Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Chine. Sept nouveaux évêques ne font pas le printemps

Publié par dominicanus sur 28 Juillet 2010, 09:06am

Catégories : #Il est vivant !

Ils ont été ordonnés et intronisés avec la double approbation de l'Église de Rome et des autorités communistes. Optimisme au Vatican. Mais aussi prudence. Pour les catholiques chinois la liberté religieuse continue à être un rêve interdit

   

chine.pr.jpg 

 


ROME, le 26 juillet 2010 – Par deux fois en quelques jours, "L'Osservatore Romano" a largement rendu compte de deux nouvelles consécrations épiscopales qui ont eu lieu en Chine, la première le 10 juillet et la seconde le 15 juillet.

En raison de leur caractère délicat au point de vue  diplomatique, les textes de ces deux articles ont été rédigés non pas au sein de la rédaction du journal mais directement dans les bureaux de la secrétairerie d’état du Vatican.

En effet ils enregistrent l’un et l’autre un tournant dans la succession des ordinations épiscopales en Chine.

Dans ce pays, les ordinations épiscopales ont connu au cours des dernières années une évolution oscillante, alternant ouvertures et durcissements du gouvernement communiste. En 2005, tous les nouveaux évêques sont ordonnés avec l'approbation à la fois du pape et des autorités chinoises. En 2006, au contraire, en réaction à la nomination comme cardinal de l’évêque de Hong-Kong Joseph Zen Zekiun – nomination considérée comme un geste hostile par Pékin – le gouvernement chinois recommence à ordonner des évêques qui n’ont pas reçu l’accord du pape. En 2007, année de la lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine, les évêques sont à nouveau consacrés avec l'approbation de Rome. Même le nouvel évêque de Pékin est intronisé avec l’accord du pape.

Mais à partir de décembre 2007 tout s’est bloqué. Pendant plus de deux ans il n’y a eu aucune nouvelle ordination, bien que le nombre de diocèses vacants ou dirigés par des évêques très âgés soit très élevé en Chine.

Le blocage a pris fin le 18 avril 2010, quand le prêtre Paul Meng Quinglu, 47 ans, a été consacré évêque de Hohhot, en Mongolie intérieure.

À partir de ce moment-là, les nouvelles ordinations ont repris à un bon rythme. Et toujours avec l’approbation à la fois de Rome et des autorités chinoises.

Le 21 avril, Joseph Shen Bin, 40 ans, a été ordonné évêque de Haimen, dans la province du Jiangsu.

Le 8 mai, Joseph Cai Bingrui, 44 ans, a été ordonné évêque de Xiamen, dans la province du Fujian.

Le 24 juin, Joseph Han Yingjin, 52 ans, a été ordonné évêque de Sanyuan, dans la province du Shaanxi.

Par ailleurs un autre évêque, Matthias Du Jiang, ordonné en 2004 avec uniquement l’accord du Saint-Siège, a été intronisé, le 8 avril, dans le diocèse de Bameng, en Mongolie intérieure, avec la reconnaissance officielle des autorités chinoises.

Le Vatican n’a pas annoncé publiquement les quatre nominations et l’intronisation officielle mentionnées ici. Il a préféré attendre de voir comment les choses allaient évoluer. Mais la nouvelle n’a pas échappé aux observateurs. Le dernier numéro du mensuel international "30 Giorni" – cette revue, imprimée à Rome, est une lecture indispensable pour les diplomates du Vatican comme pour les autorités chinoises compétentes en la matière - a consacré tout un article précisément à ce "changement de pas" dans les rapports entre le Saint-Siège et Pékin. "30 Giorni" a notamment souligné que, pour la première fois dans l’histoire de la Chine populaire, un évêque de Taïwan, Joseph Cheng Tsai-fa, a pris part à la nomination du 8 mai.

Au contraire, le Saint-Siège a donné une large publicité aux deux nominations épiscopales supplémentaires qui ont eu lieu en juillet, donnant ainsi la preuve qu’il considère que la nouvelle situation est en phase de consolidation.

Dans les deux cas, les articles publiés dans "L'Osservatore Romano" ont précisé non seulement que les nouveaux évêques avaient la double approbation de Rome et de Pékin, mais que c’était aussi le cas de tous les évêques ayant participé à leur consécration, qui sont cités un par un.

