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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


CAP SUR LE DÉSERT : L'AVERTISSEMENT DE GARABANDAL- partie II (Le désert)

Publié par dominicanus sur 8 Avril 2022, 23:49pm

Catégories : #Il est vivant !, #Porta fidei

 

Por Airton Vieira
RUMO AO DESERTO: O AVISO DE GARABANDAL! – parte II (O Deserto)

Écrit par Ayrton Vieira* (13/03/2022) - Traduction française autorisée : Louis Lurton

 

 

Lorsque Dieu parle de l'intérieur du tourbillon, il peut aussi parler dans le désert.

(Chesterton)

 

 

Deux clarifications nécessaires

 

Si vous arrivez à la deuxième partie de cet article sans avoir franchi la "porte de la bergerie" (partie I), je vous suggère d'y revenir avant de poursuivre votre lecture, afin de ne pas courir le risque de devenir un "voleur" en entrant par la porte arrière.

 

Bien que naturellement arides, les lignes ci-dessous ne sont mues ni par le fatalisme ni par le pessimisme, qui sont des catégories psychologiques ; elles prétendent à faire en sorte que la nourriture consommée soit amère dans la bouche mais douce à l’estomac, et non le contraire. Leur motivation essentielle est l'espérance théologique.

 

 

Un préambule important

 

Il se dit parfois que la sainte qui sauve le plus d'âmes est "Sainte Ignorance". Jumelle, naturellement, d'"Invincible" [1]. Cette plaisanterie est en relation naturelle avec la justice divine, dont la perception est proportionnelle à l’aide accordée [2]. Du point de vue de la foi, par exemple, malgré les sentiments compréhensibles de douleur et de tristesse, tous ceux qui perdent un être cher avant l’âge de raison (ou qui naissent et vivent privés de l'usage de la raison), étant baptisés [3],  devraient être très heureux et reconnaissants. Il en va de même, à un moindre degré, pour les parents de ceux qui ont été privés, en même temps que de cet usage, de la grâce du baptême. La raison en a été révélée il y a quelques siècles par Jésus-Christ à une sainte suédoise, Brigitte, qui, avant de devenir religieuse, fut mère de huit enfants, dont deux lui avaient été enlevés en bas âge [4]:

 

En raison de mon grand amour, je donne le Royaume des cieux à tous les baptisés qui meurent avant d'avoir atteint l'âge du discernement. Comme il est écrit : Il plaît à mon Père de leur donner le royaume des cieux". À cause de mon tendre amour, je fais preuve de miséricorde même envers les enfants des païens [non-baptisés]. Si l'un d'entre eux meurt avant d'avoir atteint l'âge du discernement, il ne peut pas me rencontrer face à face, et il va dans un lieu qu'il n'est pas permis de connaître, mais où il vivra sans souffrance.

 

Ceci signifie, conformément à la doctrine catholique, dans le premier cas, la certitude et la garantie du salut à 100%, et dans le second, que ce que nous appelons les Limbes des enfants, où vont également ceux qui y sont destinés, bien qu'ils ne jouissent pas du Ciel, échappent au feu éternel, dans une éternité "sans souffrance". Et dans les deux cas sans "escale" au Purgatoire. Puisqu’aimer c'est vouloir le bien de l'autre, et que le salut de l'âme est le plus grand bien que l'on puisse désirer, c'est une vérité qui encourage et en même temps qui montre combien juste est la Justice.

 

Toutefois, toujours à cause de la justice, cela ne s'applique pas à tout le monde, et encore moins à la majorité...

 

 

Le désert

 

Le désert est l'un des principaux locus bibliques. On trouve à son sujet plus de 400 références dans les Saintes Écritures, et les symboles y abondent. L'un des plus importants, à mon avis, est celui de sa nudité. Je m’étonne de la simple considération de sa poussière comme le vêtement qui cache en dessous la nature exubérante et superbe, comme le fit jadis ce complice avec la poussière superbe et nue d'Adam (cf. Gn 3, 6-8). Il n'est pas difficile que, face au "néant" désertique qui le jour lui grille la cervelle et la nuit lui glace les os, l'homme ne désire ardemment se rafraîchir de tout ce qui est superflu et se réchauffer de ce qui est essentiel, dans la considération sensible que "tout est vanité et vent passager " (Ecclésiaste 2,17), que pour cela "l'essentiel est invisible aux yeux" (Saint-Exupéry), ce qui prouve que "Dieu seul suffit" (Sainte Thérèse de Jésus).

