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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Benoît XVI, Verbum Domini - Introduction

Publié par dominicanus sur 14 Novembre 2010, 03:18am

Catégories : #La vache qui rumine C 2010

 

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1. «La parole du Seigneur demeure pour toujours. Or cette Parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé» (1 P 1, 25; cf. Is 40, 8). Avec cette expression de la première Lettre de saint Pierre, qui reprend les paroles du prophète Isaïe, nous sommes placés face au Mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Cette Parole, qui demeure pour toujours, est entrée dans le temps. Dieu a prononcé sa Parole éternelle de façon humaine; son Verbe «s’est fait chair» (Jn 1, 14). C’est cela la Bonne Nouvelle. C’est l’annonce qui traverse les siècles, pour arriver jusqu’à nous aujourd’hui. La XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, célébrée au Vatican du 5 au 26 octobre 2008, a eu pour thème La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. Ce fut une profonde expérience de rencontre avec le Christ, Verbe du Père, qui est présent là où deux ou trois sont réunis en son nom (cf. Mt 18, 20). Par cette Exhortation apostolique post-synodale, j’accueille volontiers la demande des Pères de faire connaître au Peuple de Dieu tout entier la richesse ressortie des assises vaticanes et les indications exprimées dans le travail commun.[1] Dans cette perspective, j’entends reprendre tout ce qui a été élaboré par le Synode, tenant compte des documents présentés: les Lineamenta, l’Instrumentum laboris, les Relations ante et post disceptationem et le texte des interventions, lues en séance et in scriptis, les comptes rendus des groupes de travail et de leurs échanges, le Message de conclusion adressé au Peuple de Dieu et surtout certaines propositions spécifiques (Propositiones) que les Pères ont retenues comme étant d’un intérêt particulier. De cette façon, je désire indiquer quelques lignes fondamentales pour une redécouverte, dans la vie de l’Église, de la Parole divine, source de renouvellement constant, souhaitant en même temps qu’elle devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale.


Pour que notre joie soit parfaite

2. Je voudrais avant tout faire mémoire de la beauté attrayante de la rencontre renouvelée avec le Seigneur Jésus expérimentée au cours de l’Assemblée synodale. Pour cela, faisant écho à la voix des Pères, je m’adresse à tous les fidèles avec les paroles de saint Jean dans sa première Lettre: «Nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ» (1 Jn 1, 2-3). L’Apôtre utilise les verbes entendre, voir, toucher et contempler (cf. 1 Jn 1, 1) le Verbe de Vie, puisque la Vie elle-même s’est manifestée dans le Christ. Et nous qui sommes appelés à la communion avec Dieu et entre nous, nous devons être des messagers de ce don. Dans cette perspective kérygmatique, l’Assemblée synodale a été pour l’Église et pour le monde un témoignage de la beauté de la rencontre avec la Parole de Dieu dans la communion ecclésiale. Par conséquent, j’exhorte tous les fidèles à refaire l’expérience de la rencontre personnelle et communautaire avec le Christ, Verbe de Vie qui s’est rendu visible, et à s’en faire les messagers pour que le don de la vie divine, la communion, s’étende toujours davantage dans le monde entier. En effet, participer à la vie de Dieu, Trinité d’Amour, est plénitude de joie (cf. 1 Jn 1, 4). Et c’est un don et une tâche incontournable de l’Église de communiquer la joie qui vient de la rencontre avec la Personne du Christ, Parole de Dieu présente au milieu de nous. Dans un monde qui souvent considère Dieu comme superflu ou lointain, nous confessons comme Pierre que lui seul a «les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68). Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci: ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).


De «Dei Verbum» au Synode sur la Parole de Dieu

3. Avec la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques sur la Parole de Dieu, nous sommes conscients d’avoir pris pour thème, en un certain sens, le cœur même de la vie chrétienne, en continuité avec la précédente Assemblée synodale sur l’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. En effet, l’Église est fondée sur la Parole de Dieu, elle en naît et en vit.[2] Tout au long des siècles de son histoire, le Peuple de Dieu a toujours trouvé en elle sa force et aujourd’hui encore la communauté ecclésiale grandit dans l’écoute, dans la célébration et dans l’étude de la Parole de Dieu. On doit reconnaître qu’au cours des dernières décennies la sensibilité de la vie ecclésiale sur ce thème s’est accrue, avec une attention particulière à la Révélation chrétienne, à la Tradition vivante et à la Sainte Écriture. À partir du pontificat du Pape Léon XIII, il y a eu un crescendo d’interventions tendant à faire prendre une plus grande conscience de l’importance de la Parole de Dieu et des études bibliques dans la vie de l’Église,[3] et qui a culminé avec le Concile Vatican II, de façon particulière avec la promulgation de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum. Elle représente une borne milliaire sur le chemin ecclésial: «Les Pères synodaux reconnaissent avec gratitude les grands bénéfices apportés par ce document à la vie de l’Église, au point de vue exégétique, théologique, spirituel, pastoral et œcuménique».[4] Au cours de ces années, la conscience de «l’horizon trinitaire, historique et salvifique de la Révélation»[5] et la reconnaissance de Jésus-Christ, comme «le médiateur et la plénitude de toute la Révélation»[6] ont particulièrement grandi. L’Église confesse sans cesse à toutes les générations que le Christ, «par toute sa présence et par toute la manifestation de lui-même, par ses paroles et ses œuvres, par ses signes et ses miracles, mais surtout par sa mort et sa Résurrection glorieuse d’entre les morts, enfin par l’envoi de l’Esprit de vérité, achève la Révélation en l’accomplissant».[7]


