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Publié par dominicanus

 

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Nous ne savons rien de cet homme qui va trouver Jésus pour lui demander d’intervenir pour régler un désaccord avec son frère. Sa requête était-elle motivée par un souci sincère de justice ? Etait-il, au contraire, trop attaché à l’argent ? En tout cas, Jésus saute sur l’occasion pour donner un de ses enseignements les plus importants (et les moins entendus) : la valeur de notre vie ne dépend pas des richesses que nous pourrions accumuler. Le but de notre vie n’est pas d’augmenter nos possessions. Comme le dit la sagesse populaire, les riches n’emportent pas leur argent de l’autre côté.

 

C’est déjà ce qui est rappelé dans la première lecture, où l’auteur insiste sans ménagement sur la vanité de celui qui ne pense qu’à amasser des richesses durant sa courte vie. Si notre vie est si courte, alors pourquoi faire comme si elle ne finira jamais ? C’est donc une invitation à ne pas traiter les choses de ce monde, pour belles et bonnes qu’elles soient, comme une fin en soi, alors qu’elles ne sont que des instruments pour nous aider à tendre vers une réalité plus élevée, plus noble : connaître et aimer Dieu.

 

L’argent et les possessions matérielles sont nécessaires pour pouvoir mener notre vie dans la dignité, et ce n’est certainement pas un péché des les apprécier à leur juste valeur. Mais si leur poursuite nous fait négliger une relation saine avec Dieu, avec l’Eglise, et avec notre prochain, nous connaîtrons une fin tragique, tout comme l’homme de la parabole.

 

Jésus sait que nous sommes facilement séduits par l’argent et les richesses de toute sorte, qui nous apparaissent comme une promesse de bonheur. C’est pourquoi il tient à être très clair :

 

« Gardez-vous bien de toute âpreté au gain… »

 

Nous sommes sollicités de toutes parts pour tenter notre chance à des jeux de hasard plus attractifs les uns que les autres : loteries, casinos, tiercés et autres paris sportifs, etc. La tentation est d’autant plus grande maintenant qu’avec internet, on peut jouer sans sortir de chez soi !


L'éventail de jeux proposés est très important et il importe de savoir à quoi on s'engage. Si les gains sont très clairement annoncés ("La chance appartient à tout le monde"), rien n'est évidemment dit en ce qui concerne les risques de perte ("La malchance aussi appartient à beaucoup plus de monde !)

 

Un professeur émérite de mathématiques de l’Université Libre de Bruxelles a fait un petit calcul assez simple (à la portée de tout lycéen) :


Supposons, dit-il, que l'Etat organise une tombola. Dix mille billets sont mis en vente au prix de 100 €. Les lots sont les suivants:

  • les billets se terminant par un chiffre donné gagnent 200 €
  • ceux se terminant par deux chiffres donnés gagnent 500 €
  • ceux se terminant par deux autres chiffres donnés gagnent 500 €
  • les billets se terminant par 3 chiffres donnés gagnent 1.000 €
  • et on tire encore 4 fois 3 chiffres donnant droit à 1.000 €
  • enfin le billet portant le numéro tiré au sort gagne 100.000 €

Un milliardaire de passage se précipite et achète tous les billets. Il lui en coûte 10.000 fois 100 €, c'est-à-dire un million.

 

Après le tirage il se présente pour retirer ses gains. Il a:

  • 1.000 billets qui gagnent 200 €
  • 200 qui rapportent 500 €
  • 50 qui gagnent 1.000 €
  • 1 billet qui gagne le super-gros lot de 10.000 €

Il reçoit donc la somme de: 1000 x 200 € + 200 x 500 € + 50 x 1.000 € + 100.000 €, soit 360.000 €

 

Tout déçu, il constate que chaque billet payé 100 € ne lui rapporte en moyenne que 36 € et que, tous comptes faits, si, venant d'acheter les billets et sachant que l'espérance d'un billet est de 36 €, il aurait mieux valu trouver quelqu'un prêt à les lui racheter à 37 € pièce !

 

Il décide évidemment de ne plus jamais acheter un seul billet de tombola … à moins que ce  ne soit pour une bonne œuvre !

