Au Paradis, tous les saints s’affolent,
les demandes ne cessent d’affluer,
mais voilà, Dieu est parti en vacances
sans laisser ses coordonnées.
Où donc est-il allé cette année ?
Peut-être au même endroit que l’année passée …
Au camp, près du benjamin
qui n’a vu personne le jour de la visite des parents.
Chez l’enfant qui passe un mois chez papa, un mois
chez maman et pour qui toute joie des retrouvailles
contient un déchirement.
Au détour d’une rue à la rencontre des jeunes qui n’ont
pas d’autre horizon que la grisaille du quartier.
Au chevet du malade cloué à l’hôpital, de l’accidenté de
la route victime d’un vacancier pressé.
Visiter la personne âgée dont les enfants sont partis.
Encourager l’étudiant débordé par sa seconde session.
Dans les familles surendettées
qui n’ont pas le loisir de voyager.
Mais aussi dans le silence des retraites,
l’accompagnement des malades,
des pèlerinages, l’appel de la montagne, la découverte
de la nature, la pauvreté de chaque église dépeuplée,
les moments d’amitié partagée …
Voilà ! Si tu veux le rencontrer, tu sais où le trouver !
La solennité de la Nativité de saint Jean-Baptiste est une fête très ancienne qui remonte au 4e siècle.
C'est l'occasion pour nous de rencontrer Dieu en vacances ... dans le ventre des femmes enceintes, et bien sûr aussi chez celles qui viennent d'accoucher (et qui présentent leurs enfants au baptême). Quelles belles vacances ! Seulement, ces vacances qui s'annoncent si belles, voilà qu'elles tournent à la tragédie très fréquemment.
Imaginez la tête de Zacharie s'il apprenait quelques semaines après la conception qu'Élisabeth, son épouse, a décidé d'avorter. Vu son grand âge... Imaginez l'immense chagrin de Marie si elle apprenait en arrivant chez sa cousine que celle-ci avait fait une "IVG". Elle avait pensé ne pas pouvoir assumer la charge d'un enfant... Élisabeth ne l'a pas fait. Mais combien de femmes, dans des situations souvent moins critiques, l'ont fait, et le font encore.
Alors, doctement, on discute pour savoir si l'embryon est une personne humaine. En France la Cour de Cassation a ainsi décidé, le 29 juin 2001, qu'un foetus de six mois, tué dans un accident de la route, ne pouvait pas être considéré comme une personne humaine. Cet arrêt va dans le sens de ceux qui prétendent que les embryons et les foetus ne sont pas des personnes dès le début de leur vie, mais le deviennent à tel ou tel moment de leur développement.
Certains, à la suite du professeur Frydman, lient ce devenir au "projet parental": un embryon devient personne au moment où ses parents ont le projet d'en faire une personne. Sans ce projet, l'embryon est une chose qui peut être traitée comme telle.
Le comble de l'horreur est la position de la Cour suprême des Etats-Unis qui a décidé que c'est la naissance qui décide du caractère humain de l'enfant. Tant que la tête de l'enfant est dans le ventre de sa mère, il n'est pas une personne. D'où l'autorisation de cette forme monstrueuse d'avortement réalisé sur des enfants à la veille de la naissance. Grâce à une injection donnant la mort, le cerveau est aspiré pour que soit diminuée la dimension de la tête et que puisse être extraite la totalité de l'enfant.
Tel professeur va plus loin. Il revendique le droit d'éliminer le bébé né handicapé. La naissance n'est même plus la frontière de l'humanité de l'enfant. L'avortement devient une "euthanasie néonatale", selon l'expression de ce chercheur, une euthanasie du nouveau-né. L'infanticide se trouve justifié lorsque l'enfant est passé à travers les mailles des différents diagnostics avant la naissance.
Mais nous ne sommes pas encore au bout de notre étonnement. Un penseur australien met sur le même pied les embryons humains et les embryons animaux. Il n'y a pas plus de problème à éliminer les embryons humains que les embryons animaux. Défendre les droits de l'homme, c'est se rendre coupable de racisme à l'encontre des autres créatures.
Un autre chercheur estime que si l'on accorde les droits humains aux handicapés, il faut les accorder aussi à certains animaux.
Que l'on se souvienne que de telles discussions se sont tenues à propos des esclaves. Alors que l'on décrète aujourd'hui que l'esclavage est un crime contre l'humanité, alors que l'on célèbre à des dates diverses l'abolition de l'esclavage, pourquoi répéter les mêmes erreurs? Pourquoi se rendre coupable de comportements que l'on critique à d'autres époques?
