Jean Baptiste est dépeint comme un prédicateur au caractère colérique, qui faisait peur aux gens pour les amener au repentir. C’est une caricature !
En fait, pour peu que nous voulions bien comprendre et l'admettre, le message de Jean est source d’une joie bien plus profonde que n’importe quelle autre joie que nous pourrions expérimenter dans notre vie. C’est cela que la célébration liturgique de ce troisième dimanche de l’Avent voudrait nous aider à comprendre et à vivre. Ce dimanche est appelé "dimanche Gaudete", le dimanche de la réjouissance. Le mot "joie" et ses dérivés ainsi que ses synonymes (allégresse) se trouvent douze fois dans les lectures de ce jour.
Jésus n’est pas venu pour nous intimider et nous opprimer ; il est venu pour nous sauver, pour nous apporter le salut, l’amitié avec Dieu, la plénitude et la sécurité de la vie en communion avec lui, notre Créateur et notre Rédempteur, pour nous rassembler dans les "greniers" de son Royaume éternel… Voilà le message de Noël, le message que nous méditons tout au long de ce temps de l’Avent.
Dans la deuxième lecture de ce jour, saint Paul nous commande d’être « toujours dans la joie du Seigneur ». Et au cas où nous serions tentés de croire qu’il exagère, aussitôt après, il dit :
« Laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie ».
Nous ne pouvons être toujours dans la joie du Seigneur si notre joie est fondée sur les plaisirs éphémères de ce monde. Sur quoi alors la baser ? Le salut, l’amitié avec Dieu, quelque chose qui ne passe pas, et que personne ne peut nous enlever. C’est la source de la joie chrétienne, et c’est cette joie que Jésus nous apporte.
La joie de notre Seigneur et Sauveur diffère des joies du monde de trois manières.
D’abord elle ne passe pas. La raison en est qu’elle provient d’une réalité vivante : notre relation avec le Christ. L’arbre de Noël est un arbre toujours vert. Pendant l’hiver en Europe et ailleurs, tous les autres arbres perdent leurs feuilles et entrent "en sommeil". Pas le sapin ! La verdure du sapin symbolise l’espérance au cœur de l’hiver avec ses journées froides et privées de lumière.
Ensuite, la joie du Christ s’intensifie au fur et à mesure que nous avançons dans notre pèlerinage de foi. C’est la raison pour laquelle la couleur liturgique de ce jour est normalement le rose. Le rose rappelle la couleur du ciel au petit matin, au moment où le soleil se lève. Pour les chrétiens fidèles, la vie est comme une longue aurore, et la mort l’entrée dans la splendeur de la lumière éternelle.
Enfin, plus nous donnons de la joie aux autres, plus nous serons nous-mêmes dans la joie. D’où la coutume d’échanger des cadeaux de Noël. Jésus lui-même nous assure qu’il y « plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). Nous avons tous pu en faire l’expérience : même si cela nous coûte et nous demande des sacrifices, nous éprouvons alors une grande joie. Mais lorsqu’au contraire, nous cédons à nos tendances égoïstes, nous devenons tout ratatinés, comme Ebenezer Scrooge, le personnage principal du roman de Charles Dickens, roman qui est devenu un des comtes de Noël les plus connus (A Christmas Carol), ainsi que l’un des personnages les plus célèbres de l’univers de Donald Duck, Balthazar Picsou (Scrooge McDuck en anglais). C’est ce même personnage qui a été adapté plusieurs fois au cinéma, et encore dans le film Le Drôle de Noël de Scrooge…
C’est à une autre expérience que la liturgie de la nuit de Noël nous invite. En transmettant la lumière, en aidant les autres à allumer leur cierge à l’aide de la flamme de la nôtre, nous ne perdons rien ; au contraire, nous gagnons davantage de lumière et de chaleur que si nous avions gardé notre flamme pour nous-mêmes.
Voilà la joie que Jésus veut nous apporter : une joie qui demeure, qui grandit, qui se multiplie et qui vient de l’acceptation de Celui que le Père nous donne comme Sauveur.
Si l’amitié avec Jésus Christ est source de joie éternelle, alors plus cette amitié s’approfondit et mûrit, et plus nous ferons l’expérience de la joie éternelle. Les meilleurs auteurs spirituels de l’Eglise catholique sont tous d’accord pour dire que cette joie dépend de trois choses : connaître, aimer et imiter Jésus Christ. Le fait que nous soyons ici aujourd’hui montre que, du moins dans une certaine mesure, nous connaissons et nous aimons Jésus. Mais est-ce que nous l’imitons ? Si quelqu’un nous suivait avec une caméra vidéo depuis le moment où nous quittons l’église jusqu’au moment où nous revenons dimanche prochain, quel genre de comportements pourrait-il enregistrer ? Notre vie quotidienne serait-elle un fidèle reflet de l’honnêteté, de l’intégrité, de la pureté de Jésus, des sacrifices auxquels Jésus a consenti pour pouvoir nous aimer ? Le Temps de l’Avent dure encore deux semaines. Faisons en sorte de mieux imiter Jésus pendant les deux semaines à venir que durant les semaines précédentes.
Je crois que nous savons tous comment il faut nous y prendre. D’abord, il nous faut commencer chaque jour par la prière, car sans l’aide de Dieu, nous ne pouvons rien faire. Ensuite nous devons faire un sérieux effort pour traiter notre prochain comme nous voudrions qu’il nous traite : d’abord les membres de notre famille, ensuite les amis, les collègues, les étrangers… Nous ne voudrions pas qu’ils nous critiquent et nous calomnient dès que nous avons le dos tourné. Nous ne voudrions pas qu’ils fassent semblant de ne pas voir nos besoins et nos difficultés. Nous ne voudrions pas qu’ils nourrissent de la haine et du ressentiment à notre égard, même si nous le méritons.
Si nous essayons de connaître, d’aimer et d’imiter le Christ chaque jour un peu plus, notre amitié avec lui ne se refroidirait jamais, et, peu à peu, notre vie deviendra une vraie fontaine de joie chrétienne.
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »