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Publié par Walter Covens

    Cette allégresse dans la souffrance, c'est-à-dire cette transvaluation de la souffrance, la noblesse de la souffrance est une chose inconnue du monde païen. Celui-ci l'évitait tant qu'il pouvait. Raïssa Maritain dira: L'attitude du paganisme en face de la souffrance, c'est de "se mettre en boule", comme le dit Marc-Aurèle, afin d'en recevoir le moins possible. Tandis que l'attitude chrétienne devant la souffrance, dit-elle, "c'est d'étendre les bras". Et cette noblesse de la souffrance, cette dignité de la souffrance, elle a été affirmée, dans notre âge contemporain, non pas par des théologiens, mais par des poètes, Léon Bloy par exemple: Un coeur qui n'a pas souffert a encore des régions de son être qui ne sont pas encore révélées. Ou bien Baudelaire:

"Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité."

    Quelle dignité, celui qui souffre dans la grandeur! c'est une dignité chrétienne. Cela, c'est une chose que le christianisme a introduite dans le monde. Baudelaire le dira encore:

"Vers le ciel, où son oeil voit un trône splendide,
Le poète serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux:

"Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la soufrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les fots aux saintes voluptés.

"Je sais que vous gardez une place au poète
Dans les rangs bienheureux des saintes légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

"Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers
Et qu'il faut, pour tresser la couronne mystique,
Imposer tous les temps et tous les univers."...

Bénédiction

    Il dira également:

... "Tout en haut de l'univers juché
Un ange sonne la victoire
De ceux dont le coeur dit: 'Que béni soit ton fouet,
Seigneur, que la douleur, ô Père soit bénie!'
Mon âme dans tes mains n'est pas un vain jouet      (j'aime bien cela)
Et ta grandeur est infinie".

L'imprévu

    C'est chrétien, ces choses-là.

Extrait d'une série de conférences sur les Lettres de Saint Pierre, donnée à Genève en 1974-1975
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