VISITATION DE LA VIERGE MARIE. Fête
So 3,14-18a ou Rm 12, 9-16b ; Ct Is 12 ; Lc 1,39-56
33. Le contour de l'existence chrétienne, appelée à être à chaque instant un culte spirituel et une offrande de soi agréable à Dieu, émerge dans son ensemble du rapport entre l'Eucharistie et les autres sacrements, et de la signification eschatologique des saints Mystères. Et s'il est vrai que nous sommes tous encore en chemin vers le plein accomplissement de notre espérance, cela n'enlève pas qu'on puisse reconnaître dès maintenant avec gratitude que ce que Dieu nous a donné trouve sa parfaite réalisation dans la Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère: son Assomption au ciel, corps et âme, est pour nous signe d'espérance certaine, en tant qu'elle nous montre à nous, pèlerins dans le temps, le but eschatologique que le sacrement de l'Eucharistie nous fait goûter dès maintenant.
En Marie très sainte nous voyons aussi parfaitement actualisée la modalité sacramentelle par laquelle Dieu rejoint et engage la créature humaine dans son initiative salvifique. De l'Annonciation à la Pentecôte, Marie de Nazareth apparaît comme la personne dont la liberté est totalement disponible à la volonté de Dieu. Son Immaculée Conception se révèle précisément dans sa docilité inconditionnelle à la Parole divine. La foi obéissante est la forme que sa vie assume en chaque instant devant l'action de Dieu. Vierge à l'écoute, elle vit en pleine syntonie avec la volonté divine; elle garde dans son cœur les paroles qui lui viennent de Dieu et, les ordonnant comme dans une mosaïque, elle se prépare à les comprendre plus profondément (cf. Lc 2, 19.51); Marie est la grande Croyante qui, pleine de confiance, se met entre les mains de Dieu, s'abandonnant à sa volonté. (102) Ce mystère s'intensifie jusqu'à parvenir à son plein achèvement dans la mission rédemptrice de Jésus. Comme l'a affirmé le Concile Vatican II, « la bienheureuse Vierge, elle aussi, avança dans son pèlerinage de foi, et elle a gardé fidèlement son union avec son Fils jusqu'à la croix, au pied de laquelle, non sans un dessein divin, elle se tint debout (cf. Jn 19, 25), compatissant vivement avec son Fils unique, s'associant d'un cœur maternel à son sacrifice et donnant le consentement de son amour à l'immolation de la victime née d'elle; et finalement, elle a été donnée par le Christ Jésus lui-même, mourant sur la croix, comme mère au disciple, par ces paroles: “Femme, voici ton fils” ». (103) De l'Annonciation à la Croix, Marie est celle qui accueille la Parole faite chair en elle et qui va jusqu'à se taire dans le silence de la mort. C'est elle, enfin, qui reçoit dans ses bras le corps livré, désormais inanimé, de Celui qui vraiment a aimé les siens « jusqu'au bout » (Jn 13, 1).
C'est pourquoi, chaque fois que dans la liturgie eucharistique nous nous approchons du Corps et du Sang du Christ, nous nous tournons également vers elle qui a accueilli pour toute l'Église le sacrifice du Christ, en y adhérant pleinement. Les Pères synodaux ont justement affirmé que « Marie inaugure la participation de l'Église au sacrifice du Rédempteur ». (104) Elle est l'Immaculée qui accueille inconditionnellement le don de Dieu et, de cette façon, elle est associée à l'œuvre du salut. Marie de Nazareth, icône de l'Église naissante, nous montre que chacun de nous est appelé à accueillir le don que Jésus fait de lui-même dans l'Eucharistie.
(102) Cf. Benoît XVI, Homélie pour le 40(e) anniversaire de la clôture du Concile Vatican II (8 décembre 2005): AAS 98 (2006), pp. 14-19; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 66-69.
(103)Const. dogm. Lumen gentium, n. 58.
(104) Proposition 4.