L’évêque ordonné le 10 juillet à Taizhou, dans la province du Zhejiang, est Antoine Xu Jiwei, 75 ans. De 1960 à 1985 il a passé beaucoup de temps en prison et aux travaux forcés. Ces dernières années, il a séjourné en Corée du Sud et en Europe pour y faire des études. Le diocèse dont il a pris la direction était vacant depuis 48 ans.

L’évêque ordonné le 15 juillet à Yan'an, dans la province du Shaanxi, est Jean-Baptiste Yang Xiaoting, 46 ans. Il est coadjuteur, avec droit de succession, de l’évêque titulaire qui est âgé et malade. Sa formation culturelle est hors du commun. De 1993 à 1999, il a étudié, à Rome, à l’Université Pontificale Urbanienne où il a obtenu une licence et un doctorat en théologie. En 2002, il a également obtenu un mastère en sociologie des religions à la Catholic University of America de Washington. Revenu en Chine, il a fondé un centre de formation et de recherche. Il est directeur des études au séminaire de Xi'an, où il continuera à enseigner. Plus de 6 000 fidèles ont assisté à son ordination épiscopale, dont 110 prêtres et 80 religieuses.


***


Au Vatican on regarde donc avec un optimisme prudent cette fournée de nominations épiscopales qui ont eu lieu avec la double approbation de Rome et de Pékin.

Bien entendu, les diplomates du Vatican savent que de nouveaux durcissements de la part de la Chine sont toujours possibles. Ils savent surtout qu’une solution de ce genre n’est sûrement pas la meilleure pour l’Église et pour la liberté religieuse en général. Actuellement, le Vietnam est le seul pays au monde où l'obligation d’un "feu vert" de l’État pour tout nouvel évêque soit imposée à l’Église en vertu d’accords écrits que celle-ci a passés avec le régime. En Chine, il n’existe aucun accord de ce genre et on ne prévoit pas qu’il y en ait à brève échéance, mais c’est bien ce qui se passe actuellement dans les faits. Étant bien entendu que, pour les évêques non reconnus par le gouvernement, la vie est très dure, pleine d’arrestations et de vexations. De même que l'activité des évêques reconnus officiellement et de leurs diocèses est également soumise à des contrôles étouffants.

Mais l’impression qui prédomine au Vatican est que les autorités chinoises ont aujourd’hui tendance à archiver définitivement la politique religieuse du passé, qui obligeait les catholiques chinois à rompre leurs relations avec Rome et à s’inscrire à une sorte d’Église "patriotique", avec des évêques nommés uniquement par le gouvernement.

Les diplomates du Vatican estiment que les raisons qui ont conduit les autorités chinoises à ce changement de ligne sont de nature pragmatique. Un chercheur influent - Ren Yanli, membre de l’académie chinoise des sciences sociales et de l’institut de recherches sur les religions du monde, qui étudie depuis des décennies la vie de l’Église catholique chinoise et les relations entre la Chine et le Vatican - les a présentées au début de cette année dans une interview accordée à "30 Jours".

Après avoir souligné que "les fidèles n’écouteront jamais des pasteurs choisis et consacrés de manière autonome, sans l’approbation du pape", et que "les derniers évêques nommés sans l’accord du pape restent isolés et personne ne veut recevoir la communion de leurs mains pendant la messe", Ren Yanli continuait ainsi :

"Le gouvernement a compris que, s’il veut que les évêques soient des pasteurs estimés et suivis par les fidèles et qu’ils ne soient pas perçus comme des fonctionnaires isolés et imposés de l’extérieur, il doit admettre - ce qu’il fait maintenant - que la nomination venant du pape et la pleine communion avec lui sont des éléments absolument indispensables. Cela veut dire que, dans les faits, l’idée d’imposer à l’Église une indépendance qui serait une séparation du pape et de l’Église universelle a été abandonnée. Le processus qui mène à une affirmation de plus en plus explicite de la communion des évêques chinois avec le pape – et de tout ce que cela comporte – est irréversible. Sur cette voie il ne pourra y avoir de retour en arrière".


***


Toutefois l’opinion plus pessimiste d’autres hommes d’Église qui suivent de près l’évolution de la situation chinoise s’oppose au prudent optimisme des diplomates du Vatican.

