* 07.05.2021
Après l'article d'il y a quelques jours (traduit en quatre langues) sur un message sans équivoque de Benoît XVI identifié dans "Dernières conversations" (Seewald-Ratzinger 2016), de plus en plus de personnes sont convaincues que Ratzinger non seulement n'a jamais abdiqué, mais qu'en 2013 il a délibérément organisé une démission invalide, comme le soutient également la juriste Estefania Acosta dans son livre "Benoît XVI : pape émérite ?"
(NDTR: On parlait de démission invalide depuis 2013, mais seulement l’année dernière, sur Libero, a été publiée la thèse du Frère Alexis Bugnolo qui montrait pour la première fois que les erreurs latines insérées dans la Déclaration de "démission » avaient été insérées par le pape, non pas par hasard, mais pour attirer l’attention sur une abdication qui n’a jamais eu lieu : ANDREA CIONCI: LE CAS ETRANGE DE LA RENONCIATION DE BXVI. UNE NOUVELLE EXPLICATION. Dès lors, il y a eu une émergence continue d’indices de plus en plus évidents et palpitants sur le fait que toute l’opération aurait pu être organisée à dessein par Ratzinger, une hypothèse qui a culminé dans le livre de la juriste Estefania Acosta, Benoît XVI : pape émérite?.)
L'ensemble de l'opération "Plan B" a été "reconstruit" (NDTR: traduction française ici) , en ordonnant des faits et des documents et, même ceux qui n'étaient pas convaincus, n'ont cependant pas été en mesure de le contester en apportant des arguments qui pourraient fournir une explication alternative aux faits rapportés. Et ceci, pour l'instant, constitue un problème auquel s'ajoute le fait que ni les démentis, ni - chose étrange à dire - les attaques personnelles qui sont une réaction typique dans ces cas, ne sont venus. Mais nous sommes confiants.
Pour les observateurs intellectuellement honnêtes, une dernière hésitation demeure avant tout :
"Oui, d'accord, mais pourquoi Ratzinger aurait-il préparé tout cela ?".
Nous en avons parlé sur le blog Duc in Altum d'Aldo Maria Valli qui nous a gentiment accueillis. Honneur au collègue faisant autorité qui aborde au moins la question en permettant - espérons-le - un débat équitable dans lequel des arguments solides et opposés sont apportés.
En attendant, nous pourrions nous arrêter aux faits - qui sont suffisants et avancent - mais, cependant, nous pouvons déjà hasarder quelques hypothèses sur les raisons pour lesquelles Benoît XVI aurait donné au peuple catholique huit ans de vacances (au sens large du terme) avec une démission spécifiquement invalide.
Depuis au moins 2500 ans, un moment de grande crise est annoncé pour l'Église, avec une prise de pouvoir par des forces dites anti-christiques. Nous avons l'avènement d'un "berger idolâtre" (le prophète Zacharie dans l'Ancien Testament), d'un "faux prophète" (Apocalypse de saint Jean), d'une "fausse église extravagante" (la bienheureuse Katharina Emmerich), d'un "siège de l'Antéchrist à Rome" (Notre-Dame de la Salette), d'un "évêque vêtu de blanc" (Fatima), d'un "pape de l'église de propagande" (Fr. Julio Meinvielle), de "la fumée de Satan est entrée dans l'Eglise" (Paul VI), d'une "épreuve finale avec l'apostasie de l'intérieur" (Art. 675 du Catéchisme de 1992), d'une "Anti-Eglise et d'un anti-évangile" (St. Jean Paul II) de "Satan au sommet de l'Eglise" (Don Stefano Gobbi) ...
En bref, la possibilité d'un coup d'État anti-christique n'est certainement pas nouvelle et est connue dans l'Église depuis un certain temps. Nous signalons également le récent roman d'un prêtre, Don Sabino Decorato, qui s'intitule "GOLPE IN VATICAN". Ils ont écrit à ce sujet sur Stilum Curiae.
Donc nous voulons croire que le card. Ratzinger et Saint Jean-Paul II étaient restés inertes sans préparer un plan "B", une urgence ?
Déjà en 1983, ils ont élaboré (peut-être par anticipation ?) la diversification "hypnotique" entre munus et ministerium de la fonction papale : si efficace qu'aujourd'hui encore, même les experts, parfois, s'y perdent. Sur Libero, nous avons émis l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'un "mécanisme de miroir entre le vrai et le faux" inspiré par la vision dans le miroir de "l'évêque vêtu de blanc" des enfants bergers de Fatima.
