Ce sont les Français et les Françaises qui en ont décidé ainsi. Je ne dis pas que ne fût-ce qu'un seul des douze présents au premier tour correspondait à ce critére. Ce que je veux dire, c'est que, même s'ils ne sont pas très nombreux, il y a des hommes et des femmes de conviction et de foi qui ont le ferme et sincère désir de mettre en oeuvre une politique compatible avec la Personne et l'enseignement du Roi de l'Univers, mais qui ont renoncé à se présenter par réalisme, sachant qu'ils/elles ne franchiraient pas le premier tour, tout en risquant de favoriser, par le morcellement des votes, l'élection du candidat (de la candidate) au programme qui s'en éloigne le plus.
Je pense surtout à Mme Christine Boutin, fondatrice du Forum des Républicains Sociaux (FRS), et qui a choisi de soutenir Nicolas Sarkozy dès le début de la campagne présidentielle, alors qu'elle s'était présentée elle-même comme candidate aux élections d'il y a cinq ans. Elle vient d'être confirmée par Benoît XVI comme consulteur pour la famille auprès du Vatican.
Ce que je veux dire, c'est aussi que si une Christine Boutin a été acculée à prendre une telle décision, c'est parce que, décidément, les chrétiens de France ne voient pas (encore?) la relation entre la foi de leur baptême et leur comportement électoral. Ils ont choisi Jésus comme Roi (puisqu'ils ont été baptisés, et qu'ils viennent de renouveler solennellement les promesses de leur baptême durant la veillée pascale). Mais ils sont nombreux à faire partie de la majorité favorable à l'avortement, et ils portent au deuxième tour, voire à la présidence (?), une candidate favorable à l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels et à l'euthanasie dite active (sous conditions).
Une fatalité? Voire... Aux États-Unis, les chrétiens, sous la houlette notamment d'un certain nombre d'évêques, s'activent depuis 1975 pour renverser la tendance mortifère d'une opinion publique pourtant plus ultralibérale encore qu'en Europe. Chaque paroisse catholique y a été invitée à mettre en place un comité provie, en lien avec un comité diocésain. Des évêques ont multiplié les prises de position, en admonestant publiquement des hommes politiques se donnant pour catholiques tout en étant provavortement. Ils n'ont pas peur de leur refuser la communion, conformément aux directives romaines (*) et d'interdire leurs diocésains de voter pour eux.
Résultat: les questions éthiques font partie des thèmes incontournables dans les débats électoraux aux États-Unis, alors qu'en France, on n'en souffle mot, comme nous avons encore pu le constater lors du débat très médiatisé de mercredi dernier.
Pour plus de précisions je vous renvoie au livre que vient de publier Thierry Boutet: L'engagement des chrétiens en politique, Édtions Privat 2007, p. 153-156: le chapitre intitulé
L'expérience américaine
.* "Les politiciens qui favorisent l'avortement ne doivent pas communier et le prêtre doit leur refuser la communion." (Cardinal Francis Arinze, prfet de la Congrégation pour le culte divin, Zénit, 23 avril 2004).
NDLR: j'ai vérifié cette référence, mais je n'ai pas trouvé. Par contre, voyez le Cardinal Ratzinger, Mémorandum aux évêques américains à l'occasion des élections de 2004.