 

Si nous voulons une vie vraiment heureuse, nous devrions plutôt « être riches en vue de Dieu ».

 

Pensez-vous que Jésus a raconté cette parabole à cet homme le sourire aux lèvres, ou avec beaucoup de sérieux ? Les mots employés pas saint Luc nous donnent une piste. Le premier mot employé par Jésus quand il s’adresse à cet homme, c’est « ami ». Il appelle cet homme son ami. Mais ensuite il refuse d’accéder à la demande de cet homme. Jésus, en appelant cet homme son « ami », ne serait-il pas sincère ? Bien sûr que non ! Mais sans doute Jésus a-t-il voulu faire comprendre avec humour à cet homme que son amitié pour lui ne consistait pas à gérer son compte en banque pour lui. "Tu peux compter sur moi pour te donner la lumière, des conseils, de la force, et pour marcher avec toi sur les chemins de la vie, mais tu dois quand marcher. Tu dois faire ta part."

 

Cette rencontre nous donne l’occasion d’admirer la patience et la sagesse du Cœur du Christ. Parfois nous doutons de l’amour de Dieu pour nous, parce qu’il ne donne pas des solutions toutes faites, et tout de suite. Mais un père vraiment aimant donnera-t-il toujours des solutions de facilité à ses enfants ? Non ! Dieu veut ce qui est vraiment bon pour ses enfants, et cela peut être tout à fait autre chose que ce que ses enfants lui demandent comme étant bon pour eux.

 

Jésus voit que cet homme est trop attaché aux choses matérielles, et par son refus d’accéder à sa requête, il veut aider cet homme à redéfinir ses priorités. Jésus est notre ami, justement parce qu’il ne perd jamais de vue le vrai but de notre vie : notre communion avec Dieu, dès maintenant, et jusque dans l’éternité, et parce qu’il n’a de cesse de nous aider à y parvenir.

 

Une façon très concrète de veiller à ce que l’argent reste à sa place dans notre vie de famille, c’est de parrainer un projet d’évangélisation. Si toute votre famille s’implique pour économiser de l’argent pour un projet d’évangélisation, ce sera pour chaque membre de la famille un rappel permanent du fait que l’argent doit être mis au service d’un but plus élevé, au lieu de constituer une fin en soi.

 

En famille, vous pouvez, par exemple, mettre chaque semaine de l’argent de côté pour parrainer un missionnaire, ou l’enfant d’un orphelinat dirigé par des missionnaires, ou un séminariste tout au long de ses années de formation, ou encore pour des intentions de messe pour les âmes du purgatoire.

 

Tous ensemble, en famille, vous définissez votre but, et ensuite, vous voyez de quelle manière vous pouvez le réaliser. Vous pouvez faire une affiche, avec un graphique, pour visualiser la progression tout au long de l’année, avec, de temps en temps, un petit bilan provisoire. A la fin de chaque année, quand vous avez atteint votre but, vous pouvez faire une petite célébration familiale au cours de laquelle vous versez la somme fixée pour la cause qui a été retenue.

 

Une variante pourrait consister à se fixer un but plus ambitieux, en s’y prenant avec deux ou trois autres familles. En favorisant la mission de l’Eglise, le fait d’adopter un projet de parrainage favorise la prise de conscience d’un bon usage de l’argent. Cela contribue aussi à faire grandir la foi, ainsi que l’unité de la famille.

 

Jésus ne veut pas que nous perdions notre temps à construire des greniers qui ne ne nous serviront jamais à rien. Il veut que nous passions notre vie sur terre à construire dans nos cœurs et dans le monde son Royaume, un Royaume qui ne passera jamais. Quand il viendra, tout à l’heure, renouveler son pacte d’amitié avec nous dans la Sainte Communion, renouvelons, nous aussi, notre engagement à le suivre, en laissant derrière nous les chaînes de l’esclavage de l’argent.

 

Si nous voulons une vie vraiment heureuse, nous devrions plutôt « être riches en vue de Dieu ».
Si nous voulons une vie vraiment heureuse, nous devrions plutôt « être riches en vue de Dieu ».

Si nous voulons une vie vraiment heureuse, nous devrions plutôt « être riches en vue de Dieu ».

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