Par conséquent, si l'on considère que les attaques (documentées) de la mafia de Saint-Gall provenaient de l'intérieur de l'Église, et si l'on suppose qu'elles étaient l'expression de ce qui a été prophétisé depuis 2000 ans, d'un point de vue stratégique, le meilleur système de réaction pour le pape Ratzinger ne pouvait certainement PAS être celui d'une CONTRAPOSITION FRONTALE ET ASYMÉTRIQUE. Peut-on imaginer - comme l'auraient voulu certains sédévacantistes - Benoît XVI en 2005, avec le monde entier qui le dépeint comme un pape sinistre, obscurantiste et rétrograde, décidé à faire pleuvoir les excommunications sur les modernistes, à suspendre par ci, à mettre dehors par là ? Absurde.
Cela aurait été un suicide politique : il n'aurait fait que renforcer la propagande de ses ennemis, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église, se condamnant lui-même, mais aussi préparant, peut-être, en réaction, une succession légale avec un pape moderniste.
Lorsque Mgr Viganò identifie le Concile comme la racine de la dérive actuelle, il n'a pas tort et, certainement, en 2013, la métastase du modernisme néo-arien-luthérien, (avec une homosexualité du clergé désormais endémique) avait désormais atteint un état qui exigeait une décision drastique. Vatileaks avait même mis en évidence une guerre féroce entre les factions et avait même allégué des plans pour éliminer physiquement le Pape.
Lorsque le moment est arrivé, Benoît XVI a probablement tiré le "levier d'urgence" sans hésitation, volontairement, en toute bonne conscience. La manière la plus intelligente, la plus efficace et la moins sanglante de réagir était celle d'une retraite (un mot qu'il utilise souvent), pas avant d'avoir "miné" le terrain d'invasion ennemi. Dans les études stratégiques, cela s'appellerait un "plan de déception" avec "retraite élastique" et "fausse cible".
Il faut sortir d'une vision irénique et doucereuse d'une Église tout en roses et en fleurs : il y avait et il y a toujours un GUERRE féroce et totale. Et Benoît, malgré son apparence douce et fragile, s'est révélé être un super-combattant.
Ratzinger a nourri les loups qui l'assiégeaient du "L'APPÂT" du ministerium en leur faisant croire que cela équivalait à une abdication et, se retirant dans un rôle de prétendu pape émérite, il a préservé le munus, donnant aux forces ennemies au sein de l'Église un temps d'expérimentation, pour se révéler, afin que le peuple catholique puisse comprendre de près le vide et le contenu théologiquement destructeur du modernisme maçonnique asservi au globalisme.
Les fidèles ont dû voir l'idole païenne trônant à Saint-Pierre, la "Madone métisse, secours des migrants", les bouleversements doctrinaux, les modifications politiquement correctes du missel, la rosée ésotérico-maçonnique dans la prière eucharistique, et mille autres inversions inouïes de la saine doctrine.
L'Église, esclave du "monde", amie des avorteurs et des homosexualistes, devait être révélée, les catholiques devaient toucher le fond, comme le fils prodigue, ils devaient finir par "être des porcs" avant de prendre conscience et de revenir dans la maison ... du Pape.
En 2013 - si l'on s'en souvient - personne, parmi les intellectuels, les théologiens, les vaticanistes et les simples fidèles n'était aussi exaspéré, ni animé d'un "zèle héroïque". Personne n'aurait risqué sa carrière, des prêtres se seraient fait excommunier, comme don Minutella et don Bernasconi, pour n'en citer que quelques-uns, et des groupes de résistance se seraient coagulés comme dans une "nouvelle croisade des pauvres". Personne n'aurait compris la réalité et accepté les vérités de la foi catholique s'il n'avait pas été exaspéré, scandalisé, outragé, épuisé par le nouveau cours des choses.
Ratzinger savait comment les choses allaient se passer, et il avait tout sécurisé : sa démission n'était absolument pas valable et on le découvrirait au fur et à mesure que les différents Enzo Bianchi imploseraient d'eux-mêmes, que la " fausse Église " se noyait dans de féroces conflits internes, dans des scandales financiers et sexuels, dans des gaffes grotesques et des contradictions patentes.
Et la démission de Benoît serait à jamais invalide, même après sa mort. Un plan définitif pour séparer le bon grain de l'ivraie.
