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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Vocabulaire de l'Avent: veiller - s'émer-veiller - s'aimer-veiller

Publié par dominicanus sur 27 Novembre 2011, 15:39pm

Catégories : #La vache qui rumine B 2012

1 avent B evQuand on médite la Parole de ce premier dimanche de l'Avent, le verbe "veiller" crève les yeux: "Ce que je vous dis là, je le dis à tous: VEILLEZ!" Cela veut-il dire qu'il est interdit de dormir? Au sens physique bien sûr que non. Etant aumônier de cliniques, si je disais cela aux malades, j'aurais bientôt tous les médecins et infirmières sur le dos. D'ailleurs, Jésus lui-même n'a-t-il pas dormi, et profondément? Même dans la barque avec les apôtres, en pleine tempête...

Alors quel est le sommeil auquel Jésus veut nous arracher, sinon celui du coeur, qui a pour nom aussi l'habitude, la routine. Chez les Pères de l'Eglise, l'habitude ('synetheia') apparaît comme synonyme de paganisme. Pour S. Clément d'Alexandrie, la 'synetheia' est l'incarnation de l'ancien qui est païen. La vérité chrétienne est dure et amère comme un médicament. L'habitude est douce et séduisante. La foi rend libre, l'habitude asservit et ligote (J. Holdt). J. Ratzinger faisait remarqquer à ce sujet:

"C'est pourqquoi, en tant que chrétien, on ne peut jamais dire simplement que chacun vive danss la religion qui lui est échue par les circonstances historiques, puisque tous seraient des chemins de salut, chacune à sa manière. De cette façon, on réduit en effet la religion à une simple habitude et on la ferme à la vérité. Elle finit alors dans le domaine de la psychologie (des expériences et des conceptions subjectives) et de la sociologie (oragnisation rituelle des structures communautaires), mais elle n'ouvre pas l'homme. Et surtout, au lieu de mener les hommes les uns vers les autres dans les questions essentielles de l'humanité, elle les enferme préciséement dans leurs traditions respectives et les sépare ainsi les uns des autres."

Et il poursuit:

"La mise en route vers la foi chrétienne a été possible parce qu'en Israël il y avait des hommes avec un coeur en recherche, qui ne se contentaient pas de leurs habitudes familières, mais étaient en quête de quelque chose de plus grand: Marie, Elisabeth, les Douze et tous les autres qui apparaissent dans le Nouveau Testament. L'Eglise des pagano-chrétiens est devenue possible parce qu'aussi bien dans l'ère méditerranéenne qu'aau Proche-Orient où les missionnaires arrivaient, il y avait des hommes qui étaient en attente, qui ne se contentaient pas de ce qu'ils trouvaient devant eux, mais qui cherchaient l'étoile qui devait leur montrer le chemin du véritable Sauveur du monde."

Quant à nous, qui sommes chrétiens de longue date, nous aussi nous devons nous laisser interpeller. Faudra-t-il alors que nous changions de religion? Non, évidemment. Mais nous ne pouvons pas non plus nous contenter d'un christianisme devenu une habitude, un pur ritualisme. Nous aussi, nous devons continuellement sortir de notre sommeil, briser l'habitude pour rencontrer la vérité qui a pris chair en Jésus Christ.


Quelle est alors cette disposition du coeur que le Seigneur réclame de nous et que nous devons "réveiller", particulièrement durant ce temps de l'Avent? Est-ce une vertu particulière? Si oui laquelle? Sinon, quoi d'autre?

En palrlant de cela ce matin aux malades, je me suis risqué à un petit jeu de mots. J'ai trouvé qu'il y avait une parenté entre le verbe "veiller" et le verbe "s'émer-veiller". Et je me suis souvenu alors d'un petit livre de mon ancien professeur de théologie morale fondamentale, le Père S.-Th. Pinckaers intitulé: "A l'école de l'admiration". Moraliste chevronné, il sait très bien que l'admiration n'a pas reçu de place, ni dans la liste des vertus humaines, ni dans celle des vertus chrétiennes. La raison, explique-t-il, est qu'elle est au-dessus des vertus, à leur source même. Et il fait remarquer qu'Aristote place l'admiration à l'origine de la philosophie, de la reccherche de la sagesse. Ne pouvons-nous pas alors, à plus forte raison, "poser comme une source vive de la foi et de la sagesse chrétienne, pour les fildèles les plus humbles comme pour les théologiens, l'admiration causée par la Parole de Dieu et concentrée dans l'Evangile, qui nous révèle le visage de Jésus et nous unit à sa personne?"


"Je dors, mais mon coeur veille." (Ct 5, 2).

Ce passage bien connu du Cantique des Cantiques nous permet alors de comprendre ce que Jésus nous demande dans l'Evangile. C'est le coeur qui veille; c'est l'amour. Quand on aime, on n'aime jamais à temps partiel. On aime à plein temps, même quand on dort. Je poursuis alors mon petit jeu de mots. Et après avoir lié les verbes "veiller" et "s'émer-veiller", je leur adjoins "s'aimer-veiller".

"Nous découvrirons ainsi, par exemple, que la morale n'est pas tant affaire d'obligations, comme on le croit souvent, que d'admiration, qu'elle doit se vivre autant par les yeux, en suivant les attraits du coeur, que par la contrainte volontaire. L'admiration constitue, à notre avis, la source la plus profonde de l'énergie et de la qualité morales; aucun impératif ne peut l'égaler. Nous dirions volontiers: dis-moi ce que tu admires et je te dirai qui tu es."

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