Le tweet dans lequel Mgr Viganò accuse le pape François de "péronisme luciférien" est une réaction à l'article paru en français dans Riposte Catholique : Le pape et le cardinal Parolin adressent une fin de non recevoir à l’épiscopat allemand (25/11/2023), un compte rendu de la la lettre de la Secrétairerie d’État du 23 octobre 2023 adressée à l'épiscopat allemand à propos de leur fameux "chemin synodal", ainsi que celui publié par Le Salon Beige : Rome recadre l’épiscopat allemand (25/11/2023).
Au vu du déroulement du chemin synodal allemand jusqu’à présent, il faut d’abord garder à l’esprit qu’un chemin synodal universel est actuellement en cours, convoqué par le Saint-Père. Il est donc nécessaire de respecter ce chemin de l’Église universelle et d’éviter de donner l’impression que des initiatives parallèles sont en cours, indifférentes à l’effort de “cheminer ensemble”.
À cet égard, il convient de reprendre certaines des paroles du Saint-Père adressées au peuple de Dieu en Allemagne :
“Frères et sœurs, prenons soin les uns des autres ! Prenons garde à la tentation du père du mensonge et de la division, le maître du schisme, qui, en poussant à la recherche d’un bien apparent ou d’une réponse à une situation particulière, finit par démembrer le corps du peuple saint et fidèle de Dieu”.
En respectant les préoccupations de certains membres de l’Église en Allemagne, nous “élargissons la tente” pour poursuivre le dialogue déjà entamé, en espérant qu’il sera caractérisé par le respect et l’affection fraternelle, en tenant compte des questions présentées dans les documents qui résument les propositions.
Il faut toutefois préciser d’emblée que ces questions sont d’une importance variable et ne peuvent pas toutes être placées sur le même plan. Certaines d’entre elles comportent des aspects qui ne peuvent être mis en discussion, mais aussi des aspects qui peuvent faire l’objet d’une discussion commune approfondie. Pour d’autres, en revanche, il n’est pas possible de parvenir à une appréciation différente, comme c’est le cas pour les questions suivantes :
(a) L’ordination sacerdotale réservée aux hommes :
“Bien que la doctrine de l’ordination sacerdotale réservée aux hommes ait été conservée par la tradition constante et complète de l’Église et enseignée avec cohérence par le Magistère dans les documents du passé récent, elle est cependant considérée comme discutable à notre époque en divers endroits, ou bien la décision de l’Église de ne pas admettre les femmes à cette ordination se voit attribuer une signification purement disciplinaire. Afin que tout doute soit levé sur cette importante question, qui concerne la constitution divine de l’Église elle-même, je déclare, en vertu de ma charge d’affermir les frères (cf. Lc 22, 32), que l’Église n’a aucune autorité pour ordonner des femmes au sacerdoce, et que tous les fidèles de l’Église doivent se conformer définitivement à cette décision.”
Le pape François a explicitement réaffirmé la déclaration de saint Jean-Paul II à plusieurs reprises. Par exemple :
“En ce qui concerne l’ordination des femmes à la prêtrise, l’Église a parlé et elle dit : Non – Saint Jean-Paul II l’a dit, mais de manière définitive. Cette porte est fermée”
“En ce qui concerne l’ordination des femmes dans l’Église catholique, saint Jean-Paul II a dit le dernier mot clair, et il reste valable. C’est valable”.
“Il ne s’agit pas d’une définition dogmatique, même si elle doit être acceptée par tous. Personne ne peut la contredire publiquement.
Nous sommes en présence d’une décision contraignante, soumise également au pouvoir juridictionnel du Pape, avec des conséquences disciplinaires précises, qui sont exposées dans les normes sur les délits réservées à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (11 octobre 2021) :
Art. 5.
La Congrégation pour la Doctrine de la Foi réserve également le délit plus grave de tentative de consécration d’une femme :
1° Si la personne qui tente de conférer l’ordination sacrée ou la femme qui tente de recevoir l’ordination sacrée sont des croyants dans le Christ soumis au CIC, ils sont passibles d’excommunication à titre de délit pénal, dont la levée est réservée au Siège Apostolique selon le can. 1379 § 3 CIC est réservée au Siège Apostolique.
2° Si, en revanche, la personne qui cherche à conférer les Ordres sacrés ou la femme qui cherche à recevoir les Ordres sacrés sont des fidèles chrétiens soumis au CCEO, ils seront punis d’une excommunication majeure, dont la levée est réservée au Siège Apostolique.