La grande impulsion que la Constitution dogmatique Dei Verbum a donnée à la redécouverte de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église, à la réflexion théologique sur la Révélation divine et à l’étude de la Sainte Écriture, est connue de tous. Nombreuses ont aussi été les interventions du Magistère ecclésial en ces matières au cours des quarante dernières années.[8] Avec la célébration de ce Synode, l’Église, dans la conscience de la continuité de son propre parcours sous la conduite de l’Esprit Saint, s’est sentie appelée à approfondir davantage le thème de la Parole divine, à la fois pour vérifier la mise en œuvre des indications conciliaires, et pour faire face aux nouveaux défis que le temps présent lance à ceux qui croient dans le Christ.


Le Synode des Évêques sur la Parole de Dieu

4. Durant la XIIe Assemblée synodale, des Pasteurs provenant du monde entier se sont réunis autour de la Parole de Dieu et ont symboliquement mis au centre de l’Assemblée le texte de la Bible pour redécouvrir ce que dans le quotidien nous risquons de considérer comme allant de soi: le fait que Dieu nous parle et répond à nos demandes.[9] Nous avons écouté et célébré ensemble la Parole du Seigneur. Nous nous sommes raconté mutuellement ce que le Seigneur accomplit au sein du Peuple de Dieu, partageant ses espérances et ses préoccupations. Tout cela nous a rendus conscients que nous ne pouvons approfondir notre relation avec la Parole de Dieu qu’à partir du «nous» de l’Église, dans l’écoute et dans l’accueil réciproque. De là, jaillit la gratitude pour les témoignages sur la vie ecclésiale dans les diverses régions du monde, qui ressortent des différentes interventions dans l’aula. De la même manière, il fut émouvant d’écouter les Délégués fraternels, qui ont accueilli l’invitation à participer à la rencontre synodale. Je pense en particulier à la méditation que nous a offerte Sa Sainteté Bartholoméos Ier, Patriarche œcuménique de Constantinople, pour laquelle les Pères synodaux ont exprimé une profonde reconnaissance.[10] En outre, pour la première fois, le Synode des Évêques a voulu inviter un Rabbin pour qu’il nous donne un précieux témoignage sur les Saintes Écritures juives, qui justement font partie de nos Saintes Écritures.[11]


Nous avons pu ainsi constater avec joie et gratitude que «dans l’Église, il existe une Pentecôte également aujourd’hui – c’est-à-dire qu’elle parle dans plusieurs langues. Non seulement extérieurement toutes les grandes langues du monde sont représentées en son sein, mais il y existe un sens plus profond encore: en elle, sont présents les multiples modes de l’expérience de Dieu et du monde, la richesse des cultures. Ce n’est qu’ainsi qu’apparaît toute l’étendue de l’existence humaine et, à partir d’elle, l’étendue de la Parole de Dieu».[12] Nous avons pu constater aussi que la Pentecôte est encore ‘en chemin’; différents peuples attendent encore que la Parole de Dieu soit annoncée dans leur langue et dans leur culture.


Ensuite, comment ne pas se souvenir que, durant tout le Synode, le témoignage de l’Apôtre Paul nous a accompagnés! Il a été providentiel, en effet, que la XIIe Assemblée générale ordinaire se soit tenue au cours de l’année consacrée à la figure du grand Apôtre des Gentils, à l’occasion du bimillénaire de sa naissance. Son existence a été totalement caractérisée par le zèle pour la diffusion de la Parole de Dieu. Comment ne pas entendre dans notre cœur l’écho de ses paroles vibrantes se référant à sa mission de messager de la Parole divine: «tout cela, je le fais à cause de l’Évangile» (1Co 9, 23);


«Je n’ai pas honte d’être au service de l’Évangile – écrit-il dans la Lettre aux Romains – car il est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui est devenu croyant» (1, 16). Quand nous réfléchissons sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, nous ne pouvons pas ne pas penser à saint Paul et à sa vie donnée pour faire entendre à tous l’annonce du salut du Christ.


