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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Saint Augustin, Lettre à Proba sur la prière - 4

Publié par dominicanus sur 28 Juillet 2010, 01:25am

Catégories : #La vache qui rumine C 2010

 

II. Ce que prier veut dire

  • Il faut prier sans cesse

Pour obtenir cette vie bienheureuse, celui qui est lui-même la vraie Vie bienheureuse nous a appris à prier sans multiplier les paroles ; car ce n’est pas à force de parler que nous serons mieux exaucés, puisque nous prions celui qui, comme le Seigneur l’a dit lui-même, « connaît ce qui nous est nécessaire, avant même que nous le demandions » [33]. Il peut donc paraître étonnant que celui qui nous recommande la sobriété des paroles dans la prière nous dise précisément pour nous exhorter à prier : « Il faut prier sans cesse et ne jamais se lasser » [34], bien qu’il connaisse nos besoins avant même que nous les lui exposions. En nous proposant l’exemple de cette veuve qui, voulant avoir raison de son adversaire, finit à force de sollicitations par se faire écouter de son juge inique, ému et vaincu non par la justice et la compassion, mais par la fatigue et l’ennui, il nous avertit qu’en priant sans cesse nous serons certainement exaucés par le Dieu de miséricorde et de justice, puisque cette veuve, par son importunité, a fini par fléchir même l’iniquité et l’impiété de son juge. Il nous apprend aussi combien Dieu est disposé à accomplir les bons désirs de ceux qu’il sait prêts à pardonner les péchés d’autrui, puisque cette veuve est parvenue au but de ses désirs, en obtenant justice et raison de son adversaire. De même quelqu’un avait reçu un ami de passage et, n’ayant rien à lui offrir, il alla prier un de ses amis de lui prêter trois pains — qui peut-être figurent la Trinité d’une seule et même substance. Cet ami et ses serviteurs dormaient déjà. Le réveillant, notre demandeur obtint, à force d’instances et d’importunités, autant de pains qu’il désirait. Le voisin les lui donna plus par lassitude que par un sentiment de bienveillance [35]. Comprenons donc que si celui qui dort et est réveillé malgré lui par un solliciteur, est forcé de donner, celui-là donnera bien plus avec bienveillance, qui ne saurait dormir, mais qui nous éveille quand nous dormons, afin que nous lui adressions nos demandes.


16. De là encore ces paroles : « Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; et à qui frappe on ouvrira. Quel est d’entre vous le père auquel son fils demande du pain et qui lui remettra une pierre ? Ou s’il demande un poisson, à la place du poisson, lui remettra-t-il un serpent ? Où encore s’il demande une œuf, lui remettra-t-il un scorpion ? Si donc vous qui êtes mauvais vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père du ciel donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui l’en prient » [36]. Selon les trois dons que recommande l’Apôtre [37] le poisson semble désigner la foi, soit à cause de l’eau du baptême, soit parce qu’elle subsiste saine et sauve dans les flots de ce monde ; à la foi s’oppose ce serpent dont la ruse envenimée a persuadé (à nos premiers parents) de ne pas accorder leur foi à Dieu. L’œuf figure l’espérance parce que la vie du poussin n’y est pas encore donnée, mais y est en promesse ; on ne la voit pas encore, mais on l’espère ; car « voir ce qu’on espère ce n’est plus l’espérer » [38]. À l’espérance s’oppose le scorpion. Car celui qui espère la vie éternelle, oublie ce qui est derrière lui, pour aller droit de l’avant [39]. Il lui serait nuisible de regarder en arrière. Or c’est par ce côté que le scorpion est à craindre, parce que là est son venin et son dard. Le pain signifie la charité. Car « la charité est la plus grande des trois » [40] ; or le pain dépasse en utilité les autres aliments. À elle s’oppose la pierre, car les cœurs endurcis rejettent la charité. Mais peut-être ces trois symboles supportent-ils une autre interprétation plus convenable encore. Quoi qu’il en soit, c’est celui qui sait donner de bonnes choses à ses fils qui nous oblige à demander, à chercher, à frapper.

 

 

 

[33] Mt 5, 8.

[34] Cf. Lc 18, 1.

[35] Cf. Lc 11, 5-8.

[36] Lc 11, 9-13.

[37] Cf. 1 Co 13, 13.

[38] Ro 8, 24.

[39] Cf. Phi 3, 13.

[40] 1 Co 3, 13.

 

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