Don Giorgio Ghio intervient au sujet de la démission du Pape Ratzinger et finit par trébucher sur une série d’aveux embarrassants
Écrit par Andrea Cionci (16/01/2023) - Traduction française : père Walter Covens
Don Giorgio Ghio intervient au sujet de la démission du Pape Ratzinger et finit par trébucher sur une série d’aveux embarrassants
Et c'est très bien. C'est une période de déceptions et nous l'acceptons. Cela passera. Après Monseigneur Gänswein (qui, cependant, a ses raisons) dérape aussi Don Giorgio Ghio, dans un article anonyme sur le blog d'Aldo Maria Valli ICI puis repris - et signé - sur Youtube :
Un bon prêtre, avec des positions courageuses récentes et qui, aujourd'hui, se noie plutôt dans une série de spéculations contradictoires inspirées de cet ancien et désastreux principe clérical manzonien de "sopire, troncare, sopire" (litt.: arrondir les angles, sévir, arrondir les angles - allusion à Manzoni, I Promessi Sposi) actualisé avec des concrétions bergogliennes : il ne manque que l'appel contre le "bavardage".
En ce qui concerne notre campagne d'enquête sur Codice Ratzinger, il écrit :
"Déclarer la vacance du Siège sans avoir l'autorité pour le faire est quelque chose de si ridicule qu'il n'y a pas de terme approprié ; du moins, je n'en ai pas trouvé un".
Don Ghio admet les distorsions de la démission de Ratzinger
Donc, si un journaliste dénonçait un coup d'État au Honduras, ce serait ridicule car il n'en aurait pas l'autorité ? Nous avons dénoncé laïquement un coup d'état atroce et millénaire contre le successeur de Saint Pierre. (Au fait, la devise du chrétien ne serait-elle pas "renoncer, proclamer et DÉNONCER").
Nous avons prouvé au-delà de toute évidence, en deux ans et demi d'enquête, que Benoît était le seul pape. Étant décédé, depuis le 31 décembre, le siège est vacant, selon les mêmes règles évidentes de l'Église. Par conséquent, le point clé n'est pas de déclarer le siège vacant, corollaire évident, mais de voir si oui ou non Benoît est resté le seul pape jusqu'à sa mort.
Surréaliste, car don Ghio lui-même admet candidement la série de distorsions anormales et cyclopéennes dans un de ces actes qui, au contraire, devraient être absolument adamantins et au-dessus de tout soupçon comme l'abdication car, comme le veut le principe bien connu de la canonistique : "papa dubius, papa nullus".
"Il y a certainement des anomalies dans l'abdication de Benoît XVI", écrit don Ghio, "qui a été annoncée le 11 février 2013 ; des anomalies si importantes que, dans sa conscience, on peut nourrir des doutes légitimes. Cependant, il n'appartient à aucun d'entre nous de régler la question sur le plan juridique. Nous pouvons certes noter le fait que, dans sa déclaration du 11 février 2013, Benoît XVI a parlé de renonciation au ministère plutôt qu'à la fonction.
Renonciation à la fonction et non au ministère
Or, l'objet de la renonciation est la fonction, le munus, et non le ministère, qui est son exercice ; il y a donc déjà une anomalie majeure dans l'utilisation du terme, qui n'est pas celui qui aurait dû être utilisé. Il convient également de noter qu'il n'y a pas d'acte de renonciation. La renonciation à une fonction est un acte juridique qui doit être écrit et signé. Or, dans le cas de Benoît XVI, cet acte n'existe pas : il n'y a que la déclaration de l'intention de démissionner. Il y a ensuite toutes les autres anomalies que nous connaissons bien, à savoir le maintien du nom, de l'habit, des armoiries, ainsi que l'habitude de donner des bénédictions apostoliques (ce que seul le pape régnant peut faire) et ainsi de suite".
Détail : le munus est l'investiture qui est conférée au nouveau Pape par disposition divine (Universi Dominici Gregis Art. 53) et l'assistance du Saint-Esprit y est liée, également dans l'enseignement ordinaire du Magistère, et pas seulement dans les déclarations définitives. (Art. 892 CEC). Pas de munus, pas de Saint-Esprit. Donc, si Benoît a conservé le munus, le munus n'a jamais appartenu à François, et il n'a pas pu non plus en hériter. Et un prêtre devrait peut-être s'inquiéter un peu que le chef de l'Église ne bénéficie pas de l'assistance divine.
Don Giorgio a cependant oublié le report sans précédent de la mesure au 28 février. S'il célébrait un mariage et que le marié disait pendant la cérémonie : "Je suis d'accord pour prendre Lucie comme épouse, mais pour que le mariage commence le 24 août, dans 15 jours", serait-ce un mariage valide pour Don Giorgio ?
C'est alors que le père pose le rideau d'amiante et de verre de plomb typiquement bergoglien du "ne pas juger".
"Il ne nous appartient certainement pas de juger les intentions du pape Benoît, pour le simple fait que nous ne les connaissons pas et ne pouvons pas les connaître : seul Dieu les connaît ; l'intéressé, à ce jour, ne peut plus nous expliquer ce qu'il avait l'intention de faire. Nous devons alors simplement renvoyer l'affaire à la Providence ; il est inutile de lutter pour trouver une solution à cette énigme, qui reste une énigme".
Ce n'est pas une énigme
Ce sera une énigme pour vous. Les canonistes ont fait couler des rivières d'encre sur la question canonique et le pape Benoît lui-même nous a crié partout, en accord avec son statut de pape dans un Siège totalement empêché, quelles étaient ses intentions : ce qu'il a fait et pourquoi, au point de déclarer, parmi quelques centaines de phrases éloquentes, que "la réponse se trouve dans le Livre de Jérémie" où il est écrit - comme par hasard - en lettres capitales "JE SUIS EMPÊCHÉ".
Nous espérons que Don Ghio ne nous dira pas qu'il s'agit d'une coïncidence, puisque dans la Bible, cette phrase n'apparaît que dans Jérémie.
Don Ghio n'a-t-il pas lu CodIce Ratzinger ?
Le père a également reçu le Codice Ratzinger, mais il ne l'a peut-être pas lu. Ainsi, la question n'est pas du tout une énigme, elle est très simple et dans tout procès provincial moyen, elle serait éclaircie immédiatement. Tout contrat serait invalidé pour bien, bien moins que les apories canoniques contenues dans la Declaratio s'il était interprété comme une abdication.
Ensuite, don Ghio remet sur le tapis un grand classique, dont nous avons également parlé dans Codex Ratzinger : le faux concept d'obéissance :
"Mettons donc nos âmes en paix une fois pour toutes : il y a actuellement un pape régnant ; on peut l'aimer ou non, mais c'est ainsi : celui qui, en ce moment, gouverne l'Église catholique est le pape François. Avec tous les doutes que l'on peut avoir en conscience, on doit néanmoins lui obéir dans le forum extérieur dans les choses licites ; dans les choses qui répugnent à la conscience, nous sommes autorisés à conserver une saine liberté d'esprit, qui ne doit cependant pas nous conduire à une désobéissance ouverte, puisque le refus d'obéir au Pontife romain, dans le Code de droit canonique, est défini comme un schisme".
Don Giorgio n'a pas encore saisi le nœud du problème : l'obéissance est due au pape canoniquement élu - comme l'a juré saint François - et non à un évêque qui est devenue schismatique. On peut donc avoir le cœur en paix après qu'une commission d'enquête canonique publique ait fait la lumière sur les détails. Si des millions de fidèles ont des doutes quant à savoir si François est canoniquement le vrai pape, l'Église a le devoir sacro-saint de régler la question, et de manière définitive.
D'ailleurs, si quelqu'un venait à douter que don Ghio ait été dûment ordonné prêtre, avec des livres, des enquêtes, etc., le père ne publierait-il pas immédiatement les documents de son ordination pour ne pas scandaliser ses brebis et les rassurer ? Au lieu de cela, François fait attention, et cela devrait déclencher une alerte rouge, autre que les appels à "ne pas juger".
Clarifier la légitimité de Bergoglio est la première chose qu'un pasteur devrait demander à ses supérieurs, plutôt que d'inviter à l'obéissance à celui qui pourrait être le joueur de flûte de Hamelin et qui, selon le prêtre lui-même, semble en avoir de nombreuses caractéristiques.
Aussi parce que les supérieurs, malgré les absurdités reconnues par don Ghio, au lieu de répondre sur le fond, matraquent les prêtres héros qui demandent des éclaircissements : suspensions, excommunications, réductions à l'état laïc.
Le concept de division
Vient ensuite la mauvaise interprétation du concept de division :
"Ainsi, étant donné que le diable est l'architecte de toute division, veillons à ne pas collaborer avec lui, même involontairement : ne nous laissons pas séduire par des raisons apparemment bonnes, par des arguments apparemment irréprochables, qui sont cependant complètement aveugles à d'énormes failles pouvant être détectées même par le simple bon sens. Si le résultat est la division ; si le résultat est la rébellion ; si le résultat est la désobéissance, l'origine ne peut être bonne".
Jusqu'à récemment, Don Ghio prenait des positions tranchées sur les vaccins, divisant les pro-vax et les anti-vax : il aurait donc lui aussi commis une erreur en créant des divisions, des rébellions, des désobéissances dans la pensée unique vaccinale. S'il l'a fait, il pensait évidemment protéger le troupeau, non ?
Mutatis mutandis, tous les saints qui ont combattu les antipapes et les hérétiques étaient-ils des instruments du diable parce qu'ils apportaient la "division" ? Peut-être Jésus lui-même s'est-il trompé lorsqu'il a dit : "Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.". Le Jugement dernier lui-même sera une grande division, tout dans l'Évangile est division, sélection, méritocratie, séparation du bon grain de l'ivraie. Même les pécheurs qui sont pardonnés doivent d'abord se repentir pour être acceptés. Il n'est pas question d'"inclusion et de résilience" dans l'Évangile : c'est la terminologie maçonnique chère à l'évêque vêtu de blanc.
La question n'est pas de savoir si vous êtes d'accord ou non
Cher don Giorgio, le fait est qu'ici le Vicaire légitime du Christ (le numéro 2 après Jésus), le gardien du depositum fidei, a été contraint de partir, pour qu'il puisse être remplacé par un faux pape ouvertement et puissamment anti-catholique qui incitait tout les monde à se faire injecter ces vaccins - que vous n'aimez pas - comme s'ils étaient l'Eucharistie. Heureusement, le pape Benoît s'est défendu avec un ingénieux stratagème canonique qui a entraîné l'antipape dans le schisme et nous l'a même fait comprendre de manière redondante, même si vous continuez à résister à la compréhension.
La question n'est pas que vous soyez d'accord ou non avec le panorama décrit, que nous vous invitons de toute façon à lire. Le fait est que vous, reconnaissant l'absurdité de la prétendue abdication de Benoît XVI, et connaissant l'angoisse et l'inquiétude générées par cette méga question, vous auriez le devoir de demander une commission d'enquête canonique sur la question afin que la clarification vienne non pas de votre serviteur, mais de l'autorité ecclésiastique. Le simple soupçon d'une telle situation devrait vous faire monter aux barricades pour exiger la vérité. Plutôt que d'arrondir, trancher, arrondir en balayant une poussière sous le tapis qui peut balayer l'Église canonique visible pour toujours, faisant perdurer la ligne anti-papale de Bergoglio.
Don Ghio invite les catholiques à ne pas demander d'explications au sujet le pape Ratzinger
Avec cet article imprudent, vous invitez les catholiques à l'anesthésie, au pseudo-commandement atroce d'"obéir aux ordres", qui n'existe même plus dans l'armée : depuis des décennies, le devoir d'un soldat est de refuser d'exécuter des ordres qui sont clairement erronés et criminels.
Vous poussez les catholiques à renoncer à demander des clarifications légitimes, sacrées et consciencieuses, vous vous pliez à la hiérarchie en poursuivant une omertà inadmissible, intolérable sur une question substantielle, niant la summa caritas, la vérité, à 1 milliard de catholiques et davantage.
Maintenant, si vous ne vous sentez pas prêt à demander publiquement des éclaircissements à la hiérarchie, en raison de sanctions canoniques, nous comprenons. Mais au moins, s'il vous plaît, ne ramez pas contre ceux qui ont enquêté sur la question de manière approfondie et qui essaient de faire quelque chose.
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