eau : que je le noie.
Mais que répond le Père des miséricordes ? Non, non, dit-il, cette ivraie peut devenir un bon grain ; ce pécheur peut se convertir. Que ce pécheur s'égare, il ne dit mot. Qu'il s'éloigne de lui, qu'il coure à sa perte, il le souffre.
« O Seigneur ! ô Dieu des miséricordes ! encore pécheur je m'éloignais tous les jours de plus en plus, dit saint Augustin ; tous mes pas et toutes mes démarches étaient autant de chutes dans de nouveaux précipices, mes passions s'allumaient toujours davantage ; cependant vous y aviez patience. O patience infinie de mon Dieu ! il y a tant d'années que je vous offense, et vous ne m'avez pas encore puni ! D'où vient donc cela ? Ah ! je le connais maintenant ; c'est que vous vouliez que je me convertisse et que je retournasse à vous par la pénitence. »