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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Benoît XVI, La non-violence chrétienne

Publié par Walter Covens sur 20 Février 2007, 20:16pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

    L’Évangile de ce dimanche contient l’une des paroles les plus typiques et les plus fortes de la prédication de Jésus: "Aimez vos ennemis" (Lc 6, 27). Elle est tirée de l’Évangile de Luc mais se trouve également dans celui de Matthieu (5, 44), dans le contexte du discours-programme qui s’ouvre avec les célèbres "Béatitudes". Jésus le prononça en Galilée, au début de sa vie publique, comme un "manifeste" présenté à tous, pour lequel il demande l’adhésion de ses disciples, en leur proposant son modèle de vie, en termes radicaux. Mais quel est le sens de cette parole? Pourquoi Jésus demande-t-il d’aimer ses ennemis, soit un amour qui dépasse les capacités humaines? En réalité, la proposition du Christ est réaliste car elle tient compte du fait que dans le monde il existe trop de violence, trop d’injustice, et que, par conséquent, on ne peut dépasser cette situation qu’en lui opposant un surplus d’amour, un surplus de bonté. Ce surplus vient de Dieu : c’est sa miséricorde, qui s’est faite chair en Jésus et qui seule peut "déséquilibrer" le monde du mal vers le bien, à partir de ce "monde" petit et décisif qu’est le cœur de l’homme.

    Ce passage évangélique est considéré à juste titre comme la "Magna Charta" de la non-violence chrétienne, qui ne consiste pas à se résigner au mal – selon une fausse interprétation du "tendre l’autre joue" (cf. Lc 6, 29) – mais à répondre au mal par le bien (cf. Rm 12, 17-21), en brisant ainsi le cercle vicieux de l’injustice. On comprend alors que la non-violence pour les chrétiens n’est pas un simple comportement tactique, mais bien une manière d’être de la personne, l’attitude de celui qui est tellement convaincu de l’amour de Dieu et de sa puissance qu’il n’a pas peur d’affronter le mal avec les seules armes de l’amour et de la vérité. L’amour de l’ennemi constitue le noyau de la "révolution chrétienne", une révolution qui n’est pas basée sur des stratégies de pouvoir économique, politique ou médiatique. La révolution de l’amour, un amour qui ne s’appuie pas en définitive sur les capacités humaines, mais qui est don de Dieu et s’obtient en faisant confiance uniquement et sans réserve à sa bonté miséricordieuse. Voilà la nouveauté de l’Évangile, qui change le monde sans faire de bruit. Voilà l’héroïsme des "petits" qui croient en l’amour de Dieu et le répandent, même au prix de leur vie.

    Chers frères et soeurs, le Carême, qui commencera mercredi prochain avec le rite des Cendres, est le temps favorable au cours duquel tous les chrétiens sont invités à se convertir toujours plus profondément à l’amour du Christ. Demandons à la Vierge Marie, disciple docile du Rédempteur, de nous aider à nous laisser conquérir sans réserve par cet amour, à apprendre à aimer comme Il nous a aimés, pour être miséricordieux comme est miséricordieux notre Père qui est aux cieux (cf. Lc 6, 36).

Angélus du 18 février 2007
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Traduction: Walter Covens
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