Le Prologue de l’Évangile de Jean comme guide

5. Par cette Exhortation apostolique, je désire que les acquis du Synode influencent efficacement la vie de l’Église: dans la relation personnelle avec les Saintes Écritures, dans leur interprétation au cours de la liturgie et dans la catéchèse, de même que dans la recherche scientifique, afin que la Bible ne demeure pas une Parole du passé, mais une Parole vivante et actuelle. Dans ce but j’entends présenter et approfondir les résultats du Synode en faisant une référence constante au Prologue de l’Évangile de Jean (Jn 1, 1-18), dans lequel nous est communiqué le fondement de notre vie: le Verbe, qui depuis le commencement est auprès de Dieu, s’est fait chair et a habité parmi nous (cf. Jn 1, 14). Il s’agit d’un texte admirable, qui offre une synthèse de toute la foi chrétienne. De cette expérience personnelle que fut pour lui la rencontre du Christ et l’engagement à sa suite, Jean, que la Tradition identifie au «disciple que Jésus aimait» (Jn 13, 23; 20, 2; 21, 7.20), «a tiré une certitude intime : Jésus est la Sagesse de Dieu incarnée, il est sa Parole éternelle qui s’est faite homme sujet à la mort».[13] Que celui qui «vit et crut» (Jn 20, 8) nous aide nous aussi à appuyer notre tête sur la poitrine du Christ (cf. Jn 13, 25), d’où ont jailli du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34), symboles des Sacrements de l’Église. Suivant l’exemple de l’Apôtre Jean et des autres auteurs inspirés, laissons-nous guider par l’Esprit Saint afin de pouvoir aimer toujours plus la Parole de Dieu.



 

 

[1]  Cf. Proposition 1.
[2]  Cf. XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, Instrumentum laboris, n. 27.
[3]  Cf. Léon XIII, Lett. enc. Providentissimus Deus (18 novembre 1893): ASS (1893-94), 269-292; Benoît XV, Lett. enc. Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920): AAS 12 (1920), pp. 385-422; Pie XII, Lett. enc. Divino afflante Spiritu (30 septembre 1943): AAS 35 (1943), pp. 297-325.
[4] Proposition 2.
[5] Ibidem.
[6]  Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 2 (Traduction française tirée de Les Conciles œcuméniques, tome 2, Cerf, Paris, 1994).
[7] Ibidem, n. 4.
[8]  Cf. Parmi les interventions de diverses natures on rappellera: Paul VI, Lett. Apost. Summi Dei Verbum (4 novembre 1963): AAS 55 (1963), pp. 979-995; idem, Motu proprio Sedula cura (27 juin 1971) AAS 63 (1971), pp. 665-669; Jean-Paul II, Audience générale (1° mai 1985): L’Osservatore Romano en langue française (par la suite L’ORf ), 2-3 mai 1985, p. 12; Id., Discours sur l’interprétation de la Bible dans l’Église (23 avril 1993) AAS 86 (1994), pp. 232-242: La Documentation catholique (par la suite La DC ) n. 2073, p. 503; Benoît XVI, Audience au Congrès pour le 40ème anniversaire de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine (16 septembre 2005): AAS 97 (2005), p. 957, L’ORf, 20 septembre 2005, p. 3; Id., Angelus
(6 novembre 2005): L’ORf, 8 novembre 2005, p. 1. Il faut aussi rappeler les interventions de la Commission Biblique Pontificale, De sacra Scriptura et christologia (1984): Ench. Vat. 9.
n. 1208-1339; Unité et diversité dans l’Église (11 avril 1988): Ench. Vat. 11. n. 544-643; L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993): Ench. Vat. 13. n. 2846-3150; Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24 mai 2001): Ench. Vat. 20.
n. 733-1150; Bible et morale. Racines bibliques de l’agir chrétien (11 mai 2008), Città del Vaticano 2008.
[9]  Cf. Benoît XVI, Discours à la Curie romaine (22 décembre 2008): AAS 101 (2009), p. 49; L’ORf, 23/30 décembre 2008, p. 3.
[10]  Cf. Proposition 37.
[11]  Cf. Commission Biblique Pontificale, Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24 mai 2001) : Ench. Vat. 20. n. 733-1150.
[12]  Benoît XVI, Discours à la Curie romaine (22 décembre 2008): AAS 101 (2009) p. 50; L’ORf, 23/30 décembre 2008, p. 4.
[13]  Cf. Benoît XVI, Angelus (4 janvier 2009): L’ORf, 6 janvier 2009, p. 7.

 

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