S. Bernard, Comment nous devons nous convertir au Seigneur (4)
17 4. Toutefois il faut bien se garder de mépriser même la conversion du corps,
attendu qu'elle n'est pas une preuve sans importance de la conversion du coeur. Voilà pourquoi, dans le passage que j'ai cité, le Seigneur, après avoir dit : «de tout votre coeur, » ajoute : «
dans le jeûne, » ce qui ne concerne que le corps. Mais à ce sujet, je veux que vous sachiez bien, mes frères, que vous devez jeûner non-seulement des aliments du corps, mais de tout ce qui flatte
la chair et de tout ce qui est un plaisir pour le corps. Je dis plus, vous devez jeûner plus rigoureusement de vices que de pain. Il est même un pain dont je ne veux pas que vous jeûniez jamais,
de peur que vous ne tombiez en défaillance le long du chemin ; et si vous ne savez de quel pain je veux parler, je vous dirai que c'est du pain de vos larmes, selon les paroles mêmes de mon
texte: « dans le jeûne, dans les larmes et les gémissements. » En effet, le regret de notre vie passée réclame de nous des gémissements, et le désir de la félicité future doit faire couler nos
larmes. Le Prophète a dit : « Mes larmes ont été mon pain le jour et la nuit, quand on me disait tous les jours, où est ton Dieu (Ps 41,4). » La nouveauté de cette vie a peu de
charmes pour celui qui ne gémit point sur le passé, qui ne déplore point les péchés qu'il a commis, et qui ne pleure point sur le temps perdu. Si vous ne pleurez point, c'est que vous ne sentez
pas les blessures de votre âme, les coups portés à votre conscience. De même vous ne ressentez pas un bien vif désir des joies futures si vous ne les appelez point tous les jours avec larmes, et
vous les connaissez bien peu, si votre âme ne refuse pas toute consolation jusqu'à ce qu'elle en jouisse.
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