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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Congrégation pour le Clergé, Homélie pour la Fête-Dieu Année C

Publié par dominicanus sur 1 Juin 2013, 23:48pm

Catégories : #Homélies Année C 2012-2013

 

Fete-Dieu C ev

 

Le temps pascal s’est désormais terminé avec le dimanche de Pentecôte, toutefois l’Eglise nous permet de sentir encore son atmosphère de liesse et de fête grâce à des solennités qui en perpétuent non seulement le souvenir, mais qui nous permettent d’approfondir le grand mystère du Christ qui, dans la Pâque de la résurrection a atteint son point culminant.

Parmi ces solennités, celle du Corps et du Sang du Seigneur domine toutes les autres. C’est une fête très sentie par la piété populaire et qui veut nous rendre de plus en plus conscients du grand mystère de l’amour que Dieu a transmis aux hommes, allant jusqu’à se faire nourriture pour nous tous.

Cette fête fut instituée par le Pape Urbain IV qui l’étendit en 1264 à toute l’Eglise universelle à la suite de l’extraordinaire miracle eucharistique de Bolsena.

En réalité, cet événement prodigieux fut simplement un stimulus, une provocation presque providentielle qui fit surgir ce qui avait mûri depuis longtemps dans la conscience du peuple chrétien, un besoin profond :

-         d’exprimer sa stupeur face à ce don ineffable de Dieu : la Très Sainte Eucharistie ;

-         de se plonger dans une profonde méditation afin d’apprécier un mystère qui constitue la synthèse  de la foi chrétienne ;

-         de manifester de la manière la plus solennelle sa joie pour la réalité de la présence royale et sacrificielle du Christ ;

-         de proclamer un accueil total à Celui qui, grâce au sacrifice eucharistique, a voulu établir sa demeure parmi nous, se faire nourriture pour nous alimenter le long du parcours difficile de notre vie et, ainsi, rassasier cette faim de Dieu qu’au fond nous éprouvons tous.

La piété chrétienne a éprouvé le besoin d’une manifestation joyeuse et solennelle de foi à l’égard de Jésus eucharistique. Et, étant donné qu’on ne peut promouvoir une telle démonstration le Jeudi Saint – le jour où l’Eucharistie fut instituée, mais qui ouvre aussi le grand jour de la Passion – l’Eglise d’aujourd’hui, dans toute son universalité, lance un hymne de joie et conduit Jésus eucharistie dans les rues en Lui témoignant publiquement l’adoration et l’honneur qui Lui sont dus en tant qu’Il s’est donné lui-même comme viatique stable, nourriture vivante de nos âmes.

C’est à ces conclusions que nous  amènent les lectures de la liturgie de la Parole de ce jour. Elles nous montrent le mystère eucharistique sous le signe de ce pain et de ce vin offerts et transformés pour le salut des hommes.

La première lecture nous rappelle l’une des préfigurations les plus significatives du mystère eucharistique. En effet, dans le récit de la Genèse, c’est Melchisédech, roi de justice et de Salem (c’est-à-dire de paix), qui offre du pain et du vin à Abraham, l’homme des promesses de Dieu, et les accompagne d’une double bénédiction, à Abraham et à Dieu.

Le récit laisse entrevoir le signe d’une réalité finale où le Christ, roi de justice et de paix, s’offre au nouveau peuple de la promesse, et offre justice et paix, deux biens primaires de l’homme qui, dans le Nouveau Testament, sont surtout des dons spirituels et eschatologiques, sans exclure les volets historiques.

Dans les temps nouveaux, c’est l’Eucharistie qui est l’offrande du pain et du vin, c’est-à-dire la louange et l’action de grâces rendues au Père de la part de Jésus Christ, le seul et éternel prêtre, qui par le don de Soi achève également l’ultime et souveraine bénédiction de l’homme.

Elle est le signe de cette nouvelle et éternelle alliance conclue avec le Père céleste, et qui conduit au salut. En effet, en se nourrissant de son corps, on réalise la vie éternelle.

Dans le récit de l’Evangile, Saint Luc entrevoit, dans le miracle de la multiplication des pains et des poissons, un signe du pain nouveau. Jésus accomplit ce miracle, animé de compassion pour cette foule qui le suivait depuis plusieurs jours, une foule affamée de Sa parole au point d’en oublier la nourriture matérielle. Le Seigneur lui offre ainsi une nourriture abondante pour rassasier sa faim. Nous pouvons affirmer que Jésus entretenait déjà dans son cœur le dessein d’offrir aux hommes un pain différent, un pain apte à rétablir et à définir une intimité plus profonde entre Dieu et les hommes, un pain qui pouvait permettre à Dieu d’accéder librement aux hommes pour pénétrer en nos corps et amalgamer notre chair avec sa chair, notre sang avec son sang.

Comme s’il avait voulu confirmer ce dessein, Saint Luc raconte le miracle en indiquant les mêmes gestes que Jésus accomplira par la suite au cours de la dernière Cène.

Enfin, Saint Paul, dans la seconde lecture, rappelle les  paroles de Jésus et nous invite à répéter ce mémorial jusqu’à la venue du Seigneur, nous permettant ainsi d’exprimer toute notre fidélité à la volonté du Christ :

-         fidélité qui est mémoire, car elle est la représentation toujours actuelle du mystère du Christ, de Sa mort et de Sa résurrection ;

-         fidélité qui est communion, car en nous nourrissant de Son Corps nous nous mettons en communion avec le Ressuscité, créant sur terre ce lien avec le Christ, un lien semblable à celui qui s’établit entre le Père et le Fils ;

-         fidélité qui est espérance, car en nous nourrissant de l’Eucharistie, c’est Jésus Lui-même qui nous assure la vie éternelle.

 

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