Après la Résurrection Pierre avait appris ce que c’est que d’affronter Satan en comptant sur ses propres
forces. Il a vu le Seigneur ressuscité comme il l’avait annoncé. Et selon saint Jean, Jésus avait déjà soufflé sur lui et sur les autres en disant : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,
21-22). C’est alors que commence pour Pierre la troisième phase de sa relation avec Jésus, sous la mouvance de l’Esprit Saint. Il ne pourra attraper du poisson que sur la parole de Jésus.
Comme le passage précédent, celui-ci peut avoir plusieurs sens : un sens littéral, et un sens spirituel. Saint Jérôme nous apprend que les 153 poissons que Pierre attrape dans ses filets
correspond au nombre d’espèces de poisson connues de ce temps-là. Ce qui signifierait alors l’universalité de la mission reçue du Seigneur. En Mt 13, 47-48, Jésus compare le Royaume
« à un filet qu’on jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage ... » Après le déjeuner, Jésus questionne Pierre pour
susciter une réponse de foi et d’amour dans l’Esprit. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Jésus voulait savoir s’il, en se comparant aux autres, il se croyait encore
supérieur, en se fiant à lui-même. « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » « Pais mes agneaux. » On pourrait penser, et peut-être Pierre l’a pensé, qu’avec cette charge
écrasante, Jésus allait donner quelques précieux conseils pour paître ses agneaux. Mais non ! Jésus revient à la question précédente, non pas une mais encore deux fois.
On dit que dans cette triple question il y a une allusion au triple reniement de Pierre. Mais il est vrai aussi que par cette triple question Jésus enseigne à Pierre quelle est la chose la plus
importante pour être le Pasteur des brebis.
Comme un homme pratique Pierre aurait pu penser aux efforts concrets, aux choses matérielles à faire pour remplir sa mission. Jésus lui dit que ses brebis seraient nourries non par le service de
Pierre en tant que tel, mais par sa foi aimante pour Jésus. Ceci jette une lumière nouvelle sur le passage d’Ézéchiel 34, 11- 16. Jésus ne délègue pas ses fonctions à Pierre et aux autres. Il
décrit sa manière d’être présent.
Cette leçon est soulignée encore par ce qui suit. « En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu auras
vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. » Un autre, c’est l’Esprit, qui le relie au Seigneur comme une ceinture. C’était la mort de Pierre,
mais une mort graduelle. Il devait mourir à sa propre volonté, même à sa propre générosité impétueuse, pour que le Berger puisse le conduire par l’Esprit.
Dans cette troisième phase nous voyons Pierre et les disciples donner à Jésus un nouveau nom, donné seulement à Dieu : Seigneur. « Personne ne peut dire que Jésus est Seigneur si ce n’est
dans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3). C’est ce qui conduira les générations suivantes de croyants à dire que Jésus est « Dieu, né de Dieu, Lumière, né de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai
Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père par qui tout a été fait. »