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Publié par dominicanus

 

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Le titre de cette homélie peut sembler quelque peu énigmatique, voire provocateur. Permettez-moi de préciser ma pensée.

 

Il y a deux manières de vivre notre foi catholique. Nous pouvons la vivre passivement ou personnellement. Si nous vivons notre foi de manière passive, nous sommes comme les Pharisiens et les Sadducéens qui étaient venus se faire baptiser par Jean dans le Jourdain. Ils étaient des personnages très en vue, religieusement et socialement parlant, en Israël. Ils comptaient, dirait-on aujourd’hui, parmi les membres les plus actifs de leur paroisse. Ils savaient ce qu’il convenait de faire quand ils allaient à l’église, ils connaissaient toutes les prières. Aux yeux des autres, ils apparaissaient comme des modèles de la religion. Ils se targuaient d’être les enfants d’Abraham. Bref, culturellement parlant, ils étaient de bons Juifs. Ils étaient issus de familles juives et observaient les coutumes juives.

 

Mais voilà qu’arrive Jean Baptiste. Il les avertit qu’être de culture juive n’est pas suffisant :

 

« Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion,  et n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. »

 

Leur religion était une religion de façade, illusoire, car sans conversion réelle.

 

Nous sommes constamment tentés de commettre la même erreur. Nous sommes facilement victimes de la même illusion. Et le démon le sait très bien. Peu à peu, nous pouvons nous complaire en nous-mêmes parce que nous allons à la messe (de temps en temps?), que nous recevons les sacrements, que nous faisons partie de tel mouvement d’Eglise, parce que les autres nous considèrent comme de bons catholiques.

 

Mais la foi catholique, c’est beaucoup plus que cela. Etre catholique, c’est être "chrétien", c’est être un authentique disciple du Christ ; c’est cultiver des liens d’amitié avec Jésus, d’une amitié qui soit en même temps personnelle et ecclésiale, car de même qu’on n’honore pas le Dieu d’Abraham si on rejette le Christ, de même on n’honore pas le Christ si on rejette l’Eglise.

 

Une foi de façade ressemble à ces fleurs artificielles qui sont très bien faites, à tel point qu’on dirait qu’elles sont vraies, mais qui ne portent jamais de fruits. Jean Baptiste nous appelle aujourd’hui de la part du Seigneur à ne pas nous contenter des apparences, et à nous convertir en profondeur. C’est alors seulement que nous pourrons changer le monde. C’est si nous changeons d’abord nos cœurs. Quand nous mourrons, nous voudrions tous laisser derrière nous une famille, une commune, une paroisse, un pays plus beaux. Nous avons tous le désir de faire de notre vie quelque chose de durable. C’est un désir naturel, car c’est Dieu qui l’a mis dans nos cœurs. C’est pour cela que la description d’un monde nouveau que nous avons entendue dans la 1e lecture est si parlante :

 

« Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l'ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s'amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l'enfant étendra la main. »

 

Aux États-Unis un jeune est entré dans un ordre religieux et a commencé une marche longue et difficile vers le sacerdoce. Avant d’entrer au séminaire, il a composé un petit mémoire dans lequel il décrit les raisons qui l’ont poussé à vouloir devenir prêtre :

 

"Une petite voix disait très doucement au fond de moi qu’il se pourrait que j’aie la vocation. Ma réponse initiale était un ‘non’ catégorique. Mais avec le temps, spécialement lors des attentats terroristes dans mon pays, je me suis mis à réfléchir beaucoup sur le vrai sens de la vie, sur ce qui valait vraiment la peine d’être vécu…"

 

Ce jeune, voyant les problèmes du monde, a ressenti le désir de faire quelque chose pour que ça change. Et la grâce de Dieu lui a montré ce que Dieu nous montre aujourd’hui : changer le monde d’une manière durable, cela signifie l’aider à correspondre à la volonté de Dieu qui est de tout réunir dans le Christ. C’est lui seul qui peut faire en sorte que le loup habite avec l’agneau. Et seuls les vrais chrétiens, et non pas les chrétiens pharisaïques, superficiels, peuvent rapprocher les autres du Christ.

 

Une manière de vivre notre foi en profondeur, c’est de cultiver une vertu qui est au cœur du Temps de l’Avent. Saint Paul met cette vertu en lumière dans la 2e lecture, tirée de la lettre aux Romains :

 

« … tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture. »

 

En d’autres mots, l’intervention de Dieu dans l’histoire du monde que nous méditons durant l’Avent devrait nous remplir d’un optimisme surnaturel, ce que saint Paul appelle l’espérance. L’espérance, c’est tout le contraire du découragement et du pessimisme. L’espérance, c’est la confiance que, quelles que soient les ténèbres qui nous entourent, la lumière du Christ ne s’éteindra jamais. Le démon a horreur de l’espérance. Ce qu’il aime, c’est le découragement, car le découragement engendre le cynisme et le désespoir. Le démon fait tout ce qu’il peut pour fixer notre attention sur les ténèbres, sur tout ce qui ne tourne pas rond en ce monde et dans notre entourage.

 

Le découragement, c’est le plus paralysant de tous les vices. Si nous cédons au découragement, notre foi devient comme morte, purement routinière. Alors, comment faire pour faire échec au démon, et pour se prémunir de la paralysie du cynisme et du découragement ? C’est très simple : en arrêtant de critiquer et de se plaindre. Il y a beaucoup de choses qui ne tournent pas rond dans le monde, dans l’Église, dans notre propre vie. Mais les critiques et les complaintes ne servent à rien, sinon à faire de nous des obsédés des ténèbres.

 

Pour faire partie de l’Église, il faut “entrer dans l’espérance”, comme le disait Jean Paul II, et Benoît XVI après lui, dans Spe salvi, nous devons apprendre à arrêter de nous plaindre pour commencer à faire quelque chose de constructif, en Eglise, car il n’y a pas de problèmes sans solution. C’est ainsi que pensent et que vivent les vrais chrétiens, en vrais disciples du Christ, dont la puissance et la sagesse sont sans limites.

 

 

Les catholiques sont appelés à être chrétiens - Homélie 2ème dimanche de l'Avent A
Les catholiques sont appelés à être chrétiens - Homélie 2ème dimanche de l'Avent A
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