Le Père Jean-Côme About commente l'Évangile selon saint Luc (20, 27-38)
de ce 32e dimanche du temps ordinaire: >>
Ce trente-deuxième dimanche du temps ordinaire nous rapproche de la fin de l’année liturgique et les lectures proposées nous parlent des fins dernières pour mieux mettre en relief le triomphe de gloire du Christ. Victoire sur le mal, victoire sur la mort et établissement de la vie éternelle pour celui qui reconnait la victoire du Ressuscité dans sa propre vie.
Si cela nous est un peu plus évident, l’évocation de la résurrection au temps du Christ, même envisageable, avait peu d’écho et de compréhension chez ses contemporains. Et nous nous trouvons avec
lui, dans l’évangile, face aux saducéens qui refusent et nient la résurrection.
Pour embarrasser Jésus, ils évoquent un cas de figure prescrit dans la loi de Moïse : si un homme meurt sans enfant, son frère doit épouser la veuve. Poussant l’argument jusqu’au bout, une femme
épouse successivement les sept frères avant de mourir : à la résurrection, de qui sera-t-elle l’épouse ?
Leur argumentation est subtile car Jésus doit se soumettre à la loi de Moïse et donc corroborer leur propos sinon il est hors de la tradition et comme ils évoquent la résurrection qui n’est pas
dans la loi de Moïse, si Jésus l’enseigne, il est encore hors de la loi.
Mais Jésus va les confondre en retournant leur argument par l’absurde.
Vous parlez de résurrection alors c’est donc que la mort ne peut avoir le dernier mot. Et s’ils sont vivants, bien que Moïse n’en n’aient pas parlé, c’est que celui-ci ne connaissait pas, alors,
l’entièreté de la Loi. Mais dans ce cas là pourquoi Dieu se révèle dans le buisson ardent sans véritablement révéler qui il est ? Pourquoi donne-t-il la loi si elle est rapidement caduque
?
Non, écoutez bien, s’il se présente « comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » ce n’est pas au nom de morts mais de vivants qu’il se réclame, car Abraham, Isaac et Jacob sont bien vivants
sinon pourquoi s’appuyer sur du néant s’ils ont définitivement disparus.
Ainsi on ne peut projeter une logique typiquement humaine quand on parle de la résurrection car « Les enfants de se monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à
venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : Ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la
résurrection.»
Il nous faut comprendre que la vie des ressuscités est une vie transfigurée car il y a une discontinuité entre ce monde-ci et le monde à venir. Le mariage et la génération d’enfants n’auront plus
de signification car la fécondité sera de l’ordre de Dieu dans lequel nous serons, et non plus de l’ordre d’une génération nécessaire simplement humaine liée à notre condition mortelle.
Nous aurons une condition semblable à celle des anges, en tant que fils de Dieu. Semblables dans leur fonction de louange mais non identique car notre identité propre persistera.
Seul Dieu connait cet état de fait, alors restons confiants et n’élucubrons pas, comme les saducéens, des plans sur notre état futur : l’accueil de la résurrection vérifiée en Jésus-Christ suffit
largement à nous réjouir… pour ce temps et pour l’éternité.
(Radio Vatican)