 

Parmi les nombreux exemples de "saints du désert", celui de l'ancienne prostituée Marie d'Égypte, également appelée Marie l’Égyptienne (344-421), est assez unique. Encore dans la fleur de sa jeunesse, couverte des ornements de sa débauche, elle fut bannie d'un temple sacré qui ne lui permit même pas de franchir son seuil. Ce qui est inhabituel, c'est que l'empêchement n'était pas "de la main de l'homme" : un Ange lui barrait le passage. Après un moment d'étonnement, elle comprit qu'elle devait se dépouiller de tout ce qui n'était pas pour le Créateur, et uniquement pour Lui. Elle finit ses jours dans le désert, où après des combats cruels et héroïques contre "le sang, la chair et les dominateurs de ce monde ténébreux" [5], désormais parée seulement de ses cheveux qui lui arrivaient aux pieds, elle fut servie par des anges et des saints.

 

Deux millénaires plus tôt, une de ses compatriotes avait également erré dans le désert, poussée non pas par sa luxure, mais par son orgueil. Ce récit est particulièrement intéressant car il touche à l'un des "nœuds du problème" (je souligne) :

 

« Saraï, la femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfant. Elle avait une servante égyptienne, nommée Agar, et elle dit à Abram : « Écoute-moi : le Seigneur ne m’a pas permis d’avoir un enfant. Va donc vers ma servante ; grâce à elle, peut-être aurai-je un fils. » Abram écouta Saraï. Et donc dix ans après qu’Abram se fut établi au pays de Canaan, Saraï, femme d’Abram, prit Agar l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à son mari Abram. Celui-ci alla vers Agar, et elle devint enceinte. Quand elle se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. Saraï dit à Abram : « Que la violence qui m’est faite retombe sur toi ! C’est moi qui ai mis ma servante dans tes bras, et, depuis qu’elle s’est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que le Seigneur soit juge entre moi et toi ! » Abram lui répondit : « Ta servante est entre tes mains, fais-lui ce que bon te semble. » Saraï humilia Agar et celle-ci prit la fuite. L’ange du Seigneur la trouva dans le désert, près d’une source, celle qui est sur la route de Shour. L’ange lui dit : « Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu et où vas-tu ? » Elle répondit : « Je fuis ma maîtresse Saraï. » L’ange du Seigneur lui dit : « Retourne chez ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. » [6].

 

Je n’ai pas la place d'explorer les analogies du texte par rapport à la Vierge Marie, "servante du Seigneur" devenue Maîtresse [7] et Mère (nouvelle Eve) de l'humanité esclave, qui par sa condition coupable vit en fuyant la face de cette Dame qui la malmène par des avertissements et des admonitions, qui se cache, errant par les déserts, et reçoit l'ordre des anges du Seigneur de revenir, humiliée, "sous sa main"... Cependant, cela dit, nous pouvons en extraire d'autres jus.

 

Il est intéressant de noter qu’Agar, à l'instar de ce qui se faisait avant et que nous continuerons à faire jusqu'à la fin, ne répond à l'Ange qu’à moitié. Elle ne ment pas, elle fait une omission. Cette omission, on le devine tant dans sa réponse que dans l'ordre de l’Ange, contient un mélange de honte, d'orgueil et de vengeance. Ainsi, elle cache le leitmotiv de sa fuite de "la face de Saraï", en même temps qu'elle sème le doute sur la personne de sa maîtresse. Mais l'Ange, comme Dieu, ne se laisse pas tromper : il connaît les intentions de l'homme.

 

*

 

