Écrit par fr. Alexis Bugnolo (03/10/2023) - Traduction française autorisée : père Walter Covens
Les jours précédant Noël de l'an de grâce mille quarante-six, le roi des Allemands, Henri III, vint à Sutri, en Italie, dans les environs de Viterbe, pour mettre de l'ordre dans l'Église romaine.
Alors qu'il descendait en Italie avec ses chevaliers armés, il envoya des émissaires au pape Grégoire VI pour qu'il convoque un concile provincial afin de déterminer une fois pour toutes qui était le véritable pape.
En effet, en 1046, il y avait trois prétendants à la papauté. L'un d'entre eux avait été juridiquement élu, mais avait vendu la papauté et démissionné, avant de revenir la réclamer à nouveau. Il s'agit du pape Benoît IX, un adolescent connu pour s'être débauché avec les deux sexes. Ensuite, il y a eu un évêque errant qui est venu à Rome et a payé le clergé pour qu'il l'acclame, afin qu'ils aient un homme décent plutôt que ce jeune pervers. C'était le pape Sylvestre III. Et puis il y a eu le cardinal Jean Gratien, un homme riche qui, dégoûté par la dépravation immorale du pape adolescent, lui a proposé d'acheter la papauté, afin qu'il puisse s'enfuir et épouser sa petite amie. Il accepta. Ce troisième prétendant était le pape Grégoire VI.
J'ai déjà évoqué ces faits ICI, dans mon article Les portes de Sutri s'ouvrent, en 2020, où je citais l'historien ecclésiastique polonais, le professeur Grzegorz Kucharczyk, qui soulignait l'importance historique de Sutri pour l'Église d'aujourd'hui. Voir tous mes articles sur le Synode de Sutri, ICI.
En réalité, il y a eu deux synodes de Sutri, l'un en 1046, que je viens de décrire, et l'autre en 1061, pour la réforme de la discipline du clergé de l'Église romaine. Cette histoire est si obscure que, même à Sutri, le premier concile a été oublié. Il va tout simplement à l'encontre des idéaux de trop de théologiens qui prônent une autorité papale exagérée : l'idée que l'Église peut déposer les papes.
Aujourd'hui, Sutri se trouve toujours dans la province ecclésiastique de Rome. Mais elle appartient au diocèse de Civita Castellana. Sutri est également importante dans l'histoire des États pontificaux, car elle a été la première ville placée sous la juridiction du Pontife romain en 728 après J.-C., par le roi des Lombards, Luitprand, dans la Donation de Sutri.
En raison de l'importante valeur historique de ce synode, qui s'est tenu il y a 977 ans, j'ai fait un long pèlerinage à Sutri ce soir pour assister à la messe dans l'église de Saint Sylvestre, où, en 1046, trois papes ont été déposés en présence du roi allemand Henri, avec le consentement duquel un seul a été élu canoniquement.
Sanctuaire de la cathédrale de Sutri, Italie, vu à 17h40, mardi 3 octobre 2023.
Le synode ne s'est pas tenu dans la cathédrale de la ville (illustrée dans les deux images ci-dessus), dont les grandes dimensions ont inspiré l'imagination pour concevoir des rangées et des rangées de nobles, de chevaliers, de cardinaux, d'évêques, de membres du clergé, de moines, de fidèles, tous rassemblés dans l'ordre le plus solennel, pour assister à l'événement le plus unique de toute l'histoire de l'Église, la déposition de trois papes le même jour.
Non, la cérémonie s'est déroulée dans l'église Saint-Sylvestre, qui n'est pas plus grande qu'une chapelle de séminaire. (Cela a probablement été fait pour que la chaleur corporelle combinée de toutes les personnes présentes réchauffe le bâtiment en ces froides journées de décembre 1046). Dans cette salle, les 23 et 24 décembre, se tenaient non seulement Henri III, qui allait être couronné empereur des Romains le jour de Noël à Rome, mais aussi saint Hildebrand, l'acolyte du pape Grégoire VI, et le bienheureux Daufer, qui allait monter sur le trône apostolique en tant que pape Victor III vingt ans plus tard.
Les événements de 1046 nous montrent que, malgré les scandales et les tribulations de l'histoire, Notre Seigneur reste en charge de son Église. Après la messe, il l'a montré en inspirant le prêtre à l'exposer dans le Très Saint Sacrement au centre de l'autel, pour recevoir la louange, l'amour et surtout l'adoration des fidèles.
Sur l'image ci-dessus, sainte Anne apprend à Notre-Dame à lire les Saintes Écritures, tandis que saint Pierre prie pour le pape saint Sylvestre, martyr. Notre Seigneur reste avec nous, et ses saints sont à ses côtés ! C'est là que nous devons être : soutenir Sa volonté immuable pour notre Sainte Mère l'Église.
Et c'est pourquoi nous devons tous insister, comme je l'ai fait récemment, pour qu'un concile provincial soit convoqué. Lisez cet article pour savoir ce que vous pouvez faire pour que cela se produise !