D'une manière prophétique, l'Église demeure pratiquement le seul lieu où la vie innocente est défendue de manière ininterrompue et inconditionnelle, même en cas de viol, même si la vie de la mère est mise en danger par l'accouchement, même si l'enfant présente des signes d'un handicap très lourd. L'Église le considère comme tellement important qu'elle s'en fait un devoir:
"À long terme"... Alors qu'à court terme ce sont ceux qui proclament la vérité qu'on accuse de vider les églises et de chasser les paroissiens:
L’enseignement de l’Écriture nous dit clairement que la destruction d’une vie innocente dans le sein maternel est contraire à la loi de Dieu, à la nature même de Dieu, et à la vie chrétienne. Ceci peut être mis en évidence en mettant l’accent sur différents thèmes abordés dans la Bible.
1. Dieu est maître de la vie humaine. Ce thème apparaît dans le récit de la création de même que dans n’importe quel passage déclarant que Dieu est le Seigneur de l’univers. Puisque Dieu nous a créés, notre vie et notre corps ne sont pas notre propriété absolue, et notre liberté de choix n’est pas non plus absolue. De plus, un parent n’est pas "propriétaire" de son enfant. Ajoutons que la création de l’homme et de la femme à l’image de Dieu fait de la personne humaine un être distinct de toute autre forme de vie.
2. Dieu interdit explicitement le meurtre de l’innocent. Cette loi est exprimée non seulement dans les dix commandements mais par les nombreuses condamnations des sacrifices d’enfants dans l’Ancien Testament. Cette pratique ne violait pas seulement le cinquième commandement mais aussi le premier. Elle a finalement été la cause de l’exil.
3. La relation de Dieu avec l’enfant dans le sein de la mère. Différents passages montrent que Dieu forme l’enfant dans le sein maternel et établit une relation avec cet enfant pour le préparer à une mission dans le monde. Saint Jean Baptiste en est un exemple éminent.
4. La justice de Dieu. La "justice" dans les Écritures signifie une intervention en faveur des faibles et des désarmés. Dieu nous commande de "faire justice". Sans cela, notre culte n’a pas de sens. L'embryon représente l'être humain dans ce qu'il est de plus désarmé.
5. Le Christ est la vie. Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, Dieu intervient pour donner la vie à son peuple. La victoire de la vie sur le péché et la mort est un thème qui revient sans cesse dans l’Écriture. Dieu n’a pas fait la mort et, à la fin, la mort sera engloutie à jamais.
6. Nous sommes appelés à aimer. L’amour dans les Écritures n’est pas un simple sentiment. Nous l’apprenons par l’intervention salvatrice du Christ en notre faveur. Nous aimons à notre tour en intervenant pour aider nos frères et nos sœurs dans le besoin. Ainsi, c’est l’amour qui nourrit le mouvement pour le respect de la vie. L’amour nous commande d’agir pour sauver les bébés et venir en aide aux femmes pour qu’elles choisissent de donner la vie. L’amour exige également que nous aidions les femmes qui ont eu un avortement afin qu’elles trouvent le pardon, la guérison et la paix. Si l’action pro-vie n’est pas un mouvement d’amour, elle n’est rien du tout. Mais si c’est un mouvement d’amour, alors rien ne l’arrêtera, car "l’amour est plus fort que la mort" (Ct 8, 6).
C’est sur cette question que nous serons jugés par l’histoire. Quand les historiens porteront un regard sur les gens de notre époque, comme ceux d'aujourd'hui portent un regard sur le temps de l'esclavage, pour constater l’incroyable perte, chaque année en France, de 250 000 vies humaines par avortement provoqué, quel sera leur verdict ? Que penseront-ils de nous ? Diront-ils que nous étions des poltrons qui ont eu peur de parler et d'agir, ou pourront-ils dire que nous avons été de vrais chrétiens qui n’ont pas gardé le silence, comme au temps de l'esclavage il y a eu des chrétiens pour condamner cette pratique abominable mais parfaitement légale ?
Certains nous disent: "Père, nous qui venons à l’église, nous n’avons pas besoin d’entendre ces choses. Ceux qui ont beson de l'entendre, ce sont les gens qui sont ne sont pas là". Très bien, alors, allez le leur dire ! Aimons Jean Baptiste ! Aimons Zacharie et Élisabeth ! Aimons les bébés, aimons les parents et aimons le Christ qui nous appelle tous à la VIE. Amen.