Bien qu’aujourd’hui cette question doive être considérée comme close dans toute l’Église, le Saint-Père François a formulé une réflexion qui aide à comprendre le sens de cet enseignement et nous invite à trouver d’autres voies pour favoriser une plus grande participation des femmes :
“Revendiquer les droits légitimes des femmes sur la base de la ferme conviction que les hommes et les femmes ont une dignité égale pose à l’Église des questions profondes qui l’interpellent et qui ne peuvent être évitées superficiellement. Le sacerdoce réservé aux hommes comme signe du Christ Époux qui se donne dans l’Eucharistie est une question qui ne se discute pas, mais qui peut donner lieu à des conflits particuliers si l’autorité sacramentelle est trop confondue avec le pouvoir.
“Nous ne devons pas oublier que lorsque nous parlons d’autorité sacerdotale, nous nous situons ‘au niveau de la fonction et non au niveau de la dignité et de la sainteté’.
“Le sacerdoce ministériel est l’un des moyens que Jésus utilise pour servir son peuple, mais la grande dignité vient du baptême, qui est accessible à tous. L’assimilation du prêtre au Christ Tête – c’est-à-dire à la source principale de la grâce – n’implique pas une élévation qui le place à la tête de tous les autres. Dans l’Église, les fonctions n’établissent pas “la supériorité de certains sur d’autres”. En effet, une femme, Marie, est plus importante que tous les évêques. Même si la fonction du sacerdoce ministériel est comprise comme “hiérarchique”, il faut garder à l’esprit qu’elle est “entièrement destinée à la sainteté des membres du Christ”. Son pivot n’est pas son pouvoir entendu comme domination, mais son autorité d’administrer le sacrement de l’Eucharistie ; c’est la base de son autorité, qui est toujours un service au peuple. C’est un grand défi pour les pasteurs et les théologiens, qui pourraient aider à mieux reconnaître ce que cela implique en ce qui concerne le rôle possible des femmes dans les différents domaines de l’Eglise où des décisions importantes sont prises”.
b) Une autre question sur laquelle une Église locale n’a pas la possibilité d’adopter un point de vue différent concerne les actes homosexuels. En effet, même si l’on reconnaît que, d’un point de vue subjectif, il peut y avoir divers facteurs qui nous invitent à ne pas juger les personnes, cela ne change en rien l’évaluation de la moralité objective de ces actes.
L’enseignement constant de l’Église souligne que “l’évaluation morale objective des relations sexuelles entre personnes du même sexe est établie de manière précise et certaine”. Une autre question, qui n’est pas discutée ici, est celle du degré d’imputabilité morale subjective de ces relations dans chaque cas particulier”.
De son côté, dans une lettre envoyée le 10 novembre 2023 à des laïques allemandes et publiée par le quotidien Die Welt le 21 novembre, le pape critique la mise en place récente d’un « comité synodal » par les évêques allemands. François dans sa lettre, souligne qu’un tel organe
sous la forme décrite dans le texte de décision, ne peut être harmonisé avec la structure sacramentelle de l’Église catholique.
Il rappelle ensuite que sa constitution
a été interdite par le Saint-Siège dans une lettre datée du 16 janvier 2023, que j’ai approuvée sous une forme spécifique.
Loin de se féliciter de ces mises au point romaines, Mgr Viganò écrit :
Une stratégie pour le moins déconcertante par sa malveillance flagrante.
D'abord, Bergoglio fomente les initiatives de la Conférence épiscopale allemande sur des questions non discutables car déjà définies par le Magistère : divorce, polygamie, sodomie, sacerdoce féminin, célibat. Ensuite, il alimente avec le Synode sur la synodalité les poussées autonomistes des Églises nationales en matière doctrinale et morale. Et puis, quand la lenteur de l'engrenage subversif se met en marche, le jésuite argentin fait envoyer par son secrétaire d'État une lettre rappelant hypocritement que l'enseignement catholique sur l'homosexualité et le sacerdoce n'est pas à discuter. Dans le même temps, il organise une série de réunions entre l'épiscopat allemand et les principaux dicastères romains au Vatican, afin de "vérifier" ce qui est immuable et ce qui ne l'est pas dans cet enseignement nouvellement réaffirmé.
C'est la procédure typique du péronisme luciférien : inciter les subordonnés à prendre des mesures - apparemment "spontanées" et "venant de la base" mais en réalité savamment planifiées d'en haut - pour introduire des déviations doctrinales, morales et liturgiques contraires à la foi catholique. En même temps, il leur donne le "feu vert", en leur faisant comprendre que leurs demandes seront acceptées. Ainsi, lorsque les évêques ultra-progressistes exigent 100, Bergoglio a déjà décidé de faire semblant d'être un modéré et d'en accorder 50, ce qu'il voulait obtenir dès le départ.
Bergoglio est le pivot autour duquel tourne toute l'attaque contre l'Église du Christ.