Jésus Christ, notre Sauveur, vrai Dieu et vrai Homme, a expérimenté les abîmes de la misère humaine. En contemplant sa Passion, il n’est pas permis d’en douter. Isaïe n’en a pas douté :
« Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne. »
Nous avons tous pu avoir cette impression dans notre vie, car nous vivons tous dans un monde de péché. Nous avons tous été malades, et trahis, et blessés. Et nous avons tous aussi fait souffrir les autres. Les conséquences du mal et du péché ont atteint et touché chacun de nous, un peu comme les vagues dans l’eau atteignent le rivage quand on jette un caillou au milieu d’un étang. Le caillou, c’est le péché originel.
Jésus nous a sauvés en se mettant à notre niveau, en venant au cœur de nos douleurs et de nos détresses.
« C'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé. »
Il nous a sauvés, non pas en supprimant la souffrance, mais en souffrant avec et pour nous, en nous apprenant, par son propre exemple, à aimer et à faire confiance à Dieu au cœur de la souffrance.
Est-ce que nous réalisons pleinement la signification de cette vérité étonnante ? Cela veut dire que nous n’avons pas besoin de devenir parfaits pour pouvoir être amis de Dieu. Cela veut dire que, dans le Christ, nous pouvons nous rendre en présence de Dieu comme nous sommes, avec toutes nos misères et nos confusions, et nos blessures, et nos péchés. Les bras de Jésus sont étendus sur la croix, pour embrasser qui ? Ceux qui n’ont jamais péché ? Ceux qui sont déjà des saints ? Non! Nous!
La Lettre aux Hébreux nous le fait comprendre. Ecoutez à nouveau cette phrase impressionnante qui peut nous libérer de toute crainte et hésitation dans notre relation avec Dieu :
« Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. »
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Le fait de faire l’expérience de cet amour de Dieu qui veut nous rencontrer là où nous sommes peut avoir une grande résonance dans notre vie. Sir Alec Guinness, l’acteur britannique aux nombreuses distinctions, en a fait l’expérience d’une manière très surprenante. Il se trouvait pour un tournage dans un vieux village en France. Il tournait un film où il jouait le rôle d’une prêtre catholique, bien que lui-même n’était pas catholique. Après une longue journée de tournage, il retournait vers son hôtel à pied à travers les rues du village, toujours en habits de prêtre. Soudain, une petite fille se précipite vers lui. Elle allait dans la même direction sur le chemin de retour vers la maison après avoir fait une course. En voyant l’acteur, mais pensant que c’était un vrai prêtre, elle lui prend la main dans sa petite main, et c’est ainsi qu’elle continue sa route, parlant avec lui comme si elle l’avait connu toute sa vie. L’acteur, ne connaissant pas un mot de français, ne savait pas ce qu’elle disait, était bien incapable de répondre quoique ce soit, mais pour la petite fille, ce n’était pas un problème. Elle continuait ainsi pendant quelques centaines de mètres, jusqu’à ce que elle devait tourner dans une autre direction. Sa main s’est détachée, s’est agitée pour dire au revoir, après quoi la petite fille a poursuivi sa route.
Alec Guinness est resté un moment perplexe. Il était intrigué par une religion qui pouvait inspirer autant de confiance et de joie. La petite fille l’avait pris pour un prêtre, et cela avait suffi pour le traiter comme s’ils avaient été des amis de longue date, bien qu’elle ne l’avait jamais rencontré avant durant toute sa vie ! Cette expérience non seulement a profondément influencé sa manière de jouer son rôle dans le film ; c’était le premier pas dans la voie qui l’a finalement conduit à devenir catholique.
Dans le Christ, Dieu – le Créateur de l’univers et celui qui maintient toute la Création dans l’existence, veut être aussi proche de nous. C’est pour cela qu’il est monté sur la Croix pour nous sauver par ses souffrances, pour pouvoir être proche de nous. Il veut que nous ayons avec lui la même confiance, la même simplicité que celle de la petite fille avec lui ! Il veut que nous avancions avec confiance vers le trône de sa grâce, comme nous sommes, tout simplement.
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Aujourd’hui, bien qu’attristés par les souffrances que notre Seigneur a du endurer pour nous sauver de nos péchés, nous sommes en même temps dans la joie, car nous savons que nous ne sommes pas seuls dans nos souffrances, et que nous ne serons jamais seuls. Il est tout près de nous. La porte de Dieu est toujours ouverte, ses bras sont toujours étendus pour nous accueillir. Le trône de Dieu est toujours à portée de notre prière. Ce soir, ne quittons pas cette église avant d’avoir remercié le Seigneur pour ce grand cadeau. Quand nous avancerons en procession pour vénérer la croix, faisons-le avec un coeur plein de reconnaissance.
Mais, en même temps, n’oublions pas que beaucoup n’ont toujours pas reçu ce cadeau. Beaucoup ne sont pas ici ce soir. Beaucoup n’ont pas entendu la Bonne Nouvelle. Beaucoup n’ont pas appris qu’ils peuvent avancer avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant. Beaucoup souffrent dans la solitude. Peut-être en connaissons-nous. Peut-être en connaissons-nous qui savaient, mais qui ont oublié. Peut-être connaissons-nous des personnes qui ont peur du Christ. Pourrions-nous procurer une plus grande joie au Seigneur que d’être de vrais disciples que de leur apporter la Bonne Nouvelle ?
"Contrairement à ce que nous pouvons penser, la plus grande difficulté des hommes n'est pas de croire à ce que l'Eglise enseigne au plan moral.
Le plus dur pour le monde postmoderne est de croire en Dieu et en son Fils unique."
(Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien)
Depuis hier soir, et jusqu’à demain soir, tous les tabernacles du monde sont vides, et tous les autels du monde sont nus. Où donc les hommes et les femmes qui souffrent en ce monde pourraient-ils aller pour être réconfortés par l’amour du Christ ? Nulle part ! Et donc, c’est nous qui devrons aller vers eux. Depuis maintenant et jusqu’à Pâques, nous sommes appelés à être des tabernacles vivants, nos cœurs devront être des autels où l’amour du Christ descend sur terre, en aimant notre prochain comme le Christ nous a aimés. Quand nous recevrons le Seigneur dans la Sainte Communion, prions humblement et avec confiance pour lui demander cette grâce.