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Publié par Walter Covens

Jésus selon saint Jean

Voici un troisième et avant-dernier extrait du livre de notre Saint-Père, à parâitre ce jeudi 24 mai dans sa traduction française. Le quatrième évangile fait l'objet d'une attention privilégiée de Joseph Ratzinger /Benoît XVI, qui y discerne un portrait spécifique du Christ

    «A travers ces passages, l’évangéliste nous fournit lui-même les indices déterminants quant à la composition de son évangile et quant à la vision dont il est issu. Il repose sur le souvenir du disciple qui est alors un “se souvenir ensemble” dans le “nous” communautaire de l’Église. Ce souvenir est une compréhension guidée par le Saint-Esprit.

    En se souvenant, le croyant entre dans la dimension profonde de ce qui est advenu et il voit ce qui tout d’abord n’était pas visible de l’extérieur. Mais par là, il ne s’éloigne pas de la réalité, il la comprend plus profondément et il voit ainsi la vérité qui se cache dans le fait. Dans le souvenir de l’Église, advient ce que le Seigneur avait prédit aux siens au Cénacle : “Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière” (Jn 16, 13).

    Ce que Jean dit dans son Évangile concernant le fait de se souvenir, qui devient compréhension et chemin vers “la vérité tout entière”, est très proche de ce que Luc rapporte à propos du souvenir de la mère de Jésus. En trois points du récit de l’enfance, Luc nous décrit le déroulement du “souvenir”. Tout d’abord dans le récit de l’Annonciation, par l’archange Gabriel, de la conception de Jésus, Luc nous dit que Marie fut très troublée par la salutation et qu’elle engagea un “dialogue” intérieur, se demandant ce que cela pouvait signifier.

    Les passages les plus importants se trouvent dans le récit sur l’adoration des bergers, où l’évangéliste nous dit : “Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur” (Lc 2, 19). À la fin du récit sur Jésus à l’âge de 12 ans, on lit encore : “Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements” (Lc 2, 51). La mémoire de Marie retient d’abord les événements dans le souvenir, mais elle est plus que cela. Elle est une fréquentation intérieure de l’événement. Ainsi, elle pénètre dans la dimension intérieure en voyant les choses dans leur contexte et en apprenant à les comprendre.

    C’est justement sur ce type de “souvenir” que repose l’Évangile de Jean qui approfondit plus encore la notion de mémoire en tant que mémoire du “nous” des disciples, mémoire de l’Église. Ce souvenir n’est pas seulement un processus psychologique ou intellectuel, c’est un événement pneumatique. Le souvenir de l’Église n’est justement pas quelque chose d’uniquement privé, il transcende la sphère de l’intelligence et du savoir humains. On est guidé par le Saint-Esprit qui nous montre le contexte de l’Écriture, le lien entre la Parole et la réalité, nous conduisant dans “la vérité tout entière”.

    Au fond, on trouve ici aussi des énoncés essentiels concernant la notion d’inspiration. L’Évangile provient de l’effort de remémoration humain et il présuppose la communauté de ceux qui se souviennent, dans ce cas très concrètement l’école johannique et auparavant la communauté des disciples. Mais comme l’auteur pense et écrit avec la mémoire de l’Église, le “nous” auquel il appartient est ouvert au-delà de l’individuel, il est, au plus profond, conduit par l’Esprit de Dieu qui est l’Esprit de Vérité. En ce sens, l’Évangile ouvre lui-même un chemin de compréhension, qui reste toujours lié à cette parole, mais qui peut et doit, de génération en génération, conduire toujours de nouveau dans les profondeurs de la vérité tout entière.

    Cela signifie que l’Évangile de Jean, en tant qu’“Évangile pneumatique”, ne fournit certainement pas une sorte de transcription sténographique des paroles et des activités de Jésus, mais que, en vertu de la compréhension née du souvenir, il nous accompagne, au-delà de l’aspect extérieur, jusque dans la profondeur des paroles et des événements, profondeur qui vient de Dieu et qui conduit vers Dieu. L’Évangile en tant que tel est une “remémoration” de ce genre, et cela signifie qu’il s’en tient à la réalité effective, et qu’il n’est pas une épopée sur Jésus, ni une violence faite aux événements historiques.

    Il nous montre plutôt réellement la personne de Jésus, comment il était et, précisément de cette manière, il nous montre Celui qui non seulement était, mais qui est ; Celui qui peut toujours dire au présent : “Je suis.” “Avant qu’Abraham ait existé, moi, JE SUIS” (Jn 8, 58). L’Évangile nous montre le vrai Jésus, et nous pouvons l’utiliser en toute confiance comme source sur Jésus. »

(Source: La Croix)
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