Parmi eux, le cardinal Zen. C’est un salésien comme le cardinal Tarcisio Bertone - secrétaire d’état et donc chef de la diplomatie vaticane - mais il s’est trouvé à plusieurs reprises en désaccord avec lui.

Les divergences entre Bertone et Zen sont à bien des égards les mêmes que celles qui divisent deux organes de presse internationaux très informés et très actifs sur la question chinoise : d’un côté la revue "30 Jours", proche de la diplomatie vaticane, de l’autre "Asia News", l'agence de presse en ligne dirigée par le père Bernardo Cervellera, de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères.

Dans une note publiée le 23 juillet par "Asia News", y compris en chinois, le père Cervellera a exposé les raisons qui inciteraient à douter que la Chine ait vraiment la volonté d’ouvrir un avenir de liberté aux catholiques de ce pays.

En effet non seulement les évêques "clandestins" ne sont pas libres d’exercer leur ministère mais les évêques qui ont la double approbation de Rome et de Pékin ne le sont pas non plus. En fait les évêques doivent obéir à deux autorités, celle de l’Église et celle de l’État, mais cet État s’arroge le pouvoir de décision dans des domaines qui sont de la compétence exclusive de l’Église. Bien souvent, donc, les deux obéissances s’avèrent incompatibles l’une avec l’autre pour des raisons de foi. Et ceux qui refusent de s’inscrire à l'Association Patriotique, l'organisme gouvernemental qui contrôle l’Église, risquent de payer cher cette décision.

Au début de ce mois de juillet, le ministère des Affaires religieuses a réuni à Pékin des dizaines d’évêques pour quatre jours d’endoctrinement sur la politique religieuse du gouvernement. Les autorités communistes s’efforcent de porter l’un de leurs évêques fantoches, Ma Yinling, du diocèse de Kunming, l’un des très rares évêques chinois non reconnus par le pape, à la présidence des deux principaux organismes chargés de contrôler l’Église, l'Association Patriotique et le Conseil des évêques chinois qui est un semblant de conférence épiscopale, ces deux organismes étant vacants depuis la mort des évêques fantoches qui les présidaient.

Tous ces faits maintiennent une tension élevée entre les deux composantes du catholicisme chinois : les communautés "souterraines" et celles qui sont officiellement reconnues. La lettre écrite en 2007 par Benoît XVI aux catholiques se heurte à la volonté des autorités chinoises d’entretenir et d’exploiter à leur profit ces divisions. Et en effet cette lettre est toujours taboue dans le pays, où elle circule avec difficulté.

Ainsi, alors que le Vatican étudie les dernières manœuvres diplomatiques et pèse chaque mot, beaucoup de membres des communautés "souterraines" chinoises se plaignent d’être "oubliés" par l’Église de Rome.

Le Vatican élève rarement la voix pour demander la libération des catholiques chinois emprisonnés. Il y a deux évêques chinois "souterrains" qui ont disparu depuis plusieurs années : Jacques Su Zhimin, de Baoding, et Côme Shi Enxiang, de Yixian.

Le 7 juillet dernier, Jia Zhiguo, évêque "souterrain" de Zhengding, a été libéré après quinze mois de séquestration par la police. Le cardinal Ivan Dias, préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, lui a envoyé un message écrit pour lui souhaiter “bon retour au service”.

Et le père Cervellera de commenter :



"Peut-être le cardinal Dias a-t-il pensé qu’il n’était pas encore temps d’ajouter le mot 'emprisonnement' ou 'isolement' pour faire comprendre au monde que cet évêque ne revenait pas de vacances, mais d’une période de suppression de ses droits".

 

Sandro Magister



La note du père Bernardo Cervellera publiée par "Asia News" le 23 juillet 2010 :

> Cina-Santa Sede: il miraggio e la libertà religiosa per la Chiesa ufficiale e sotterranea
 


L'analyse de Gianni Valente dans "30 Jours" (n° 5 de 2010) :

> Pechino vuole vescovi nominati dal papa



Les précédents articles de www.chiesa à ce sujet :

> Focus CHINE



Traduction française par Charles de Pechpeyrou.

www.chiesa

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents