Les Douze agissent comme Jésus
D'une certaine manière, les Douze agissent comme Jésus. Il est le pasteur, Pierre
et les apôtres le sont aussi. Ils doivent prêcher comme lui. Le Christ devra souffrir, ses disciples, eux aussi, seront persécutés. Le Christ mourra pour les siens et ses disciples doivent être
prêts à subir un sort identique. Leur tâche est d'être un autre Christ.
Comment comprendre la hiérarchie
Le monde critique et juge la hiérarchie de l'Église, dont les apôtres sont la
première expression. Il la voit comme un organe de gouvernement au pouvoir autoritaire, rigide, qui domine les fidèles, leur impose de renoncer à la raison pour croire uniquement ce qu'elle
pense et ne faire que ce qu'elle décide. On ne peut imaginer caricature plus lamentable de la merveilleuse réalité que Dieu a voulu susciter en appelant à l'être la hiérarchie de son
Église.
Il est vrai que certains hommes dans l'histoire nont pas dignement rempli leur
mission et ont même trahi l'Évangile, plus épris qu'ils furent de l'honneur dont ils se sentaient revêtus que du poids de leur responsabilité, envisageant leur fonction plus comme un pouvoir
que comme un service.
Mais ne sommes-nous pas tous pécheurs? Ne devons-nous pas avant tout nous juger
nous-mêmes? Si nous réfléchissons à cela nous verrons les apôtres et à leur suite les évêques avec davantage de sérénité en comprenant que leur seule vocation est d'être le Christ. La plus
grande partie des ministres que Dieu s'est choisi en vingt siècles a certainement tendu vers ce modèle. Si certains d'entre eux ont dévié de ce chemin, rappelons-nous que le Christ, sur cette
terre, n'a pu éviter la trahison de Judas. Chaque homme a été créé libre.
Nous devons nous employer de toutes nos forces à déraciner du monde cette idée
déformée qu'il a de la hiérarchie de l'Église afin qu'il puisse la voir telle qu'elle est : revêtue de la plus haute dignité, elle a des pouvoirs quasi divins qui sont au service des hommes
et de leur salut ; elle est un autre Christ.
Qui vous écoute, mécoute, Nouvelle Cité, Paris, 1978, p. 46-48