Dans la première partie, j'ai évoqué un serpent rampant qui circule dans les villes d'aujourd'hui en inoculant son sperme empoisonné dans les ventres humains, le néopélagianisme. Après en avoir été mordu, l'homme, cet esclave du péché, voyant qu'il conçoit, commence à mépriser son Seigneur, se croyant la fin et le créateur de toutes choses. D'une demande de prière exaucée à l'élaboration de la plus haute technologie, il s’en croit l’unique et en tout cas le majeur responsable, ce qui le conduit à errer obsédé par la reconnaissance, les louanges, les applaudissements, quand ce ne sont pas la gloire, l'argent et le pouvoir, même si de manière subtile et camouflée. Il oublie, et oublie de plus en plus, qu'après chaque réussite ou même une bonne action, il devrait dire avec son cœur : " Merci, Seigneur, d'avoir permis à ton serviteur sans valeur de faire son devoir " (cf. Lc 17, 7-10). Mais la réalité est différente, ce qui explique les milliards de gens qui, avides d'attention, de likers et de followers (le "pain"), se livrent frénétiquement à des spectacles bizarres sur les scènes Internet franchisées à leurs divagations, verbiages et singeries talentueuses et intelligentes (le "cirque"). Il se trouve que sans un "patron de cirque" qui leur en fournit les moyens, "car cela m’a été remis, et je le donne à qui je juge bon" (Lc 4,6), c'est impossible. Et je ne me réfère pas seulement à ceux qui pactisent avec le diable "sur le papier", ni à ceux qui, comme je l'ai dit quelque part, vivent en faisant tourner leur tête comme des hiboux ou Linda Blair. Parce que le saint de Pietralcina nous avait déjà prévenus : "il diavolo è molto astuto" (le diable est très astucieux) ; ce n'est pas par hasard, et contre la volonté du théologien Küng - qui sait maintenant, et que Dieu ait son âme malgré ses regrets - que l'enfer est plein aussi de gens bien intentionnés. Il suffit de se souvenir, de préférence "avec crainte et tremblement", d'un autre avertissement : "Je traite durement mon corps et j’en fais mon esclave, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même disqualifié" (1 Co 9, 27).

 

De quoi parlent ces choses et pourquoi est-ce que je les mets en relation avec le désert et l'Avertissement ?

 

Elles parlent, par exemple, de ceci : "En ce jour-là, plusieurs me diront : 'Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom, chassé des démons en ton nom, et fait beaucoup de prodiges en ton nom ? Et alors je leur dirai à haute voix : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité." Et pourquoi Jésus-Christ, amour pur, ferait-il une chose pareille avec ceux qui ont "fait des choses pour Dieu", "travaillé pour Dieu" ? Car "J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. " (1 Co 13, 1-3). Sans oublier, comme l'a enseigné le Saint-Père, que : "Ce n'est que dans la vérité que la charité resplendit et peut être authentiquement vécue" [8].

 

Le désert, sous quelque forme que ce soit, porte, comme le dit Chesterton, la capacité de mettre l'homme devant la vérité, y compris sur lui-même, car dans son silence Dieu parle. C'est ce que nous voyons dans le choix du désert par le Christ, après le baptême et avant sa vie publique, enseignant que nos actions, l'utilisation de nos dons, de nos talents, de notre intelligence, le fait de "savoir d'où nous venons et où nous allons", passe par la reconnaissance de notre néant. Nous n'existions pas et nous sommes venus au monde, ex nihilo, et naturellement pas par nous-mêmes. Mais pas non plus par hasard, au cas où nous penserions à céder aux "tentations du désert".

 

Il existe un lieu, au-delà du Créateur, où, même cachés du monde, il n'y a pas de cachette. Où, trompant le monde, nous restons nus. C'est ce que nous verrons dans la troisième et dernière partie de cet article.

 

(à suivre...)

_____________

* Responsable du blog Katejon. Traducteur de " O fim dos tempos e sete autores modernos ", du Père Alfredo Sáenz, S.J., " Mãe de Deus e nossa Mãe " et " Garabandal: chegou a hora!”, ", de Santiago Lanús, entre autres. Fils de Dieu et soldat du Christ.

_____________

[1] Référence aux deux types d'ignorance, dite "vincible" et "invincible". La seconde, contrairement à l'autre, arrive lorsqu'on ne possède pas les moyens de parvenir à la vérité, soit en raison d'une déficience mentale, d'une atteinte intellectuelle, soit de l'impossibilité d'obtenir les moyens nécessaires, par exemple l'accès aux informations et aux connaissances nécessaires.

[Cf. 12, 42-48 ; Mt 25, 14-30.

[3] Même s'il s'agit d'un baptême de désir ou de sang, comme dans le cas des Saints Innocents - Cf. Mt 2,16-18.

[4] Cité dans O Aborto e o Limbo das Crianças (L'avortement et les limbes des enfants). Dans cet article sont également exposées les raisons de la doctrine des Limbes.

[5] Cf. Ep 6, 12-18.

[Gen 16:1-9.

[7] L'une des étymologies du nom de Marie est "Dame".

[8] Lettre encyclique Caritas in veritate.

 

RUMO AO DESERTO: O AVISO DE GARABANDAL! – parte II (O Deserto)

RUMO AO DESERTO: O AVISO DE GARABANDAL! – parte II (O Deserto)

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