Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, il leva les yeux au ciel, les bénit, les rompit et les donna aux apôtres afin qu'ils les distribuent au peuple (cf. Lc 9, 16). Tous - observe saint Luc - mangèrent et furent rassasiés et douze couffins de morceaux furent même recueillis (cf. ibid., 17).
Il s'agit d'un prodige surprenant, qui constitue comme le début d'un long processus historique: la multiplication sans arrêt dans l'Eglise du Pain de vie nouvelle pour les hommes de toute race et de toute culture. Ce ministère sacramentel est confié aux Apôtres et à leurs successeurs. Et eux, fidèles à la consigne du divin Maître, ne cessent de rompre et de distribuer le Pain eucharistique de génération en génération.
Le Peuple de Dieu le reçoit avec une participation dévouée. De ce Pain de vie, médecine d'immortalité, se sont nourris d'innombrables saints et martyrs, en y puisant la force pour résister également aux dures et longues tribulations. Ils ont cru aux paroles que Jésus prononça un jour à Capharnaüm: "Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mange ce pain vivra à jamais" (Jn 6, 51).
4. "Je suis le pain vivant, descendu du ciel!".
Après avoir contemplé l'extraordinaire triptyque eucharistique, constitué par les Lectures d'aujourd'hui, fixons à présent les yeux de l'esprit directement sur le mystère. Jésus se définit "le Pain de la vie", et ajoute: "Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde" (Jn 6, 51).
Mystère de notre salut! Le Christ - unique Seigneur hier, aujourd'hui et à jamais - a voulu lier sa présence salvifique dans le monde et dans l'histoire au sacrement de l'Eucharistie. Il a voulu devenir pain rompu, afin que chaque homme puisse se nourrir de sa vie même, à travers la participation au Sacrement de son Corps et de son Sang.
Comme les disciples, qui écoutèrent stupéfaits son discours à Capharnaüm, nous aussi nous ressentons que ce langage n'est pas facile à comprendre (cf. Jn 6, 60). Nous pourrions parfois être tentés d'en donner une interprétation réductrice. Mais cela nous éloignerait du Christ, comme cela a lieu pour les disciples qui "dès lors [...] n'allaient plus avec lui" (Jn 6, 66).
Nous voulons rester avec le Christ, et pour cela nous Lui disons avec Pierre: "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6, 68). Avec la même conviction que Pierre, nous nous agenouillons aujourd'hui devant le Sacrement de l'autel et nous renouvelons notre profession de foi dans la présence réelle du Christ.
Telle est la signification de la célébration d'aujourd'hui que le Congrès eucharistique international, en l'Année du grand Jubilé, met en évidence avec une force particulière. Tel est également le sens de la procession solennelle qui, comme chaque année, se déroulera d'ici peu de cette place jusqu'à la Basilique Sainte-Marie-Majeure.
Avec une humble fierté, nous escorterons le Sacrement eucharistique le long des rues de la ville, auprès des immeubles où les personnes vivent, se réjouissent et souffrent; parmi les magasins et les usines dans lesquels se déroule l'activité quotidienne. Nous le mettrons en contact avec notre vie menacée par mille dangers, opprimée par des préoccupations et des peines, et sujette à la lente mais inexorable usure du temps.
Nous l'escorterons en élevant vers Lui l'hommage de nos chants et de nos prières: "Bone Pastor, panis vere... Bon Pasteur, véritable pain - lui dirons-nous avec confiance - ô Jésus, prends pitié de nous, / nourris-nous et défends-nous, / conduis-nous aux biens éternels.
Toi qui sais et peux tout, / qui nous nourris sur terre, / conduis tes frères / à la table du ciel / dans la joie de tes saints".
Amen!