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Publié par Walter Covens

Réflexions conclusives

    Nous nous arrêterons ici, puisque l'objectif essentiel de nos réflexions a été atteint. Nous avons vu en effet que le Nouveau Testament, dans sa totalité, illustre d'une manière impressionnante la primauté de Pierre; nous avons vu que la formation de la Tradition et de l'Église a comme condition immanente la continuation de l'autorité suprême de Pierre à Rome. La primauté romaine n'est pas une invention des Papes mais un élément essentiel de l'unité de l'Église, qui remonte au Seigneur lui-même et qui s'est fidèlement développé dans l'Église naissante. Mais le Nouveau Testament nous montre quelque chose de plus que les aspects formels d'une structure: il nous montre aussi son essence intime. Il ne nous livre pas seulement des preuves documentaires mais il reste un critère et un but. Il nous indique la tension entre la pierre d'achoppement et le rocher; c'est précisément dans la disproportion entre les capacités humaines et la disposition divine que Dieu se laisse reconnaître comme celui qui est vraiment présent et à l'œuvre. Si l'appropriation d'une telle autorité par des hommes devait sans cesse faire surgir au cours des siècles - et non pas sans motifs - la peur d'un pouvoir humain arbitraire, cependant non seulement la promesse du Nouveau Testament mais aussi le parcours historique lui-même démontrent le contraire: la disproportion des hommes pour une telle fonction est si criante, si évidente, que précisément conférer cette fonction de roc à un homme indique clairement que ce ne sont pas les hommes qui soutiennent l'Église mais seulement celui qui le fait davantage malgré les hommes que par eux. Le mystère de la Croix n'est peut-être nulle part aussi présent, à l'évidence, que dans la réalité historico-ecclésiale de la primauté. Le fait que son centre soit constitué par le pardon est en même temps son présupposé et le signe de la nature particulière de la puissance de Dieu. Chacune des paroles bibliques sur la primauté reste ainsi, de génération en génération, une indication, une mesure, à laquelle nous devons toujours à nouveau nous plier. Si l'Église maintient sa foi en ces paroles, il ne s'agit pas de triomphalisme mais d'humilité, laquelle reconnaît, étonnée et reconnaissante, la victoire de Dieu sur la faiblesse humaine et en elle. Celui qui, par peur du triomphalisme ou du pouvoir humain arbitraire, enlève leur force à ces paroles, n'annonce pas du tout un Dieu plus grand, mais au contraire il rapetisse Dieu. Celui-ci manifeste en effet la puissance de son amour précisément dans le paradoxe de l'impuissance humaine et reste ainsi fidèle à la loi de l'histoire du salut. Donc, avec le même réalisme avec lequel nous admettons aujourd'hui les péchés des Papes, leur disproportion par rapport à la grandeur de leur ministère, nous devons également reconnaître que, toujours à nouveau, Pierre a été le roc contre les idéologies; contre la réduction de la Parole à ce qui est plausible à une époque déterminée; contre la soumission aux puissants de ce monde. En voyant cela dans les faits de l'histoire, nous ne célébrons pas des hommes mais nous louons le Seigneur qui n'abandonne pas l'Église et qui a voulu réaliser le fait d'être lui-même Rocher à travers Pierre, la petite pierre d'achoppement: ce ne sont pas « la chair et le sang » qui sauvent mais c'est le Seigneur qui sauve à travers ceux qui viennent de la chair et du sang. Nier cela n'est pas un plus dans la foi, ni non plus un plus dans l'humilité, mais plutôt un recul devant l'humilité, laquelle est en mesure de reconnaître la volonté de Dieu exactement telle qu'elle est. La promesse faite à Pierre et sa réalisation historique à Rome demeurent donc au plus profond un motif de joie toujours nouveau: les puissances de l'enfer ne prévaudront pas contre elle.
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