Risqué ? Pour l'instant - à l'heure où nous écrivons ces lignes - le plan a fonctionné, du moins dans sa première partie. Son jeu a été découvert, huit ans trop tard, mais la vérité - jusqu'ici incontestée et peut-être indiscutable - de certains faits fait le tour du monde. Et Benoît XVI est toujours vivant et lucide, mais précisément le problème subsistera même à son départ.
Il est entendu que l'Eglise est sur le point d'être définitivement purifiée, au prix d'un SCHISME, cette fois-ci utile et nécessaire, aussi douloureux soit-il. Nous en avons parlé en février et, après avoir été assaillis de critiques, aujourd'hui personne ne parle d'autre chose. La différence, c'est qu'avant le schisme, on pouvait se mettre d'accord, aujourd'hui, avec la question de la bénédiction des couples homosexuels, on en est venu aux mains : mors tua, vita mea. Le dernier affrontement porterait précisément sur la sexualité et la famille, comme l'ont prédit divers mystiques.
Maintenant, il ne reste plus qu'à attendre pour voir si ce sont les traditionalistes ou les modernistes qui quitteront l'Église (en tant que siège).
Et le pivot de tout cela est, une fois de plus, l'invalidité de la démission de Benoît XVI.
Si Ratzinger ne démissionne pas, Bergoglio, ses cardinaux, ses théologiens, ses nominations, ses innovations doctrinales disparaîtront dans un souffle, comme la poussière dans le vent, "brûlés eschatologiquement" par le droit canonique. Ils formeront, tout au plus, une nouvelle "Église maçonnique", luthérienne et mondialiste, et rejoindront les protestants européens. Ils deviendront sans objet d'ici quelques années, comme toutes les églises protestantes.
Sinon, si personne n'aura la force de vérifier la démission, ce sera à l'Église romaine d'abandonner le siège, de quitter les cathédrales, les basiliques, les églises, les abbayes, les couvents et les palais, de reprendre au moins la foi, comme saint Athanase, de retourner dans les catacombes, comme l'a également prédit Ratzinger.
En tout cas, ce sera un schisme purificateur, à espérer, dira-t-on. En effet, nous sommes non seulement en présence de deux RELIGIONS DIFFÉRENTES, mais aussi complètement ANTI-THÉTIQUES qui ne peuvent plus coexister.
Maintenant, à ce stade, les évêques et les cardinaux ne devraient pas nécessairement faire un choix décisif de terrain, comme beaucoup l'invoquent. Ce n'est pas encore nécessaire. Il leur suffirait de demander une clarification, de manière neutre, une OPÉRATION DE VÉRITÉ sur la "démission" de Benoît XVI.
Si Bergoglio n'est pas le pape, il ne pourrait certainement pas excommunier un cardinal qui a demandé la vérification de l'abdication - ou de la renonciation - de Ratzinger, à moins qu'il ne sorte du bois.
Dans ce cas, se demander pourquoi Benoît XVI ne parle pas directement et spontanément n'a aucun sens : il ne serait pas libre, mais plutôt un "otage" de l'antagoniste.
Ce qu'il faut donc, pour dissiper toute ombre, c'est une CONFÉRENCE DE PRESSE PUBLIQUE de Benoît XVI avec des garanties médicales et de sécurité. Ou une confrontation publique entre canonistes, ou un synode avec des cardinaux nommés avant 2013. Une opération de transparence absolue et rigoureuse devrait être d'abord dans l'intérêt de Bergoglio, s'il est le vrai pape, et aussi de son successeur, étant donné que l'ombre de la renonciation de Benoît XVI assombrirait même un futur pontife.
Bien sûr, cette fois-ci, on ne peut pas s'en sortir avec les titres de Vatican News avec des petites lettres rapportées par tel ou tel et jamais montrées dans l'original, ou en appelant l'habituel journaliste d'un quotidien pro-Bergoglio qui interprète à sa façon des paroles d'une ambivalence raffinée.
La vérité de l'opération devra être claire, nette, au-dessus de tout soupçon et définitive. Et ensuite, quand on aura compris quelle faction devra "faire ses valises", chacun ira droit devant soi, et tout le monde sera heureux.
L'histoire révélera de manière "darwinienne" laquelle des deux églises était la vraie.
*Dans la photo d'en-tête : Etude du portrait d'Innocent X par Francis Bacon - Portrait de Benoît XVI par Natalia Tsarkova