Fra Angelico, La Résurrection (détail)
A l'annonce de la résurrection, nous devrions nous crier à nous-mêmes, avec les paroles du psaume: Eveille-toi, ma gloire; éveille-toi, harpe, cithare, que j'éveille l'aurore! (Ps 57, 9) Mais comment, dira-t-on, tressaillir de joie alors que le monde est si troublé, agité, alors que "les peuples mugissent et les royaumes chancellent"? C'est vrai, mais Christ est ressuscité:
Aussi ne craindrons-nous si la terre est changée, si les montagnes chancellent au coeur des mers, lorsque mugissent et bouillonnent leurs eaux et que tremblent les monts à leur soulèvement. Un fleuve! Ses bras réjouissent la cité de Dieu... Allez, contemplez les hauts faits du Seigneur, lui qui remplit la terre de stupeurs.
(Ps 46, 3 ss.)
Toutes les merveilles opérées par Dieu ont trouvé leur accomplissement et leur dépassement dans ce prodige qu'est la résurrection du Christ. Le Ressuscité, qui passa dans le cénacle "toutes portes closes", passe encore aujourd'hui toutes portes closes. A travers les portes closes des coeurs, à travers les portes closes des cultures et des époques qui nient sa Résurrection, à travers les portes closes des régimes athées qui refusent de le reconnaître et le combattent. Il est passé, récemment, à travers nombre de ces murs, dont celui de Berlin qui n'en est que le symbole. Un de nos frères poètes, Paul Claudel, a dédié à la résurrection ces vers étonnants:
"Rien ne résiste à ce vainqueur: portes closes
il passe
de l'autre côté du mur.
C'est ainsi qu' à travers le temps il passe sans qu'il en rompe la mesure"3
Rien n'a pu empêcher que la Pâque arrive encore cette année, rien n'empêchera que la Pâque arrive encore l'année prochaine, jusqu'à son retour. Rien ne peut empêcher l'Eglise de répéter lors de chaque messe: "Nous annonçons ta mort, Seigneur, et nous proclamons ta résurrection, dans l'attente de ta venue."
(A suivre)
3. P. Claudel, "La nuit de Pâques" dans Oeuvre poétique, Paris, 1967, p. 826.