Écrit par Andrea Cionci (15/11/2022) - Traduction française autorisée : père Walter Covens
Hier, par hasard, alors que l'auteur examinait sur le site du Vatican la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, promulguée par le pape Jean-Paul II en 1996, un détail curieux est apparu. Très curieux mais, connaissant la situation du pape in sede impedita, pas du tout surprenant.
À l'article 77, nous lisons les règles relatives à la renonciation du Pape à la papauté, c'est-à-dire à l'abdication :
"Je déclare que les dispositions concernant tout ce qui précède l'élection du Pontife Romain et son déroulement doivent être observées de manière intégrale, même si la vacance du Siège apostolique devait se produire par renonciation du Souverain Pontife, selon la norme du canon 332, § 2 du C.I.C. et du canon 44, § 2 du C.C.E.O.".
Le canon 332 § 2 est le canon fatidique qui exige la renonciation au munus pétrinien pour l'abdication :
"Si contingat ut Romanus Pontifex MUNERI suo renuntiet, ad validitatem requiritur ut renuntiatio libere fiat et rite manifestetur, non vero ut a quopiam acceptetur".
"S'il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu'elle soit dûment manifestée, mais non pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit.".
Comme vous le savez maintenant, la dichotomie munus/ministerium (tous deux traduits en français par le mot ministère) est la base du dispositif anti-usurpation mis en place par Card. Ratzinger et le pape Wojtyla depuis les modifications apportées au droit canonique en 1983.
En pratique, si le pape renonce au munus, simultanément, librement et formellement, comme le prescrit le can. 332§2, il y a abdication. Le pape Benoît, quant à lui, a renoncé au ministerium, à l'exercice du pouvoir, de manière différée, avec beaucoup d'erreurs et jamais ratifiée. Point final : si le pape n'exerce pas le pouvoir, mais conserve le munus, cela signifie qu'il est in sede impedita, ce qui est pleinement prévu par le canon 335 :
"Quand le siège de Rome devient vacant ou totalement empêché, rien ne doit être innové dans le gouvernement de l'Église tout entière; les lois spéciales portées pour ces circonstances seront alors observées.".
Le pape empêché reste pape, et si un conclave est convoqué dans son dos, un antipape émerge qui doit être invalidé lorsque le Siège empêché est officialisé. C'est simple, c'est propre.
Or, sur le site du Vatican, en cliquant sur cet article 332 §, on voit apparaître la mention
"Ce site est inaccessible".
Avant que quelqu'un ne le réactive, nous vous proposons ici une vidéo de la procédure réalisée par l'un des lecteurs de Codice Ratzinger, le livre d'enquête devenu un best-seller, déjà traduit en anglais et en espagnol (et bientôt en français).
La vidéo d'un lecteur de "Codice Ratzinger
Sur la page, tous les autres liens fonctionnent, seul celui concernant le droit canonique est "mort".
Comme l'a noté le frère Alexis Bugnolo ICI, dans la version anglaise, le canon 332 devient le canon 333 ; en allemand, espagnol, portugais et latin, il n'est pas actif ; en français, il y a un lien mais le site est inaccessible.
Les autres liens, dans les versions où il y en a, fonctionnent, sauf ceux vers le droit canon et surtout celui vers le canon 332§2.
Bon amusement à vous aussi.
Le portrait de cet anti-pape pourrait se résumer en une devise : "Qui s'en aperçoit de toute façon ?". Un peu comme l'histoire de la fausse lettre de l'évêque Gänswein.
En bref, ne serait-il pas préférable de l'arrêter ?
© Reproduction réservée